Bien heureusement, 2015 se ponctuait d’une vie cinématographique : des réjouissances, des déceptions, des attentes et des films inattendus dont la rôle a été de nous transporter ailleurs et nous faire réagir, d’entrer volontiers dans des illusions élaborées … Synthétiser l’année 2015 par 5 films n’étant pas assez personnel, LaMaisonMusee.com décide de réduire les 12 mois passés à des impressions essentielles.
Imperfection ? Elle est revendiquée à cause d’un aperçu incomplet : faute de temps ou par choix, 2015 représente aussi des centaines de longs-métrages non vus. Les cinq aspects critiques développent autant de sensations plus ou moins fidèlement retranscrites nées face à un écran et aujourd’hui précisées.
1°/ Résurrection(s) à succès.
La sensation du déjà-vu a imprégné 2015. On peut lui reprocher une invention à minima tout en appréciant quelques retours au cinéma.
Terminator Genisys. Mad Max Fury Road. Malgré leur identité commune, (Le recommencement de sagas célèbres du cinéma.) les deux réalisations obligent à créer une rétrospective nuancée. 2015 s’enferrait dans d’éternels retours au passé rassurants sur le principe (Terminator Genisys) et / ou couronnés d’un succès commercial. (Mad Max Fury Road) La patine des années 80 pesait lourd sur ces noms quasi réalisées en série : l’on peut penser à un simple dépoussiérage opportuniste. A défaut d’une invention de A à Z, Mad Max Fury Road engage une interprétation plus sereine, plus plaisante, sans enlever l’agacement d’une remise à zéro des compteurs : celle d’un départ réinventé. Charlize Theron (Furiosa) décrochait alors un rôle charismatique hors du commun, loin du « divertissant » Braquage à l’italienne et même à des années lumières de la perfection juxtaposée à son statut de mannequin.
2°/ Les grosses productions et leur qualité.
Chaque année, les grosses productions ont le don d’exaspérer l’inégalité des chances au cinéma. Il y a eu de beaux gâchis mais des réussites indéniables, de beaux souvenirs et des émotions impossibles sans une production colossale.
Star Wars VII partait grand gagnant de la conquête des cinémas. (Même la Prélogie enregistrait de beaux chiffres sur un nom évocateur.) Si le long-métrage n’a rien d’indépendant comme le prétendait la Trilogie Originale (Episodes IV – V – VI), J.J. Abrams clôt 2015 sur une impression assez positive. Avec Mad Max, Star Wars VII rejoint le cercle privé des réalisations convaincantes, efficaces, capables de diviser mais aux atouts indéniables. Un va-tout loin d’être gagné quoique l’on en dise. Un talent loin d’être évident tant chaque année accumule gros budgets et gâchis en règle : Charlie Mortdecai doit être l’un des pires films de 2015, rejoint de près par Pixels et concurrencé par la forme peu olympique de Vin Diesel dans The Last Witch Hunter. 2015 ne sera pas l’avocat idéal des gros budgets, il nous rappelle simplement qu’il existe des exceptions. Partout.
3°/ Des héroïnes passionnantes.
Chaque film cité ci-dessus ose doucettement de s’adapter sans se brusquer. James Bond change, Star Wars donne la part belle à une héroïne, Mad Max bouge ses lignes. Entre le commercial et le parti-pris, la ligne n’est pas réellement tracée : Daisy Ridley, Charlize Theron, Léa Seydoux, Pili Groyne et d’autres font partie de ces actrices qui ont marqué 2015.
007 SPECTRE. Le Tout Nouveau Testament. Star Wars VII. Mad Max Fury Road. Crimson Peak. Terminator Genisys. Les personnalités féminines charismatiques amorcent un semblant de changement amené à se poursuivre en onde lâche en 2016 : Ghostbuters fonde son retour sur un quartet d’actrices populaires et nouveau. Sans élever le débat, 2015 révélait des crises d’urticaire à suivre muni d’un sceau de pop-corns et des « pensées » prudes des plus douceâtres des spectateurs. Dans les bienfaits liés à ces personnages de premier plan, chacune redistribue les cartes scénaristiques. Elles ont contribué à relancer de vieilles sagas ou à apporter un soupçon de modernité à des héros qui doivent réadapter leur apparition à la mentalité des spectateurs. De l’argument commercial au parti-pris, la séparation nette et définitive à l’origine d’un distinguo n’a jamais été le fort de 2015.
4°/ Le cinéma francophone à la recherche d’une identité.
Deux films plaisants sur le papier … Et capables de nous diviser à la moitié ou au 1/4 du film. Une sensation très particulière qui tente d’être particulier tout en jouant le jeu de la promotion. Qui cherche son public tout en le repoussant. Deux exemples illustrent cette sensation de « Je t’aime, moi non plus ».
Réalité de Quentin Dupieux ou Le Tout Nouveau Testament exemplifient le ou les défis à relever par les prochaines réalisations francophones. Le résultat, dans un premier cas, se veut exclusif, hermétique voire à rebrousse-poils du public. Dans la seconde situation, la recherche d’une invention à tout prix perd de la cohérence et ses spectateurs par la même occasion. Depuis quelques années, le cinéma francophone peine à attirer pour des raisons qui se télescopent. Elles en viennent à nous rendre réfractaires face à des visages connus. A créer via des conventions car, peu importe les efforts, ceux, -ci ne seront pas reconnus. En fouillant, le désenchantement n’est peut-être pas loin, l’inventivité pour preuve, n’est pas éteinte. Réalité, complexe à défendre ou à dénouer, a été une réflexion passionnante quoique alambiquée.
5°/ Un public à comprendre : succès et échec.
Dans 40 ans, peut-être assisterons-nous à une réédition de Tomorrowland. Ou à une redécouverte déçue. Quoiqu’il en soit, Tomorrowland (A la poursuite de demain.) cultive les points communs avec Le Convoi de la Peur (Sorcerer).
Sorcerer. Tomorrowland. L’impact du public sur une réalisation ne pouvait pas être plus médiatique qu’en 2015. Des années après sa chute dans les limbes du cinéma, le réalisateur encore vivant du Convoi de la Peur à l’Américaine n’explique pas tout à fait la deuxième vie de son long-métrage. Même visuellement, la réédition haute-définition ne suffit pas et dépend de circonstances plus ou moins constantes : l’écho critique, l’attente des spectateurs, leur prédisposition et l’agenda même des sorties au cinéma. A la sortie de Sorcerer en 1977, Star Wars IV paraissait. Deux visions diamétralement opposées mais non pas de deux qualités contradictoires se sont opposées … A l’inverse, Tomorrowland produit par Disney, composé d’acteurs reconnus, lui, fera partie des échecs de l’année en termes de pertes nettes. Sans être encensé par la critique, Tomorrowland concentrait à parts égales des chances de réussite. Dans un univers et une année pas si parallèles, Jurassic World raillé par la critiqué enregistre le troisième meilleur nombre d’entrées en France …
Année ambivalente, 2015 eut le mérite de réinventer son écriture. Le public confirme son attachement à une nostalgie devenue moteur d’entrées voire une pensée directrice régulière durant 12 mois. Finalement, de belles émotions tenaillent des créations fascinantes (Star Wars VII), esthétiques (Crimson Peak), divertissantes (007 Spectre), intrigantes (Réalité), ou quasi réussie en bien des aspects. (Mad Max Fury Road).