L’ancien milieu de terrain des Bleus et des Girondins (1970-1986),
actuel entraîneur du Gabon, est le consultant du blog de « Sud Ouest » pour
l’Euro 2008.
J’avais dit dans une précédente rubrique
les craintes que je nourrissais au sortir des trois derniers matches de
préparation de l’équipe de France. Textuellement : « Son jeu m’a paru peu
élaboré, tant dans la construction que dans la finition. » Après France -
Roumanie, hélas ! je n’enlève rien à ce jugement. Sauf que maintenant, il s’agit
bien d’une compétition avec enjeu, beaucoup plus difficile qu’une Coupe du monde
où l’on peut toujours corriger le tir contre une équipe comme l’Albanie ou le
Zimbabwe.Photocopie des pâles productions rendues contre l’Equateur, le Paraguay et la
Colombie, le match contre la Roumanie a révélé de graves lacunes en matière de
créativité et aussi d’explosivité. On peut s’interroger sur les raisons d’une
apathie qui a frappé tous les joueurs. La pénibilité des travaux domestiques
avec un championnat trop long ? Ni les Pays-Bas ni l’Italie, malgré sa défaite,
et pas davantage l’Allemagne et le Portugal n’ont paru en être affectés. La
température ambiante au stade du Letzigrund à une heure inhabituelle ? Je me
souviens qu’il nous est arrivé de jouer à midi en plein soleil lors du Mondial
mexicain.
Je crois qu’il vaut mieux regarder les choses en face pour appréhender la suite sans faux-fuyants. Avec Thierry Henry et Patrick Vieira, dont l’expérience peut être un atout à condition que leur état de forme soit à la hauteur. Une chose est sûre : l’équipe de France ne déjouera pas le bel ordonnancement des Néerlandais, même privés de Van Persie, Babel et Robben, en se contentant d’assurer ses arrières. L’audace, rien que l’audace, peut sortir les Tricolores du guêpier dans lequels il se sont fourrés. Mais en ont-ils, physiquement s’entend, les moyens ? De la réponse à cette question, vendredi, dépendra le sort d’une équipe dont on avait bien raison de mettre en doute la fraîcheur physique et morale après son triptyque sud-américain.