Comment libérer l'homme ? Voici une question que l'on se pose depuis les Lumières. Comment faire qu'un homme ne soit pas dépendant d'un autre homme ?
La liberté, discours d'esclavagiste
Les hommes de science ont dit qu'il y avait des "lois naturelles". On pouvait les trouver par la raison, la science donc. Il suffisait de les suivre pour qu'il n'y ait plus besoin de la contrainte de la société. Cela a conduit à la bureaucratie. La bureaucratie c'est l'application d'un plan venu "d'en haut". Taylor, le premier théoricien du management, appelait ça "the one best way". Il n'y a qu'une façon d'organiser l'entreprise, disait-il.
Les économistes des Lumières pensaient, pour leur part, que cette loi naturelle était celle de l'économie. En effet, le marché s'auto régule. Adam Smith a repris la formule et depuis les Anglo-saxons disent qu'ils l'ont inventée. Comment pourrait-elle venir de bons à rien ? Depuis la chute de l'URSS, elle a fait fortune. On organise les entreprises et les nations comme des marchés. La lutte de l'homme avec l'homme produit le chaos d'où résulte le meilleur des mondes.
Ces théories ont un vice. Les "lois naturelles" ont besoin d'hommes pour être découvertes et appliquées. Ces hommes sont ceux qui ont inventé ces théories. Platon, précurseur des Lumières, les appelait des philosophes. Après guerre ce furent les polytechniciens. Et maintenant les énarques. Quant au marché, il lui faut des "hommes d'affaires", et des "économistes". Car, contrairement aux philosophes, ils ne savent pas écrire.
Bien sûr, la théorie de la liberté a dû être adaptée. On a repris une idée qui est à la fois chez Platon et chez les Anglais médiévaux. Il y a deux types d'hommes. Les sur hommes, les seuls hommes naturellement libres, et la masse animale, libérée par son obéissance aux lois créées par les hommes libres, et par sa croyance au diable, invention de Platon.
Résumons. Les virtuoses de la raison ou du marché nous ont dit que la liberté c'était leur obéir.
Le communisme, expliqué à Marx
Il existe, cependant, une autre théorie de la libération. Elinor Ostrom explique, cela ne surprendra personne venant d'une sociologue, que c'est la société qui libère l'homme. Et comment ? C'est si simple qu'aucun grand esprit n'y a pensé. Par autocontrôle. Si l'on observe les sociétés humaines, depuis la nuit des temps, on découvre qu'elles présentent des mécanismes très simples qui ne demandent que personne ne soit inféodé à quelqu'un d'autre. (Mon exemple favori : je roule à droite parce que, sinon, je me ferais tuer.)
L'homme a toujours été libre. Personne ne lui apportera la liberté. Il doit la conserver.