Le récit raconte la destinée tragique d’un maître sabotier et de ses quintuplés rebelles, que l’on surnomme très vite les « cinq épateurs de Racleterre ». Après une première partie de diptyque qui posait le décor en débutant par la naissance simultanée des cinq enfants de la famille Tricotin, avant d’enchaîner les coups du sort qui s’abattent principalement sur le géniteur de la fratrie, cette suite confirme que les cinq ne sont pas vraiment nés sous une bonne étoile. Après le décès du père, c’est maintenant la maman, Apolline, qui tombe gravement malade, obligeant les quintuplés à être séparés au sein de plusieurs familles. Si c’est Charlemagne Tricotin, le petit dernier de la fratrie, qui est indéniablement le mieux loti en étant recueilli par sa marraine Dame Jacynthe, la vie de château n’est visiblement pas faite pour lui…
Si Clodomir, Pépin, Dagobert, Clotilde et Charlemagne s’étaient fait remarquer lors du tome précédent, c’est le petit dernier qui prend progressivement le dessus au fil des pages. Malgré un zozotement qui a tendance à quelque peu gâcher le plaisir de lecture, le côté rebelle de ce gamin capable de communiquer avec les animaux et qui fait tout son possible pour retrouver sa famille, ne manque pas de séduire. La dernière page du récit abandonne cependant le lecteur avec un petit goût de trop peu, car il aimerait bien connaître la suite des aventures de Charlemagne et la destinée de ses frères et de sa sœur sans devoir lire le roman de Michel Folco…
En espérant que les auteurs nous proposent un jour une suite, je vous invite donc à découvrir cet excellent drame campagnard qui se déroule à la fin du XVIIIème siècle, dans le petit village de Racleterre en Rouergue, et qui plonge le lecteur dans un contexte historique et social très intéressant. L’utilisation du « vieux français » renforce encore le réalisme de cet ancrage historique et augmente le charme de cette restitution des us et des croyances de la vie de l’époque. Visuellement, le dessinateur italien, qui n’en est pas à sa première collaboration avec Pierre Makyo (Le vent des Khazars), contribue également à la restitution réussie de cette France féodale de la fin du XVIIIe siècle. Outre le travail détaillé sur les décors et les costumes, Frederico Nardo livre également des personnages particulièrement attachants et expressifs. J’aime beaucoup son dessin !
Un bon diptyque… en espérant que les auteurs livrent un jour la suite du récit.