Que font ces gens, près de l’entrée du Jeu de Paume, sautant sur une petite estrade posée là à cet effet ? Ils essaient de retrouver la « vraie personnalité » révélée par Philippe Halsman dans sa « jumpology ». L’exposition est certes réjouissante. J’y suis entré par la fin, paraît-il : la salle qui se trouve sur la gauche avant l’entrée à l’étage, celle où, justement, sautent des personnes qu’on ne voit jamais dans ces situations, semblant en lévitation au-dessus du sol. J’étais attiré par un coucher de soleil au-delà des toits de Paris, derrière la grande roue de la Place de la Concorde.
Et puis l’exposition s’est présentée à moi dans l’ordre qui est proposé. Je reconnais ce portrait de Churchill, la trompette d’Armstrong, Muhammad Ali, Andy Warhol… Je peux donc nommer l’auteur de ces photos. Et, ailleurs, voici qu’il semble s’amuser : avec Cocteau, avec Hitchcock et les Oiseaux… Il tente des techniques, des lumières. Marilyn Monroe, il l’a rencontrée quand elle était mannequin, puis il l’a revue de temps en temps, l’a photographiée, les dernières fois en 1959, dans une importante séance de « jumpology ».
Et c’est avec Dali que Philippe Halsman a développé un humour irrésistible, Dali qui n’était sans doute pas le dernier à rire de lui-même, et le petit livre Dali’s Mustache en témoigne. On rit de bon coeur devant ces variations et c’est sur cette note que je sortirai de l’exposition, tandis que, dehors, bien qu’il fasse déjà nuit, un couple s’essaie encore à la photo d’un saut sur la petite estrade.
C'est peut-être une façon de franchir la fin de cette année.
L'exposition est visible jusqu'au 24 janvier 2016.