Michel Delpech vient de nous quitter, ce samedi 2 janvier, à l’âge de 69 ans. Michel c’est mon enfance et les années 60. Un petit tout chez Laurette suggérée d’une voix de velours sur les ondes d’Europe 1. Un enchantement qui fleurit mon jardin imaginaire sur le chemin de l’école. Puis vient la fin des années 60, au plein cœur des 30 glorieuses. Sort du cœur de la jeunesse tumultueuse un Mai 68 et son cortège de grèves. En septembre de cette année-là le premier festival de l’île de Wight en appellera deux autres (1969 et 1970). C’est l’air du temps que chante alors Michel (Wight is Wight – 1969). Un hymne à la jeune génération qui veut bouleverser les usages comme une fleur avant la saison, comme une pluie de papillons à laquelle on n’a jamais cru. Michel c’est le début de l’adolescence. Un petit 45 tours qui tourne sans cesse à en craquer de souffrance. J’ai 12 ans et j’apprends le mot flirt, une invitation anglo-saxonne que je saurai alors comprendre et appliquer. Michel c’est un peintre des grandes problématiques de l’humanité et qui redonne à la variété ses lettres de noblesses. Il dépeint les divorcés (1973) après la séparation avec la mère de ses deux enfants. Une rupture qui ne le laissera pas indemne. La longue dépression le guette et il cherchera à l’éradiquer au fil de longues promenades, avec son épagneul, le temps d’observer le passage des oies sauvages. Bien avant d’être mises en vedette par Jean Jacques Annaud les splendides créatures partent vers le midi, la Méditerranée. Et Michel a tant envie de les accompagner au bout de leur voyage. Quitter un moment cette Marianne dont il chantera pourtant l’existence (1973) de sa naissance au jardin des fleurs de lys jusqu’à son cinquième enfant que tente encore d’élever un certain François Hollande. Mais fatigué et rattrapé par la maladie il va s’éteindre « doucement » sans réaliser ses rêves : fêter les adieux de Sylvie Vartan (Quand j’étais chanteur – 1975). Pour lui, il y a longtemps que c’est fini et il n’a plus le goût de repartir dans le Loir-et-Cher, marcher dans la boue et dîner avec ceux qui l’aiment. Adieu l’artiste au cœur tendre, à la recherche spirituelle insatiable, à la voix de velours si chaleureuse. Si Rimbaud vivait encore, il chanterait ton nom, toi qui as semé tant de petits cailloux blancs sur nos chemins incertains à t’y perdre avec nous…
Nous ne t’oublierons pas…