QUI NE DIT MOT de Panaccione et De Groodt

Publié le 30 décembre 2015 par 7bd @7BD
Titre : Qui ne dit Mot Auteur : Grégory Panaccione(dessin et couleur) Stéphane De Groodt (scénario) Editeur : Delcourt Collection : Mirages Année : 2015 Page : 144 Prix : 17,95€ Résumé : John se rend avec sa compagne à la campagne pour rencontrer ses beaux-parents. Il s'inquiète de comment il va être reçu et perçu. On le comprendrait à moins. La rencontre se passe plutôt bien si ce n'est ces échanges verbaux entre John qui semble à côté de la plaque quand on lui parle et les beaux-parents bien curieux. Mais à quoi pense-t-il, John ? Où a-t-il la tête ? C'est au petit matin, quand nous le retrouvons pour une folle journée pleine d'embûches, que le mystère s'épaissit. Rien ne va plus, sauf que ce n'est pas à la roulette que John joue... Mon avis : Cette histoire étrange se déroule devant nos yeux et nous suivons John dans son périple où rien ne fonctionne. Mais ce n'est pas ce qui nous perturbe le plus. Les réactions de John à cet environnement fou ne dénote pas d'une pleine possession de ces moyens. Si tout cela a un sens, il se révèle au fur et à mesure de l'histoire. Et lorsque vous refermerez le livre, vous n'aurez pas forcément de réponses claires. Une partie du chemin de ce voyage, ce sera à vous de le faire ! Hé oui, fini la lecture passive, la compréhension de cette BD est entre vos mains, plutôt entre vos neurones. Et je vous invite à aller échanger avec vos amis qui l'ont lu afin d'étaler sur la table vos interprétations et de comparer le tout, sans mélanger. Derrière le scénario de cette histoire curieuse se cache Stéphane de Groodt, que j'ai découvert il y a quelques années avec la série « File dans ta chambre ».
L'auteur a depuis développé son panel et son talent et fait sa force d'un humour absurde. Je n'ai donc pas été surpris de sentir sa patte dans cette histoire. Ce qui m'a beaucoup plu, c'est aussi de retrouver dans ces dialogues l'ambiance des anciens films de Bertrand Blier. Rappelez-vous, des ovnis comme « BuffetFroid », même si les enjeux sont fort éloignés et que la dérive de « Qui ne dit mot » est plus surprenante, voire désarçonnante. Par contre, je vous invite à relire une deuxième fois cette BD une fois que vous aurez fini le tome, et vous profiterez encore plus de l'humour de certaines situations. En ça, Stéphane de Groodt a réalisé un tour de force. Après, pour ma part, le fait d'avoir une fin où tout s'explique sans s'expliquer m'a laissé un peu sur ma fin, justement. Mais en y repensant, cet effet de surprise a bien fonctionné, puisqu'il m'a surpris. Et puis, on ne peut reprocher à l'auteur d'avoir poussé le curseur de l'originalité aussi loin qu'il pouvait. Et encore, il a dû se retenir, à mon avis. Pour commettre cet odieux forfait, De Groodt s'est entouré d'un seul homme, Grégory Panaccione. Un nom qui résonnera à vos oreilles (enfin, si vous le lisez à voix haute) avec un écho de déjà entendu. Sa dernière BD est une collaboration avec Lupano, « Une Histoire d'Amour », one-shot muet. Au crayon, Panaccione choisit un style dynamique et vif, lancé et élancé. Si tout démarre dans le calme et un certain statisme gaphique, tout bascule très rapidement quand l'histoire chavire. Le trait énergique reprend le dessus et tout saute. Le style est assez loin d'un réalisme âpre mais ce choix caricatural sert le propos, parfois tout aussi tranché. Et voir la tête héberluée de John submergé par les événements vaut bien son pesant de cacahouètes. Panaccione fait un magnifique travail à la peinture et il est de nombreuses cases où quelques coups de pinceau créent la magie. Le découpage joue sur trois bandes de une à deux cases, à quelques exceptions près nous offrant de beaux dessins pleine page, voire double page ! C'est donc le cadrage qui donne le véritable rythme de cette BD ! Il n'y a qu'à voir cette scène où John monte les escaliers à cause d'une panne d'ascenseur. Le décor similaire des interminables couloirs d'escaliers étant identiques, c'est sur autre chose qu'il fallait jouer. Et le duo s'en sort très bien. Je tenais à vous préciser deux points capitaux, petits plus à cette BD. Tout d'abord la préface de Patrice Leconte, drôle, pour ne donner que cet adjectif pour la décrire. Et deux pages finales reprenant le scénario de la BD illustré des premiers dessins de Panaccione. Ca se parcourt vite, mais c'est fort instructif. Des mots et des situations illustrés en marge de l'écrit. Voilà. Tout est écrit. Ou presque ! « Qui ne dit Mot » est donc une petite découvert bien sympathique, un peu déstabilisante, partant d'une idée originale qui aurait pu être plus creusée. Mais je ne peux m'avancer dans cette direction sans vous dévoiler la fin de l'histoire, et ça, je m'y refuse... Alors, bonne lecture. Zéda semble tiquer devant les indications de John. David 
Inscrivez vous à notre newsletter :