Mort d’un canapé
Je voudrais m’installer devant mon bureau afin écrire davantage. Je ne peux pas. J’espérais que durant mon absence une bonne fée terminerait de ranger mon armoire, finirait le déménagement entrepris depuis plus d’un an, contrarié plus d’une fois par de vilains esprits. Je dois me rendre à l’évidence. Si de chair et d’os les méchants esprits existent, les fées, elles, n’existent pas. Pas pour moi. Heureusement, Alistair et Mona, sa femme, à qui j’avais confié mon jardin, ont répandu de l’anti-limace biologique sur mon potager. Sinon il ressemblerait à un champ de bataille dévasté. Bonne initiative. Merci mes amis d’avoir préservé mon coin de paradis.
J’écrirai davantage cet automne. J’espère…
J’ai repris le rangement de ma maison. Son aménagement. Je voulais me débarrasser de l’odieux, pesant, encombrant, inutilisable canapé que mon père m’avait donné lors de mon emménagement. Quand je pense que les déménageurs ont fait un détour pour ramasser cette chose abjecte, j’en suis malade. Je ne snobe pas le “don” de mon papa pour des question esthétiques. Je n’en ai pas les moyens. D’ailleurs le look de l’horrible sofa ne me déplaisait pas. Les qualificatifs d’exécration exaspérée que je lui attribue, proviennent du fait qu’il ne laissait nul s’assoir dessus, sans qu’il se retrouve le cul par terre. Il était si mal en point, que je ne pouvais pas même envisager d’y poser une cage avec des rats, sans qu’elle glisse pour s’écraser sur le lino. De surcroît l’énorme objet pesait un poids considérable, envahissait lourdement mon espace vital. Bonjour la gymnastique pour passer l’aspirateur! Durant des mois j’ai réfléchi à qui je pouvais demander de le descendre dans la rue un jour de ramassage de grandes poubelles. Or, je ne suis pas fichue de compter parmi mes rares amis, deux mecs dans la force de l’âge, un minimum musclés, prêts à me rendre ce service avec le sourire, le jour dit, à l’heure fixée. Agacée, hier soir j’ai décidé que ce canapé cesserait de m’empoisonner la vie et de me bouffer l’espace IMMÉDIATEMENT. Munie d’un tourne vis de fortune, d’une paire ce ciseau, d’une masse, et d’un marteau poids plume, donc d’un outillage peu approprié pour travailler correctement à la tâche entreprise -hélas je n’en ai pas d’autre- j’ai morcelé l’irritant sofa puis l’ai descendu pièce par pièce sur le trottoir, les plus petites partie dans des sacs en plastique, afin de faciliter le travail des éboueurs. A mon réveil les travailleurs des petites poubelles étaient déjà passé en emmenant, à mon grand bonheur, tous les morceaux de sofa. Bon débarras. Voilà une vieillerie qui ne me gâchera plus la vie. Seul inconvénient: malgré le soin que j’ai pris à fermer les portes, cette destruction a déposé une fine couche de poussière dans tout mon appartement!