La dystrophie musculaire de Duchenne (DMD) ou myopathie de Duchenne est une maladie neuromusculaire caractérisée par une atrophie et une faiblesse musculaires. Sa forme la plus fréquente et sévère, chez les garçons, est caractérisée par une dégénérescence progressive des muscles, causée par des mutations dans le gène DMD liée à l’X qui code pour la protéine dystrophine. La maladie touche 1/ 3.500 à 5.000 garçons (Source : Centers for Disease Control and Prevention-CDC) et conduit souvent au décès prématuré, souvent par cardiomyopathie, vers l’âge de 30 ans. Bien que la cause génétique soit bien connue, il n’existe à ce jour, aucun traitement efficace pour la maladie.
Le système d’édition du génome » CRISPR/Cas » est aujourd’hui reconnu comme l’une des technologies biomédicales de pointe et d’avenir. Sa capacité à cibler et faire des coupes précises de l’ADN ou de l’ARN, par l’intermédiaire de bactéries ou de particules qui vont cibler les éléments d’information génétique à modifier, ouvrent un nouveau paradigme pour le traitement des maladies à dominante génétique. Et, avec ces travaux, pour le traitement de la myopathie de Duchenne.
Les chercheurs ont utilisé l’édition de gènes pour corriger définitivement, chez de jeunes souris, la mutation dans le gène DMD qui provoque la maladie. Un traitement » radical » explique l’auteur principal, le Dr Eric Olson, co-directeur du Centre de recherche sur la Dystrophie musculaire à l’UT, » car contrairement aux autres approches thérapeutiques, il élimine la cause de la maladie « .
· En 2014, l’équipe du Dr Olson avait déjà utilisé la technique CRISPR / cas9 pour corriger la mutation sur une lignée germinale de souris pour prévenir le développement de la dystrophie musculaire.
· Ici, la stratégie est postnatale et repose sur l’utilisation d’un adénovirus (AAV9) qui va délivrer au bon endroit la thérapie génique. Les souris traitées se mettent à produire à nouveau la protéine dystrophine et la structure et la fonction de leurs muscles squelettiques et cardiaques s’améliore progressivement.
Ces travaux illustrent aussi tout le potentiel de l’édition du génome mais ouvrent aussi l’immense espoir de pouvoir traiter la myopathie de Duchenne. Au-delà, la même stratégie pourrait être appliquée à de nombreux types de mutations liées à de nombreuses maladies génétiques, rappellent les auteurs.
Source: Science December 31 2015 DOI: 10.1126/science.aad5725 Postnatal genome editing partially restores dystrophin expression in a mouse model of muscular dystrophy