Autant s'y attendre, il ne se passe pas grand chose dans ce roman, c'est plutôt une ambiance qu'une aventure. De même, on n'entrera jamais dans l'intimité et la psychologie profonde des personnages, on restera toujours à la surface, aux faits, même si quelques fantômes s'invitent. Mais malgré tout, on est comme captivé par ce livre, un peu angoissé, tout en se doutant que rien de plus beau ne viendra à la page d'après.
Un père et son fils sont sur la route. Jamais nous ne connaîtrons leurs noms, leur histoire et leurs rêves. Ils avancent, toujours en suivant la route, vers le sud et l'est. Vers un but qui ne nous est pas explicité. Ils traversent des lieux désolés, où la nature est morte, les arbres brûlés, les animaux disparus, le soleil même absent. La cendre recouvre tout. Le froid pétrifie tout. Cela ressemble à un hiver nucléaire même si jamais on ne saura ce qui a réellement dévasté la terre. Nos deux héros avancent et luttent pour leur survie quotidienne : trouver de la nourriture (toujours des conserves) est un défi alors que la catastrophe semble dater de plusieurs années, s'abriter pour la nuit, ne pas tomber malade... Il faut aussi se protéger de ses semblables, hostiles et tombés dans un état de sauvagerie effrayant (cannibalisme). Tout est compliqué mais l'équipe fonctionne bien. Malgré la solitude, malgré la peur, malgré la faim. Sans détailler les rencontres et les rebondissements (assez peu nombreux et rarement étonnants), sachez tout de même qu'il y a des échanges intéressants entre le père et le fils.
Ce qui participe de ce monde sans lendemain, c'est aussi une écriture. Une écriture hachée, des phrases courtes. Il ne faut pas trop en dire, il faut conserver son souffle pour durer un peu plus. Cette mesure d'économie, appliquée à tout le roman, en fait quelque chose de très simple mais de très percutant. Une lecture qui devrait me suivre quelques temps.