Au cours de ces dernières années, les chercheurs ont acquis une meilleure compréhension de la machinerie moléculaire de la migration cellulaire. De nombreuses équipes de recherche travaillent sur les processus cellulaires de cicatrisation. Citons cette première étudede la Rice University qui explique comment les cellules épithéliales vont coordonner leurs mouvements de la berge vers le lit de la plaie pour couvrir puis guérir les lésions cutanées. Ou encore cette étude de la Harvard School of Public Health (HSPH) qui décrypte une propriété cellulaire collective, nommée « kenotaxis » ou la capacité des cellules à éviter l’obstacle en passant » au plus serré » tout en se tractant collectivement au plus près de l’obstacle pour combler le vide cellulaire et participer ainsi à la cicatrisation. Ou encore cette étude présentée dans la revue Nature Physics qui définit des modèles informatiques d’interactions mécaniques entre les cellules et montre, en particulier, comment une organisation cellulaire spécifique se met en place pour permettre la cicatrisation. L’objectif est non seulement de mieux comprendre les processus de cicatrisation mais plus largement, la migration cellulaire qui joue un rôle clé dans de nombreuses fonctions biologiques dont développement des organes ou la croissance tumorale.
Mais comment est orchestré ce système commun à tous les organismes vivants ?
Un ARN messager qui conduit la migration : Les cellules leaders expriment une forme d’ARN messager ou ARNm, un code génétique spécifique de la protéine Dll4 qui » émerge » à l’avant du peloton ou à la pointe de la migration. Les cellules leaders envoient alors des signaux aux cellules followers, qui elles n’expriment pas le messager génétique. Ce système autorégulateur reste actif jusqu’à recouvrement de la plaie.
Cicatrisation des plaies et ingénierie tissulaire, même principe ! Les mêmes processus de migration sont valables en médecine régénérative, mais sont aussi ceux de maladies, comme » dans » la propagation du cancer. C’est toujours une combinaison de force mécanique et de signalisation génétique qui stimule les mouvements cellulaires.
La protéine Dll4 est déjà suspectée de jouer un rôle clé dans la migration cellulaire collective. Mais cette étude décrypte pour la première fois sa fonction auprès des cellules leaders. Des données aux implications majeures non seulement pour la cicatrisation des plaies chroniques, comme les plaies diabétiques, mais aussi pour le traitement d’un grand nombre de maladies (accumulation de plaque dans les artères et maladie cardiaque, cancers) et bien sûr en médecine régénérative.
Source: Nature Communications 2015 DOI: 10.1038/ncomms7556 Notch1–Dll4 signalling and mechanical force regulate leader cell formation during collective cell migration (Visuel@Pak Wong, vignette@Mechanobiology Institute, National University of Singapore)
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