Un film de Jason Reitman (2010 - USA) avec George Clooney, Anna Kendrick, Vera Farmiga, Jason Bateman
Décevant.
L'histoire : Ryan sillonne les Etats-Unis et vit dans les avions et les hôtels d'aéroport. Son job : il annonce à des salariés leur licenciement et les modalités de celui-ci... à la place des patrons qui n'ont pas le courage de le faire eux-mêmes. Il essaie de faire son boulot aussi humainement que possible. Mais son chef embauche une jeune diplômée qui apporte avec elle une idée brillante : procéder de la même façon, mais avec Skype. Les coûts de transport et d'hôtel disparaîtront par enchantement et l'entreprise augmentera considérablement ses profits. Ryan n'est pas du tout séduit ; ce sera encore plus difficile à vivre pour les "victimes". Mais on lui rétorque qu'il faut vivre avec son temps ; après tout il n'est plus si jeune, il ferait mieux de s'adapter. On lui demande d'emmener la petite nouvelle en formation avec lui afin qu'elle connaisse le terrain. Bonne idée ! s'exclame Ryan ironiquement...
Mon avis : Je ne m'attendais pas du tout à ce que j'ai vu ! Je croyais qu'il s'agissait d'un film "social", dénonçant avec vivacité et mordant le monde du travail et les licenciements en pagaille qui jettent les gens dans des abîmes de souffrance et d'inquiétude. Mais, si c'est en effet la trame de fond, elle n'est évoquée qu'avec superficialité, au profit d'une romance peu intéressante et inaboutie elle aussi. Malgré le charme de George et de Vera.
Est-ce un film sur la société ou une comédie romantique ; qui ne serait pas vraiment romantique ? Mystère et boule de gomme.
Pour en revenir au thème des annonces de licenciement, si, si, ça se passe bien comme ça. Si ce n'est qu'on y met moins les formes que Ryan ! D'ailleurs en France, on utilise peu les agences "spécialisées". Ce sont les patrons, ou le numéro 2, qui s'y colle. Et souvent avec brutalité. Allez, je vous raconte mes 4 licenciements :
Pour le premier, et quinze jours après des entretiens individuels avec des cadres du siège où on a loué mon travail dans les grandes largeurs... les mêmes sont revenus en disant : "Bon, en fait on a deux postes de trop. Comme votre commercial est nul, on supprime le binôme." C'est ce qu'on appelle jeter le bébé avec l'eau du bain !
Pour le deuxième, le patron a déboulé un matin dans notre bureau à ma collègue et à moi. On savait bien qu'on n'avait de moins en moins de boulot, mais quand on posait des questions, on nous rassurait avec emphase. Et là, brutalement, à 9h00, le chef nous assène : "Les filles, j'en ai une en trop. Laquelle veut partir ? Vous me donnez votre réponse ce soir." OK...
Pour le troisième, réunion soudaine et imprévue de toute l'agence genre le 1er septembre, tout le monde venait de rentrer de vacances, tout frais, tout content. "Le siège a décidé de fermer. Vous recevrez votre lettre sous huit jours." Point barre. Efficace.
Pour la quatrième, toujours le matin, alors que j'allais dire bonjour à mon patron, il me dit avec un grand sourire narquois : "Ah, je vous attendais ! Nous avons décidé de nous passer de vos services. Inutile de faire votre préavis, vous partez quand vous voulez." J'ai pris la porte immédiatement en la claquant. Je précise que rien ne filtrait auparavant. Ils avaient transformé mon CDD en CDI quinze jours avant ! Mais apparemment ma tête ne revenait pas à l'assistante du chef. Elle n'arrêtait pas de dire que je n'étais pas assez rapide... alors que PERSONNE ne m'expliquait mon travail, je devais tout deviner toute seule au fur et à mesure, tout en répondant au téléphone qui sonnait toutes les 3 minutes. Je sais, j'ai compté. Dingue.
Alors le Ryan, il est vachement sympa, je trouve !
Est-ce pour ça que tout le monde a aimé ? Critiques élogieuses et 700.000 entrées France, rien que ça. Les professionnels, et le public, trouvent la description du monde du travail très juste et la critique acide ; moi j'ai surtout vu un bon pépère qui s'interroge mollement sur la moralité de son job et surtout sur la vacuité de sa vie amoureuse. Je cite à nouveau Les Cahiers (deviendrais-je une bobo-intello-bourge parisienne ?) : "In the air se sert cyniquement d'un sujet brûlant pour déguiser un film d'une affligeante banalité." J'adhère pleinement !
Et hop : encore un qui rentre dans mon Challenge, catégorie Film avec un acteur que j'adore.