Concert de légende, organisé par sa maison de disques, Columbia, au Madison Square Garden de NYC, le 16 octobre 1992, avec un véritable who's who du rock, soul et folk.
Le double CD live sortira le 24 août 1993: "The 30th Anniversary Concert Celebration" (#40 US), produit par Jeff Rosen et Don De Vito.
Like a rolling stone---John Cougar Mellencamp
Leopard skin pill box hat---John Cougar Mellencamp
Introduction par Kris Kristofferson
Blowin' in the wind---Stevie Wonder
Foot of pride---Lou Reed
Masters of war---Eddie Vedder et Mike McCready (Pearl Jam)
The times they are a changin'---Tracy Chapman
It ain't me babe---Johnny Cash & June Carter Cash
What was it you wanted?---Willie Nelson
I'll be your baby tonight---Kris Kristofferson
Highway 61 revisited---Johnny Winter
Seven days---Ronnie Wood
Just like a woman---Richie Havens
When the ship comes in---The Clancy Brothers, Robbie O'Connell & Tommy Makem
You ain't going nowhere---Mary Chapin Carpenter, Rosanne Cash & Shawn Colvin
Just like Tom Thumb's blues---Neil Young
All along the watchtower---Neil Young
I shall be released---Chrissie Hynde
Don't think twice it's all right---Eric Clapton
Emotionally yours---The O'Jays
When I paint my masterpiece---The Band
Absolutely sweet Marie---George Harrison
License to kill---Tom Petty & The Heartbreakers
Rainy day women #12 & 35---Tom Petty & The Heartbreakers
Mr. Tambourine Man---Roger Mcguinn avec Tom Petty & The Heartbreakers
It's alright Ma---Bob Dylan
My back pages---Bob Dylan, Roger Mcguinn, Tom Petty, Neil Young, Eric Clapton & George Harrison
Knocking on heaven's door---Ensemble
Girl from the north country---Bob Dylan
Accompagnés par la crème des pointures américaines (Steve Cropper, Donald Duck Dunn, Booker T. Jones, Jim Keltner, Don Was, Al Kooper) avec quelques stars venues donner un coup de main (George Thorogood, Sheryl Crow entre autres), les légendes du rock ancien ou moderne, de la soul ou du folk, donnent le meilleur d'eux mêmes afin de professer leur passion pour les textes et musiques du Maître Zimmerman.
Cet exercice d'hommage à un artiste, parfois futile, souvent médiocre, quelque fois réussi (le concert d'adieu à Freddie Mercury), occasionnellement très émouvant (le concert d'adieu à George Harrison), est ici parfaitement réussi et maîtrisé (à part la prestation de... on y reviendra), et les stars s'effacent derrière les chansons, ce qui est également assez rare.
Ce double CD (et DVD ou Blue-Ray) est largement conseillé, à la fois comme spectacle en tant que tel, ou comme testament à la musique de Dylan et des personalités qu'il a inspiré.
Mais on n'a pas encore abordé le COUAC de la soirée, le petit drame qui s'est déroulé lors de la prestation de Sinead O'Connor.
Sinead O'Connor, grande artiste pop irlandaise peu poilue, pour ceux qui ne la connaîtraient pas, qui a connu son plus grand succès en reprenant "Nothing compares 2 U" de Prince.
Pour ceux qui découvriraient les images aujourd'hui, voilà comme sa prestation s'est déroulée:
Sinead s'avance vers le micro, ses accompagnateurs démarrent "I believe in you" mais la jeune chanteuse est accueillie par des huées, des BOOOOOOUUUUUUUUS et des sifflements.
Sinead se tient, silencieuse devant le micro, tandis que les musiciens reprennent l'intro de la chanson de Dylan.
Au bout de quelques minutes où ceux qui ne huent pas Sinead se mettent à huer les hueurs, la jeune femme craque, fait signe aux musiciens d'arrêter de jouer et entame le "War" de Bob Marley a cappella avant de quitter la scène, pour tomber dans les bras de Kris Kristofferson qui la console comme il le peut.
Willie Nelson, hébété, annonce alors Neil Young et le show continue.
Que s'est-il passé?
Aujourd'hui le consensus est de dire "Mais quelle bande de cons ces fans de Bob Dylan" et de défendre la cause irlandaise...
Pour ceux qui ont connu Sinead à l'époque, c'est une toute autre histoire.
Sinead est une très grande artiste engagée, hyper sensible et surtout, extrêmement instable, qui ne manque pas d'agraffer l'église catholique à chaque passage télé.
C'est pas que je tiens à défendre les cathos, je m'en fous, et je m'en fous d'autant plus que je suis catho moi-même, mais Sinead est à l'époque en croisade, telle une Jeanne D'arc moderne, contre le pape et ses évèques, et si j'apprécie la musique de la belle Sinead, je me branle les coucougnettes de sa croisade à deux balles.
Y a plus grave non?
Quelques jours avant le concert, elle passe à Saturday Night Live ou à la fin de sa prestation ("War" de Bob Marley déjà...) elle déchire la photo de Jean-Paul II...
Bon, comme je l'ai dis, je m'en cogne du pape et Sinead pareille... C'est pas eux qui vont m'aider à payer mon loyer ou nourrir les chats que je n'ai pas mais que je pourrais avoir, pourquoi pas?
Parce que j'aime les chats...
Comme Alf, pareil!
Euh non, pas comme Alf.
Bon qu'est-ce que je disais?
Ah oui Super Sinead contre Dr. Jean-Paul II-la revanche.
Revenons au soir du 16 octobre 1992, sur la scène du Madison Square Garden...
La personalité instable et sans concession de Sinead passe de moins en moins bien et son public américain comprend mal son combat.
Lorsqu'elle apparaît sur la scène, les spectateurs cathos, et également ceux qui ne supportent plus sa tronche surmédiatisée à l'époque, se mettent à siffler la chanteuse sans poil.
Son silence renforce la conviction des hueurs et je reste persuadé que si elle s'était mise à chanter "I believe in you" comme prévu, tout serait rentré dans l'ordre et qu'elle aurait été acclamée à la fin.
Au contraire, elle engage un bras de fer avec ses détracteurs qui dure et dure et dure, au point ou les simples spectateurs se mettent à huer à leur tour.
Et lorsqu'elle entame une chanson de Bob Marley, alors qu'elle est supposée rendre hommage à Dylan quand même, c'est le ponpon, la haine redouble d'intensité.
Je parlais des artistes star qui durant trois, quatre minutes, se sont effacées derrière une chanson, Sinead, elle, n'a pas pu le faire.
Son égo, sa fierté, la foi en son combat l'a mené à se ridiculiser devant des millions de gens, et le lendemain, Sinead se faisait crucifier dans tous les journaux du monde entier.
Alors oui, on peut défendre la cause Sinead, la pauvre jeune femme, se battant seule contre une organisation monstrueuse (dans tous les sens du terme d'ailleurs, n'oublions jamais les réseaux pédophilles et la montagne de fric qui a permis de couvrir les coupables) comme l'église des cathos et l'on peut trouver ridicule la haine crétine des spectateurs de ce concert, qui avaient payé cher pour assister à un chouette spectacle des chansons de Dylan chantés par leurs stars et voir également leur idole...
Oui on peut, mais pas moi...
Car c'est toujours le public qui décide, et le public a décidé, dans sa grande majorité, de ne plus acheter les disques de Sinead.
Sinead O'Connor va connaître une très très longue traversée du désert et ce n'est qu'en 2012 qu'elle va réussir son come-back et revenir au sommet, pour s'imposer comme la grande artiste qu'elle est.
Beaucoup de bruit pour rien dirait Jules Verne, alors je vous propose de revenir au Bob.
Quelques jours après le concert, Dylan allait, à son tour, décevoir son public avec son nouveau disque, un album de folk acoustique constitué de reprises...
Que voulez-vous, comme disait un autre philosophe, monsieur Mortez: "Parfois, le chemin est dur...".
© Pascal Schlaefli
Urba City
30 Décembre 2015
Du même auteur:
Serial Angel Vol.1: Anastase & Perfidule (2014-gratuit sur Itunes)
The Blacksouls (2015)
Serial Angel Vol.2: Runaway Suzi (à paraître)
Serialangel.centerblog.net
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