Jean-Paul Didierlaurent : Le liseur du 6h27

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Le liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent    4/5 (22-12-2015)

Le liseur du 6h27 (224 pages) est sorti le 6 mai 2014 aux éditions Au diable Vauvert. Depuis le 27 aout 2015, il est disponible en version poche chez Folio (208 pages).

  


L’histoire (éditeur) :

Guylain Vignolles est préposé au pilon et mène une existence maussade et solitaire, rythmée par ses allers-retours quotidiens à l’usine. Chaque matin en allant travailler, comme pour se laver des livres broyés, il lit à voix haute dans le RER de 6H27 les quelques feuillets qu’il a sauvé la veille des dents de fer de la Zerstor 500, le mastodonte mécanique dont il est le servant.
Un jour, Guylain découvre les textes d’une mystérieuse inconnue qui vont changer le cours de sa vie…

Mon avis :

Le liseur du 6h27 est un petit livre sympathique qui se lit (dans le train ou ailleurs) le sourire aux lèvres, avec un vif plaisir et très (voire trop) rapidement.

Guylain Vignolles (qui vous aurez trop tendance à vouloir appeler Vilain Guignol une fois que le narrateur vous aura mis sur la voix de la contrepèterie) travaille dans une usine, aux commandes de la Zestor 500 qui dévore avidement les pages des ouvrages invendus et envoyés au pilon (et parfois même les jambes des collègues). C’est là qu’il repêche parfois (en cachette des Felix Kowalski, son supérieur qui le fait nettoyer chaque soir la « scène du crime) quelques feuilles épargnées, qu’il va ensuite lire le lendemain matin dans le RER, dans la rame du 6h27 dont les passagers habitués à ce doux dingue attendent avec impatience et intérêt sa lecture à voix haute (obligeant les nouveaux au silence par un chut virulent et agacé).

Guylain est un amoureux des livres, un gentil invisible qui n’a pas grand-chose dans sa vie : un boulot qu’il a en horreur, une maman qu’il appelle une fois par semaine et qui le croit embauché dans une maison d’édition, deux collègues hors normes (un cul de jatte qui se déplace en fauteuil violine et un autres qui s’exprime en vers) et Rouget de L’Isle, son poisson rouge. Alors quand il trouve une clé USB pleine de feuillets racontant l’histoire d’une dame pipi, il tombe sous le charme.

Le liseur du 6h27 est un peu comme Guylain : douceâtre. C’est un peu trop rond, poli et gentillet mais franchement que c’est bon à lire.  Car même si l’histoire sent bon le mignon petit conte moderne, je me suis vraiment délectée de la narration qui ne manque ni de saveur ni de caractère.

Elle confère alors au livre une teneur particulière pleine d’optimisme, de vrai et surtout de bonne humeur. Les mots de Jean-Paul Didierlaurent sont bruts et en même temps ponctués de poésie. La monotonie du quotidien (celui de Guylain et le nôtre) s’en trouve alors pleine de tendresse et de bonne-humeur.

 

Alors oui, le contenu est léger mais la forme est incisive et le tout se révèle  plein de fantaisie. J’ai vraiment dévoré ce petit livre. J’ai tout du long eu l’idée d’avoir croisé le double masculin d’Amélie Poulain et c’était vachement bien !!!!