Fin d’annee en colombie

Publié le 31 décembre 2015 par Martine Denoune @mdenoune

Au fil des décennies, le conflit colombien qui a impliqué guérillas d’extrême-gauche, paramilitaires d’extrême-droite, forces armées et narco-trafiquants, a fait au moins 220.000 morts, des dizaines de milliers de disparus et six millions de déplacés. Aujourd’hui, le pays renoue avec une vie presque normale. Coup de projecteur sur trois villes : Medellin, Bogota et Carthagène.

MEDELLIN ENFIN PACIFIEE

 Ville la plus violente du monde dans les années 1990, Médellin, l’ancien fief de Pablo Escobar est en pleine transformation. L’architecte de sa métamorphose s’appelle Sergio Fajardo. Dès notre arrivée, nous avons rencontré ce quinquagénaire aux allures d’étudiant, maire la deuxième ville de Colombie de 2003 à 2007, puis gouverneur de la région. « Professeur de mathématique à l’Université, nous avons lutté avec mon équipe contre les trois problèmes de cette ville : les inégalités, la violence et la corruption » me confie-t-il. Les résultats sont là : net ralentissement de la violence urbaine et du taux des homicides (seulement un millier d’homicides en 2015), démembrement des grands cartels de la drogue, liaison des quartiers défavorisés au centre par le métrocable .

Rencontre de Sergio Fajardo

À bord du Metrocable, je survole les toits de tôle et de tuile de Santo Domingo de ces maisons « informelles » bâties à flanc de colline et ses cubes noirs, la bibliothèque d’Espagne (fermée en ce moment pour travaux). Trop dangereux, personne n’osait s’aventurait dans ce quartier il y a encore dix ans. Pour certains habitants, le Metrocable a permis de passer d’une à deux heures de trajet à une vingtaine de minutes.

Le quartier de Santo Domingo et la Bibliothèque d’Espagne

UNE HALTE A BOGOTA

Située à 2.640 mètres d’Altitude, elle est la troisième capitale la plus haute du monde, après la Paz (Bolivie) où l’on attend les passagers avec des masques à oxygène et Quito (Equateur). Dans cette capitale sur fond de cordillère des Andes, les grandes familles locales et les expatriès continuent à se déplacer en véhicules blindés.

Cette relative tension ne doit pas vous empêcher de découvrir le fabuleux Muséo del Oro (musée de l’or), le plus grand d’Amérique Latine et la fondation Botéro. Cet artiste est natif de Médellin.

CARTHAGENE DEFIGUREE?

Dommage, lors de ce déplacement, je n’ai pas pu me rendre à Carthagène des Indes, située sur la côte septentrionale du pays, au bord de la mer des Caraïbes. Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, son centre historique compte des merveilles à restaurer.

Cartagène, version Miami d’Amérique latine.

En revanche, à proximité, des buildings défigurent la presqu’île de Bocagrande « C’est une vraie catastrophe, en termes de qualité de construction et d’architecture. Le résultat est encore pire que les cotes bétonnées d’ Espagne » regrette ma consoeur Frédérique de Gravelaine. Du fait des liens historiques, des promoteurs colombiens lancent des opérations en partenariat avec des confrères espagnols. Ce « petit Miami » version latino s’adresse surtout aux sud américains établis aux USA et au Canada, prêts à débourser un prix au mètre carré d’environ 9 millions de pesos colombiens, soit 3.600 dollars. A Bogota, une tour haut de gamme de 66 étages s’affiche à seulement 2.000 dollars/m2. Les mauvais esprits penseront même que certains achats permettent de blanchir des fonds. Cette vidéo vous donnera une idée de ces grattes ciels.

Pour plus d’infos sur ce pays attachant, je vous renvoie à l’excellent blog Regards Latinaux de mon confrère du Figaro Patrick Bèle, fin connaisseur de l’Amérique latine en poste à Bogota.

En attendant je vous souhaite une superbe année 2016 et vous remercie de votre fidélité.