Le dernier patient infecté et hospitalisé était un bébé. Sa mère est décédée après l’avoir mise au monde dans un centre de traitement à Conakry. Le 16 Novembre, cette petite fille de deux mois était déclaré guérie. 42 jours après cette date, c’est-à-dire 2 fois la période d’incubation maximum, elle ne présente aucun signe de rechute, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ce qui marque la fin de l'épidémie dans le pays.
Ces nouvelles sont très encourageantes pour un pays qui a compté 3807 cas de personnes infectées, dont 2536 décès, au cours des deux dernières années selon l’OMS. Cela ne doit toutefois pas réduire la vigilance contre le virus Ebola. Il est essentiel que les autorités et la population restent en alerte, pour prévenir de nouvelles épidémies. Si de nouveaux cas survenaient, la réponse devrait être rapide pour prévenir d'autres décès.
"Il ne faut pas oublier qu’un retour du virus est toujours possible, comme le montrent les nouveaux cas apparus au Libéria en novembre dernier, après que le pays avait été déclaré libéré du virus Ebola", rappelle Anika Krstic, directrice Pays de la mission d’Action contre la Faim en Guinée. "Il n'y a pas encore de remède, de vaccin ou de traitement qui peuvent éradiquer Ebola à 100%. Jusqu'à présent, les interventions les plus efficaces sont la prévention, l'hygiène, les dispositifs de confinement et les traitements de base ".
D’importants dommages collatéraux : La guinée dans une situation particulièrement critique
Désormais le pays peut entamer une phase de récupération. Ebola a provoqué l'effondrement du système de santé guinéen, déjà fragile avant le début de l'épidémie. Il doit être reconstruit et renforcé. Il faut faciliter l'accès de la population à l'eau potable, développer les moyens d’existences, améliorer l’accès aux soins et renforcer la sécurité alimentaire. Les craintes de contagion ont conduit la population à éviter les centres de santé, ce qui a entraîné le développement et la propagation d'autres maladies infectieuses (par exemple le paludisme, la rougeole). Il est à noter que la fréquentation des centres de santé a considérablement diminué entre 2013 et 2014 : les consultations ont chuté à 58%, les hospitalisations à 54% et les vaccinations à 30%.
En outre, l'épidémie a considérablement réduit la mobilité des personnes, ce qui limite les possibilités économiques pour les familles, et par conséquent, l'accès aux ressources nécessaires pour répondre à leurs besoins de base.
Selon le dernier sondage réalisé par le Programme Alimentaire Mondial (Juin 2015) environ 1,9 millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire en Guinée, dont 59 000 en insécurité sévère. "Nous sommes vraiment préoccupés par le taux de malnutrition chronique, qui atteint 25,9% à (SMART Survey 2015) à l'échelle nationale, et nos experts craignent que la situation ne s’empire en 2016, pendant la période de soudure" ajoute Anika Krstic.
La réponse d'Action contre la Faim
L'organisation travaille dans le pays depuis 1995, à la fois pour apporter des réponses d'urgence et pour améliorer l'accès à l'eau, l'assainissement et l'hygiène, à la nutrition, à la sécurité alimentaire et le développement des moyens d’existence.
En 2014, ACF a lancé une série d'activités dans le cadre de la lutte contre l'épidémie d’Ebola. L’objectif était de réduire le risque de contamination au sein des communautés (grâce aux sensibilisations, à la détection et au dépistage des cas, à l'élaboration de mesures individuelles et collectives de protection) et dans les centres de santé (en améliorant les mesures de protection, par la désinfection et le nettoyage des kits, par la distribution de kits de protection au personnel) et la formation du personnel de santé. En parallèle, l'organisation a soutenu les autorités sanitaires dans leur réponse à l'épidémie.
Actuellement, les équipes d’Action contre la Faim travaillent en Guinée pour renforcer la résilience et soutenir les personnes qui ont été affecté par l’épidémie d’Ebola.
Photogaphie ACF SPAIN