J’aime le peuple, la France dite profonde, les gens ordinaires, ceux que d’aucuns évitent soigneusement comme une plèbe, là où je ne vois quant à moi qu’une source inépuisable d’individualités exceptionnelles auxquelles j’aime à me mélanger et à me confronter, chacun(e) selon son inimitable manière, quand on prend la peine de creuser un peu, par delà les apparences souvent si trompeuses. Tant ont en eux d’incroyables trésors d’humanisme, de richesses intérieure, d’originalité et de surprises en termes de parcours de vie, de comportement, de réactions, de compréhension… Je suis issu de ce peuple là, dans ce qu’il a de plus prosaïque et de plus transcendant à la fois, le monde n’étant jamais ni tout noir ni tout blanc à la fois.
sourceAussi, quand j’apprends que tant de gens de ce peuple que j’aime se laissent aller à tant de crétinisme débilitant, que cet animateur particulièrement grossier et si peu susceptible de nuances (qui ne vaut d’ailleurs pas mieux que son pseudo adversaire tout aussi décérébré qu’est Arthur) et de respect des sensibilités plus délicates que la sienne (il y en a beaucoup) se plait à niveler par le bas, j’ai honte. Je n’en veux pas tant à ceux qui regardent qu’à ceux qui les abaissent, les flattant dans leurs instincts les plus médiocres, là où j’ai du peuple qui m’est cher une vision plus noble, refusant de les prendre indistinctement pour de parfaits abrutis tout au long de l’année… je ne parle pas nécessairement de cette émission particulière là, où j’ai su que Thiéfaine, que j’apprécie, est passé. Mais de son déroulement en général, que regardent des gens simplement malheureux et désœuvrés qui, comme mes propres parents, n’ont rien d’autre à faire, sont terriblement isolés, mais que l’on pourrait occuper plus noblement. Médias complices, chaînes coupables, animateurs cyniques juste soucieux de remplir leur tiroir-caisse par un niveau d’audimat maximal qui ne dit vraiment rien de la qualité de la soupe qu’ils servent. Hier soir, autour de moi, beaucoup ont délaissé la télé, préférant se consacrer à de véritables connaissances, de véritables rencontres, avec des inconnus ou entre amis qui, bien que ne partageant pas nécessairement les mêmes opinions, les mêmes passions, les mêmes intérêts, ont néanmoins passé une excellente soirée, loin des flonflons et des célébrités, mais au cœur de la vie, qui nécessite d’accepter de se retrouver confronté à l’imprévu, plutôt qu’à ce genre de shows si désespérément convenus dans lesquels rien, mais alors vraiment rien, ne viendra déranger leurs aimables certitudes qui fait d’eux des morts vivants sans qu’ils en aient tous véritablement conscience. Et donc, suite à toutes ces considérations, par la magie d’Internet, se dire que je ne suis pas le seul à me voir frôler par l’idée que peut-être, à force de nourrir les gens comme des porcs, ils finissent par penser comme eux. Qui est le plus coupable, et responsable ? « Il y a des gens qui regardent, en nombre » serait-il le seul argument valable ? Prétendus responsables, je vous en veux. Notre peuple se grandirait à se voir davantage respecté dans ses divertissements, qui pourraient davantage l’épanouir et l’émanciper avec des contenus bien plus soutenus et vecteurs de culture et de connaissance… A moins de considérer qu’il ne mérite qu’une telle merde, ce qui n’est pas mon avis.