La French Tech pour les nuls
Enquête rapide. A l'origine aurait été le Quartier numérique de Fleur Pellerin, en 2013. Cela fait penser à ZUP ou autre non man's land de banlieue que l'on veut réhabiliter. Mais, le Quartier numérique est devenu French Tech en 2014, ce qui sonne bien. L'idée initiale aurait été, héritage du Grand Paris ?, idée fixe du haut fonctionnaire ?, de constituer des "clusters". On ne crée bien qu'en groupe. Il s'agissait d'encourager des villes à bâtir des écosystèmes d'entreprises. Aujourd'hui, la French Tech, c'est l'Internet des objets. Était-ce l'idée initiale ? Depuis le début, on répète que le projet profitera de 200m€ de subventions. Depuis que l'on en parle, on a l'impression que l'Etat a dépensé 600m. Ca paraît beaucoup, mais c'est ridicule par rapport à l'investissement que demande une start up américaine ordinaire : 125m$ en moyenne, si j'en crois ce que j'ai entendu il y a quelques années dans une conférence.
Bref, on pouvait craindre une nouvelle initiative de bureaucrates, soit le pire...
La chance sourit aux innocents ?
Et, effectivement, comme d'habitude, on attend la création de masses d'emplois. Ce qui est douteux. Ce type d'entreprises ne recrute que des personnels très spécialisés et jeunes. Et en très petit nombre : Facebook, 12.000 personnes, Google, 60.000, et dans le monde. Peu de gens sont concernés. (Sans compter qu'il semble y avoir une pénurie mondiale de ce type de profils.) Même de manière indirecte, si ces entreprises font fortune : alors leurs employés embaucheront du personnel de maison, probablement immigré. Il est plus vraisemblable que l'on verra une bulle spéculative.
Mais est-ce le plus important ? Il y a eu des coups de génie, peut-être involontaires, dans cette affaire. Et ils sont questions de marketing, notre point faible !
- Le premier est que l'on y a associé les grandes surfaces. Brillant. Au lieu de se méfier des PME, voire de les étouffer, usage français, elles ont maintenant tout intérêt à promouvoir celles de la French Tech. Après la grande surface, la grande entreprise ?
- Le second est international : du jour au lendemain, la France paraît branchée. Elle va pouvoir surfer sur le mouvement spéculatif, les énormes intérêts en jeu et la pub qui va en résulter, que devrait susciter l'Internet des objets.