Mettre l’accent sur le cœur de l’institution lausannoise, son extraordinaire collection, l’une des plus importantes d’Europe. C’est l’orientation que Tatyana Franck entend donner au Musée de l’Elysée qu’elle dirige depuis moins d’un an et avec succès. Alors que l’exposition « La mémoire des images », consacrée à la collection iconographique vaudoise – qui est au fondement même du musée – fermera ses portes le 3 janvier, c’est déjà avec impatience que l’on attend l’ouverture de la suivante (des deux suivantes plus exactement). La programmation artistique de 2016, annoncée récemment par communiqué de presse, suit la ligne directrice promise. Ainsi, dès le 27 janvier, une rétrospective et une exposition consacrée à ses années suisses mettront le photographe zurichois Werner Bischof à l’honneur, alors que sera célébré le centième anniversaire de sa naissance.
Formé à l’Ecole des Arts appliqués de Zurich dans les années 1930, Bischof porte une attention particulière à la lumière, dans le cadre d’une longue série de natures-mortes qu’il affectionne alors. Il ouvre son studio en 1936 et réalise essentiellement des travaux publicitaires puis collabore à l’exposition nationale suisse de 1939. La guerre le mobilisera durant deux ans au sein de l’armée nationale. Elle bouleversera l’orientation de sa carrière. De l’artiste esthète influencé par Man Rey et le courant surréaliste, Bischof devient un photographe engagé et amorce, en 1944, un virage qui donnera sens à la suite de sa carrière. Dès la fin de la guerre, il entame en effet un périple européen armé de son Rolleiflex et livre des témoignages éloquents sur les ravages provoqués par le conflit mondial. Ses travaux, en noir et blanc essentiellement, touchent par leur empathie.
Mettant le plus souvent l’humain au centre de ses compositions, il magnifie son sujet par une parfaite maîtrise de la lumière. En 1949, Werner Bischof est l’un des premiers photographes à entrer à l’agence Magnum, rejoignant ainsi ses membres fondateurs. Elle lui permet de réaliser, en Inde, une série d’images consacrées aux conséquences de la famine qui le consacrera mondialement comme photo reporter. Après le Japon qui donnera naissance à l’exposition et au livre « Les Hommes d’Extrême-Orient », Bischof part à la découverte du continent américain. New-York d’abord puis l’Amérique centrale. C’est le long de la Cordillère des Andes que le photographe trouvera tragiquement la mort à la suite d’un accident de voiture, un jour de mai 1954.
« Point de vue », l’exposition produite par Magnum et présentée au musée de l’Elysée dès le mois prochain retracera, à travers près de 200 tirages originaux et parfois inédits, la carrière du photographe suisse. L’exposition « Helvetica », quant à elle, créée par l’institution lausannoise, abordera les années de formation de l’artiste et ses travaux en studio puis la période de guerre, décisive dans l’orientation que Bischof donnera à sa carrière. Cette exposition fera par ailleurs l’objet d’une première publication de la « Collection – Musée de l’Elysée ».
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Informations pratiques:
Werner Bischof, Point de vue et Helvetica
Avenue de l’Elysée 18, 1006 Lausanne, Suisse
27 janvier-1er mai 2016, du mar. au dim, 11h-18h
Crédit images:
Photo 1: Werner Bischof. Switzerland, Tessin region. An Italian child at a center for refugees. 1945. © Werner Bischof, Magnum Photos
Photo 2: Werner Bischof, India, Bombay. The Bharat Natyam dancer Anjali HORA getting ready for a performance. 1951. © Werner Bischof, Magnum Photos
Photo 3: Werner Bischof, Breast with grid, Zurich, 1941. © Werner Bischof, Magnum Photos