Chronique du premier auguste souverain

Publié le 11 juin 2008 par Sammy Fisher Jr
Pour les princes, il existe plusieurs façons de laisser une marque dans l'Histoire. Il peuvent être des conquérants, et construire un empire à la force de l'épée ; ils peuvent légiférer, et dicter les lois qui régiront la société pour les siècles à venir ; ils peuvent aussi faire édifier des édifices monumentaux, voire, pour les plus mégalomanes, des tombeaux plus beaux que les demeures des vivants. Tous sont généralement des despotes cruels, ce qui serait à vrai dire plutôt recommandé, un despote modéré étant assez peu crédible.
Le jeune Zheng Ying, a commencé sa carrière de despote modestement, comme roi de la province de Qin, et a plus ou moins tout fait en même temps, sans doute pour faire bonne mesure. Le destin lui ayant offert la Chine comme terrain de jeu, autant dire il n'a pas opéré à petite échelle. Après avoir uni la mosaïque de royaumes qui composaient la Chine d'alors, il s'octroya le titre d'empereur, sous le nom de Shihuangdi. Ce qui veut dire à peu près, et sans fausse modestie, "premier auguste souverain". Et comme personne n'avait eu l'idée avant lui, il est resté dans l'histoire comme le premier empereur de Chine.
Qinshihuang
Source : Wikipédia


Il a uniformisé la langue, l'écriture, la monnaie, les poids et les mesures. La Grande muraille, c'est lui. Le grand canal du sud vers le nord, c'est lui aussi. Il a fait agrandir les routes, imposé des règles dans tous les domaines, se mêlant de codifier jusqu'à la taille des essieux des chars. Toutes choses qui lui survivront largement, puisque elles contribueront à créer l'assise des empires à venir. Cette fièvre normative s'explique par la doctrine qui lui tient lieu de philosophie : le légisme.
Il ne connait que deux principes : l'ordre et la discipline. Il ne croit ni à la bonté, ni à l'art, et pas plus à l'héroïsme ou à la droiture. Dans son armée, on gagne du grade au nombre de têtes coupées. Il considère les livres et les philosophes comme dangereux, et fait donc brûler les premiers et enterrer les seconds. Vivants, pour qu'ils en profitent mieux. Sur le chantier de la Grande muraille, les rebelles sont cuits au chaudron. Avec des carottes et des navets. Et un oignon piqué de clous de girofle, pour le goût.
A suivre...