s'offrir dans sa vulnérabilité est une des forces du coeur, l'accueillir dans l'instant en est une autre, voici une des facettes de l'Amour Véritable et inconditionnel - Elisabeth Rouzier
Aujourd'hui j'ai envie de vous inviter à oser votre vulnérabilité, que vous soyez un homme ou une femme.
La vulnérabilité est une étape de croissance transitoire entre le confort devenu inconfortable de la coquille de l'égo et une nouvelle force qui n'a plus besoin de protection, de carapace, d'armure. Ce pas sage est rarement une décision intérieure, souvent la vie nous pousse à cette étape que certains pensent à tort être une fragilité.
Pour vous aider à comprendre, je vais utiliser une métaphore de ma création que je propose souvent à mes consultants pour les rassurer car ils se croient démunis, alors qu'en fait ils sont en train d'évoluer. Si j'en parle si bien, c'est que j'y suis passée et régulièrement je la revisite, à chaque étape qui va précéder une nouvelle croissance intérieure. Elle a cette particularité de nous recentrer, nous ramener vers l'humus et nous éviter l'égo spirituel, rien n'est jamais acquis, tant qu'il y a de la vie, il y a croissance et maturité.
Il est une expression péjorative qui dit "tu n'es qu'un gland" et c'est vrai que tant que nous sommes dans l'égo, c'est exactement ce que nous sommes mais ce gland contient le chêne, il est un potentiel, il n'est pas un état définitif, c'est le point de départ. La nature humaine est bien faite et cet égo si critiqué, c'est simplement notre petit moi, celui qui ne demande qu'à grandir. Simplement un jour, étant enfants, nous avons rencontré notre blessure ou nos blessures existentielles et fort démunis nous avons construit notre armure, coque, masque social, égo, peu importe. Cela nous protège un temps et nous donne l'impression d'avoir une certaine force, souvent une force que je qualifie de réactionnelle car les seules réponses qu'elle propose sont de réagir quand les personnes viennent appuyer sur nos boutons rouges. C'est le niveau de la dualité, en perpétuel duel, nous luttons pour survivre, ou bien nous proposons une image de nous afin d'être acceptés, aimés, reconnus .... et ce même dans l'intimité, à tel point que nous finissons par croire que nous sommes cette coquille, que nous sommes un gland et avec cette identification au petit moi, tous les problèmes de manque de confiance en soi, d'estime de soi, d'impression de vide .... Cette coque est bien pratique mais l'inconvénient majeur c'est qu'elle nous empêche de grandir. Ainsi dans ces duels, nous constatons que dans ces échanges, nous avons l'âge de notre blessure et non la maturité qui devrait venir avec l'âge. C'est ainsi que beaucoup ne grandiront jamais et qu'ils resteront à jamais des glands et pour en venir à ma métaphore c'est ainsi que beaucoup de glands sont en terre mais que seulement certains deviendront des chênes.
Le petit gland est tombé du chêne, la terre l'accueille et lui propose le tapis d'humus, d'humilité à la fois mais de terreau fertile et abondant également. S'il ne regarde que l'extérieur, il se prendra pour une coquille brune, bien solide en apparence, elle est fiable et la nature a bien prévu les choses, elle le protège des intempéries, des rongeurs qui peuvent s'y casser les dents, des marcheurs et de tout ce qui pourrait le menacer. D'ailleurs quand il regarde autour de lui, à son petit niveau de gland, c'est à dire pas plus haut que le bout de son nez, s'il en est un, il constate que le chêne a laissé choir une multitude de glands, ils sont tous comme lui, ouf il est "normal", ils ont tous une coquille comme lui, de la même couleur, cela le rassure. C'est ça la vie de gland, on a juste à rester là, bien lové dans terre mère, et à résister grâce à notre coquille, à survivre, à se protéger des agressions, car tout est agression d'ailleurs. Il est une coque, rien qu'une coque, comme tous ceux qui l'entourent. S'il regarde un peu plus haut, il ne voit qu'UN SEUL chêne, c'est la force, la source, certains l'appellent dieu, il est immortel, fort, puissant, c'est de lui que viennent les glands. Par rapport à lui, il se sent si petit, juste une petite coque vide. Contrairement au chêne, il n'a ni racines, ni branches, ni écorce. Sa seule force est sa coquille, jamais il ne grandira mais c'est normal après tout il est un gland. Ainsi il ne peut puiser dans la terre de l'énergie, il ne peut avoir accès à l'eau, la lumière du soleil rebondit sur sa coque et il n'a ni branche qui portent des feuilles pour transformer cette énergie en nourriture. Alors comment fait il pour vivre sans énergie ?
Ce qu'il ne sait pas et ne peut voir puisque c'est à l'intérieur c'est que le chêne alchimiste des énergies solaire et terrestre lui a laissé à l'intérieur, une graine, un héritage, une puissance pour évoluer, une force de vie intérieure, juste assez de potentiel, pour devenir lui aussi un énorme chêne centenaire, juste assez. Ce qu'il ne sait pas et pourtant il le ressent parfois, une partie de lui le sait mais il ne l'écoute pas, c'est que la vie lui a donné rendez-vous pour son meilleur destin et que plein d'autres possibilités s'offrent également à lui, qu'il appellera fatalités, tout dépendra s'il sera au rendez vous, à la croisée des chemins. En attendant il regarde autour de lui et cela ne le rassure pas. La vie est dure, injuste, il faut bien résister et avec sa coquille il est bien armé mais il a peur. En effet, ce matin son voisin de terre est mort, le chêne lui a soufflé dans le vent que c'est parce qu'il n'a pas voulu grandir ..... mais c'est n'importe quoi, un gland cela ne grandit pas, cela se saurait quand même, cela se verrait quand même, son voisin est là à côté de lui, tout vide, avec juste un petit trou sur le côté. Quand il demande aux autres glands ce qui s'est passé, car quand même il vaut mieux écouter les glands, qu'un petit souffle de vent que l'on a imaginé (d'ailleurs il ne va le dire à personne que le vent lui a soufflé des choses, il entend des voix maintenant, il est fou !!), voici ce qui se raconte : " son voisin de terre s'est fait dévorer de l'intérieur par un petit monstre de vermine, parce qu'il n'a pas veillé à la solidité de sa coque, un petit ver a fait un trou et est rentré, il l'a contaminé et il en est mort, c'est la maladie des glands, on finit tous comme ça " " ah bon ? - oh oui et même il y a d'autres choses encore plus affreuses, raconte un autre gland, mon voisin de l'automne dernier, il a pourri sur place, la pluie, la terre l'ont dévoré, il est devenu tout noir, tout mou et puis il a disparu ...." "sans compter ceux qui sont enlevés, dit un autre gland, j'ai vu un écureuil en emporter au moins une douzaine l'autre fois ...." "Ouf, nous avons de la chance, nous au moins, notre coquille est toute belle, toute dure, et nous sommes encore là". Ainsi la vie de gland n'est pas une partie de plaisir, toujours dans la crainte et à la merci des aléas, de la fatalité, des intempéries, des voleurs et des vermines. Une vie de résistance et de souffrance, certains ne font plus qu'attendre, survivent .....
C'est ainsi que notre gland s'apprête à survivre le plus longtemps possible grâce à sa magnifique coque, grâce à la force de défense et de protection. D'ailleurs, il n'est plus un gland, il est une coque. Il y a des bruits qui courent sur le vent qui racontent une autre histoire de vie mais il ne l'écoute pas, il ne comprend pas et chaque jour préfère entendre les potins de glands qui racontent des histoires qui font peur mais qui rassurent car que cela soit lui ou bien sa coque voisine préférée, pour l'instant ils sont en sécurité et bénissent cette vie qui les a épargnés un jour, un mois, un an, de plus....Finalement c'est ça la vie, il n'y a rien d'autre et il est même heureux ou plutôt pas malheureux mais c'est pareil après tout ! Mais voilà, il a un rendez vous ..... le bon moment au bon endroit, où la vie va l'inviter, l'initier, comme elle l'a fait à chaque gland autour de lui. Beaucoup n'ont pas entendu cet appel et ont préféré attendre, et puis c'est là que le ver a fait son affaire ou bien l'écureuil ou bien encore simplement le temps ... mais chacun se voit proposer un jour ceci, tous ont cette chance, cette opportunité mais ils ont le choix, c'est le fameux libre arbitre.
Ce que notre gland appelle le malheur vient de s'abattre sur lui, sa voisine chérie, son amoureuse a disparu. A la place, il y a quelquechose de bizarre.
Le vent lui souffle "c'est moi, ne me reconnais-tu pas ? "
- mon dieu, tu es vivante ? pourtant tu es si différente, que t'est-il arrivé ?
- et ta coque ? tu es toute fragile, tu es toute cassée, quelle tristesse, je t'ai perdue ....
- non je grandis, viens, rejoins moi dès que tu seras prêt ....
- Jamais de la vie, tu es devenue folle ?
Plusieurs jours passèrent, pendant lesquels notre gland était bien triste, sa belle coque ne lui servait plus, à quoi bon paraître, puisque sa bien aimée n'était plus .... pourquoi continuer de lutter, de survivre ? Et puis il sentait de drôles de choses dans sa coque, là, à l'intérieur. Il entendait ses glands voisins qui racontaient des choses sur lui, il était malade, il ne s'en sortirait pas, sa belle coque était fendillée, il avait perdu la force. On lui disait de se remettre, de reformer sa coque pour redevenir fort mais il n'y parvenait pas. Le souffle de la vie sur le vent, lui susurrait de continuer, qu'il était sur la bonne voie, mais cela faisait mal, cela faisait peur et puis là à l'intérieur, il sentait des choses, dans la coque, il n'était peut être pas vide, cela l'invitait, cela l'inspirait même. Il l'a partagé avec ses voisins les glands qui ont ri de lui et puis ils n'ont plus ri parce qu'ils ont peu à peu disparu, l'un troué, l'autre emporté .... Il a tenté de reformer la coque mais la vie est ainsi faite que le poussin ne retourne pas dans sa coquille et que le gland une fois ouvert ne peut plus se refermer, c'est le processus de croissance irréversible et toute résistance sera souffrance supplémentaire, voire arrêt du processus et mort.
Quand il commença à sortir de terre, il découvrit la lumière, la chaleur, mais également la pluie, les marcheurs, d'autres dangers et d'autres plaisirs. Il découvrit la vraie vie, SA vraie vie. Il découvrit LA VULNERABILITE, il se sentait si faible et pourtant si fort à la fois. Il n'avait plus de coque pour se protéger mais une autre force le poussait à pousser, une force qui lui venait de sa graine, une énergie de réserve à laquelle auparavant il n'avait pas accès et qu'il ignorait, dont il était coupé bien enfermé dans sa coque. Et puis deux petites feuilles ont poussé et l'energie solaire a pris le relais, en même temps il s'ancrait dans l'énergie de la terre par de petites racines. Il n'avait rien à faire et tout à laisser faire, tout était prévu. Même si dans cette étape de vulnérabilité sans coque et à la merci de tout marcheur, tout rongeur, tout vermisseau, il était assailli de doutes, il ne pouvait retourner en arrière, il ne pouvait voir que devant, plus haut. D'ailleurs plus il s'élevait, plus ses racines devenaient profondes, il grandissait par le haut et par le bas, en parfait équilibre. Son point de vue changeait, il ne pouvait plus voir les glands sous terre, ni entendre leur ragots, mais il découvrait autour de lui avec sa chérie devenue compagne de voyage, d'autres petits chênes, tous aussi vulnérables les uns les autres, tous aussi ouverts à la vie, tous aussi vivants et le vent soufflait entre eux, les berçaient, leur soufflait le courage, la confiance, l'amour de la vie. Il n'était pas faible mais vulnérable et ce n'était qu'une étape, un pas sage à dépasser, le temps que l'écorce ne viennent recouvrir sa tige, ses racines s'enraciner profondément ... le temps qu'il confirme sa décision d'aller plus loin encore, le temps qu'il lève ses doutes, qu'il traverse ses peurs, le temps qu'il laisse la vie lui souffler la connaissance, le temps qu'il persévère (perce et voit en langage alchimique). Cette vulnérabilité forge sa force intérieure et la confirme. Elle est inconfortable par rapport au confort de la coque mais tellement plus en accord avec la vie, la croissance, son véritable destin.
La véritable force, la force intérieure, celle qui nous pousse de l'intérieur vers l'extérieur. La force qui maitrise et n'a plus besoin de contrôler. La force tranquille contraire à la violence qui est la force des faibles