Après ce début en mineur, qui lui fait perdre une semaine entière de vacances, Calvin va éprouver le plus grand mal à dompter son vélo. On se souvient qu’il avait appris à rouler à vélo lors du tome précédent, mais on découvre ici que cet apprentissage n’est pas du tout évident et de très longue haleine.
Le lecteur a également droit à une nouvelle réunion du club top secret du D.E.F.I. (Dégagez Enormes Filles Informes.), créé lors du sixième tome par nos deux amis. Ensemble, ils vont ainsi planifier une force de frappe contre l’ennemi Susie Derkins et Calvin ira même jusqu’à kidnapper sa poupée afin d’obtenir un rançon.
Outre ces récits un peu plus longs, le lecteur a bien évidemment droit à des gags plus courts qui sont toujours aussi drôles. Si les monstres qui se cachent sous le lit et Rosaline la baby-sitter ne sont pas au rendez-vous, Calvin devra néanmoins faire face aux menaces du méchant Moe à l’école et ne manquera pas d’une nouvelle fois juger et évaluer le travail de son père dans son rôle de « Papa ». Un joli graphique montrant le taux d’approbation de son père permettra ainsi de prouver que la cote de popularité du paternel n’est toujours pas au beau fixe. C’est vraiment marrant de voir comme l’auteur parvient à se renouveler tout en continuant d’aborder les mêmes sujets !
Comme vous commencez à me connaître, vous savez bien entendu que mes passages préférés sont ceux où notre ami fait parler son imagination débordante. Il y a ainsi l’inévitable transformation en Spiff le Spationaute afin de réussir un contrôle de mathématiques qu’il avait pourtant minutieusement préparé avec son père. Mais on notera également la fois où il s’imagine en tyrannosaure afin de protéger son pique-nique ou en volcan lorsqu’il mange un plat particulièrement épicé. J’adore !
Si la puissance comique de ces strips atteint des sommets, l’humour est également souvent d’une telle sophistication que plusieurs niveaux de lecture sont possibles. Au-delà de la simplicité apparente de ces gags burlesques se cache en effet un autre niveau de lecture, plus adulte, qui mêle critiques acerbes, réflexions intelligentes et cynisme ravageur. Les noms des personnages faisant respectivement référence à Jean Calvin et à Thomas Hobbes, le lecteur ne s’étonnera d’ailleurs pas de croiser quelques considérations philosophiques. L’auteur ne manquera d’ailleurs pas de critiquer une nouvelle fois le rôle de la télé, que les enfants regardent quand il fait beau dehors et même en mangeant. Bill Watterson évoquera aussi l’art et la liberté d’expression lors de planches beaucoup plus bavardes que d’habitude.
À l’instar des tomes précédents, celui-ci reprend donc des histoires de différentes longueurs, allant de trois cases à quelques pages. Chacune offre un plongeon mélancolique dans le monde de l’enfance et invite à découvrir les fantasmes, les rêves et le regard critique de ce petit bonhomme sur le monde des adultes et sur la société en général. Ce gamin doté d’un sens de la répartie incroyable est particulièrement attachant et l’idée de donner vie à une peluche dans son imaginaire est tout bonnement brillante. Cela résulte non seulement en une complicité incroyable entre les deux, mais permet surtout de donner vie à l’imaginaire de l’enfant. Ensemble, ils vivent des aventures mêlant absurde, tendresse, drôlerie, nostalgie et justesse.
Visuellement, le dessin de Bill Watterson est d’une grande simplicité, mais ces visuels aux décors quasi inexistants permettent de mettre l’accent sur les personnages et sur des textes d’une finesse rare. Il faut un talent énorme pour parvenir à partager des tranches de vie en seulement trois cases et pour pondre des gags purement visuels sur base de postures ou d’expressions.
Lisez Calvin et Hobbes !