Une porte se ferme sur la période vraisemblablement la plus longue de mon existence. Celle du travail. Grosso modo, j’y aurai consacré deux tiers de ma vie aujourd’hui… et – selon ce qui m’arrivera – une bonne moitié au bout du compte, ou un peu moins, ou un peu plus. On verra. Cela ne me préoccupe pas vraiment.
Ma « carrière », comme on dit, fut assez exceptionnelle. Tant dans son premier tiers que dans les deux qui ont suivi. Les trois sont dans le prolongement l’un de l’autre, mais – il y a 25 ans – je découvrais un nouvel univers, entièrement à construire, qui m’a amené aux quatre coins du monde ! Que de défis à surmonter, que de rêves à concrétiser, que de découvertes à intégrer… Ces deux temps sont clairement distincts, tout en étant profondément imbriqués. Je ne regrette ni l’un ni l’autre. Surtout, je n’ai jamais regretté la décision prise – il y aura 40 ans bientôt – de bifurquer totalement de direction, passant brusquement d’une perspective juridique à une réalité pédagogique. Ce ne fut pas la décision la plus facile de ma vie, mais c’est une des meilleures. Plutôt que d’appliquer des codes écrits par d’autres, j’allais construire des relations, j’allais éveiller des cerveaux, j’allais développer des compétences, j’allais ouvrir des portes… J’y reviendrai sans doute ici, par petites touches, non pas pour des mémoires, mais simplement pour la mémoire de ces événements et de ceux qui les ont vécus avec moi. De beaux moments. De belles gens.
Une porte s’ouvre. Je ne sais pas trop sur quoi. Si ce n’est sur la vie. Celle-ci ne s’arrête pas, bien au contraire. Simplement, je ne sais pas trop quelle direction elle prendra, quels chemins elle explorera, quelles aires de repos elle se donnera. On pourrait croire que c’est la dernière étape qui commence. Ce n’est pas ce que je ressens. Avant le dernier parcours, il me reste tant de découvertes à réaliser, tant de visages à rencontrer, tant de moments à déguster. Avec – je l’espère – moins de stress et plus de sérénité. Ce n’est pas nécessairement gagné : le juge de la réussite de ce que je fais et de ce que je ferai reste le même. Le plus exigeant : moi-même. Mais les enjeux ne seront plus les mêmes. Sans qu’ils soient moins nobles ni moins élevés.
C’est le mot. Élève. Je l’ai été longtemps. J'en ai côtoyé encore plus longtemps, avec d’autres profils et d’autres aspirations. Mais, même dans la position de « maître », tant j’avais à apprendre, j'étais toujours « élève ». Je le reste et je le resterai. Une journée sans que j’apprenne quelque chose de neuf est une journée foutue ! Depuis ma naissance, celles-là se comptent sur les doigts de mes deux mains. Il n’y a pas de raison que cela cesse. Je continuerai à apprendre, avec soif et passion. Je vous le dis, c’est juste un passage…