Quelle photographie pour le monde arabe contemporain?

Publié le 30 décembre 2015 par Jebeurrematartine @jbmtleblog

© George Awde Spotted, Dubaï, 2014.


L’année 2015 nous a secoués, certes
. Cependant, elle a également été marquée par des débuts prometteurs, comme autant de petites bouffées d’air frais.

Un vent nouveau a ainsi été insufflé dans l’Est parisien, depuis la Maison Européenne de la Photographie jusqu’à l’Institut du Monde Arabe, où se déroule pour encore quelques semaines la première Biennale des Photographes du Monde Arabe Contemporain. Un titre alambiqué, certes, mais qui a le mérite de refléter sa réalité : celle de l’exposition d’individualités. En plus d’un cadrage spatio-temporel, la biennale resserre son objectif sur les artistes, en tant que véhicules d’une vision qui leur est propre.

Mais alors, en quoi se distingue le photographe du monde arabe ?

Il y a bien sûr, en premier lieu, la retranscription d’un Moyen-Orient poignant, bouleversé par les guerres, marbré par les flux de migrants et soulevé par les vagues de contestation. L’espoir y laisse souvent place à la désillusion : nous sont présentés des veuves de combattants, des espaces désertiques, des abris de tôle temporaires transformés en habitats précaires. Là, les regards se voilent ou se détournent.


Or le monde arabe est fort de nombreux visages : il est le berceau d’une culture d’une richesse inouïe et d’un mode de vie qui nous intrigue par ses similitudes avec le nôtre en même temps que par son identité si unique. Il y a la vitalité de sa jeunesse. Il y a sa religion du respect et du partage. Il y a ses paysages incroyables, incohérents et inattendus. Le monde arabe, c’est aussi une modernité époustouflante, parfois en inadéquation avec les valeurs les plus fondamentales de sa société.

Ce que semblent nous dire ici les photographes, c’est que leur univers fait face à des défis, allant de la sphère intime et quotidienne au combat national. Derrière un masque anonymous ou face à un patrimoine en délabrement, il y a la volonté d’avancer tout en empruntant un chemin distinct de celui de l’Occident.

Mouna Saboni « La peur » (série sur les femmes victimes de maltraitances), Égypte, 2015 Courtesy Mouna Saboni


Et, au-delà des conflits et de l’actualité, respirations parmi les clichés lourds de sens, se trouvent des instantanés du mois du Ramadan, de la campagne marocaine ou des supporters
de foot palestiniennes.

Parmi ces clichés, on croit entendre : « Nous nous tenons face à vous, debout, dans toute notre splendeur et notre unicité. Nous luttons, parfois silencieusement, mais incessamment ».

On ressort de cette exposition mû par un profond respect pour tous ces photographes et ces individus immortalisés dans leur souffrance, leur mobilisation ou leur simple trivialité. Les textes ne se veulent ni pompeux, ni porteurs d’une quelconque vérité universelle : ils nous rappellent seulement qu’il n’existe pas un mais plusieurs mondes arabes, comme il existe plusieurs voix pour les porter. Et que nous pourrions nous arrêter afin de d’écouter ce qu’elles ont à dire.

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Première Biennale des photographes du monde arabe contemporain-  Histoire(s) contemporaine(s), jusqu’au 17 Janvier 2016.

A l’Institut du Monde Arabe :
du mardi au jeudi de 10h à 18h, nocturne le vendredi jusqu’à 21h30

Samedis, dimanches et jours fériés de 10h à 19h.
10€ tarif normal / 5€ tarif réduit
Plus d’informations

La Biennale s’expose aussi à :

Maison Européenne de la Photographie 5/7 rue de Fourcy 75004 Paris   Mairie du 4ème arrondissement 1 Place Baudoyer 75004 Paris   Cité Internationale des Arts 18 rue de l’Hôtel de Ville 75180 Paris   Photo12 Galerie 14 rue des Jardins Saint-Paul 75004 Paris   Galerie Binôme 19 rue Charlemagne 75004 Paris   Galerie Basia Embiricos 14 rue des Jardins Saint-Paul 75004 Paris   Graine de Photographe.com 14 Quai de Béthune 75004 Paris
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