1919. Albert et Edouard sont deux rescapés de la guerre 14-18, amis au-delà de la vie, l'un ayant sauvé la vie de l'autre. Toutefois Edouard n'en est pas sorti indemne, un obus lui ayant arraché la mâchoire. Gueule cassée, il refuse de reprendre contact avec sa famille. . Il imagine une arnaque permettant de se venger de cette paix qui les a oubliés et de réaliser son rêve de partir aux colonies, entraînant dans son projet fou son acolyte.
Cette histoire mémorable de deux laissés pour compte de la grande guerre a valu à son auteur Pierre Lemaître le prix Goncourt en 2013. Chrsitian de Metter propose ici son adaptation en BD. Mais comment résumer un roman de près de 600 pages en quelques planches, 168 pages pour être exacte. Il faut faire des coupes, des choix. Le choix de ne garder que les évènements marquants qui font avancer l'intrigue par exemple. Pour moi, l'adaptation pâtit de ces choix nécessaires. Elle manque de coeur, de sentiment, l'action prévalant sur des détails subtils laissés de côté, détails qui donnaient toute sa force au roman. Que reste-t-il de la douleur, de la difficulté de s'adapter, de l'amitié indéfectible des deux êtres soudés à jamais, de la description fine des rapports familiaux ou conjugaux ? Trop peu à mon goût. De plus, je ne suis pas certaine que quelqu'un ne connaissant pas le roman réussirait à suivre tous les méandres de l'intrigue, je pense qu'il serait rapidement perdu.
Mais il faut reconnaître que les dessins rendent magnifiquement hommage au roman, en parfaite harmonie avec les personnages et les lieux. Le jeu des masques d'Edouard est admirablement rendu, parfait clin d'oeil à la verve créatrice de Edouard, lui même dessinateur refoulé.
Un bilan en demi-teinte pour cette adaptation...
Présentation de l'éditeur : Editions Rue de Sèvres
Au revoir là-haut, Pierre Lemaître et Christian De Metter, Rue de Sèvres, octobre 2015, 176 p., 22.50 euros
Merci à Marie du prix BD Fnac. .