Decir pan al pan, comme on dit en Argentine : "appeler le pain pain". C'est ce qu'a fait avant-hier dimanche le ministre Hernán Lombardi, en charge de la réforme des médias nationaux (radio, télévision, agence de presse ainsi que deux institutions culturelles qui lui ont été bizarrement rattachées, le centre culturel CCK et le parc scientifique et technologique saisonnier, Tecnópolis) (1), dans une interview à trois qu'il a accordée à La Nación, où il s'est fait accompagner par ses deux adjoints, Gabriela Ricardes en charge des contenus publics (Tecnópolis, le CCK, les deux chaînes culturelles Canal Encuentro et Paka Paka ainsi que la Banque Audiovisuelle de Contenus universels argentins, de son petit nom le BACUA, peu ou prou l'équivalent de l'INA en France), et Jorge Sigal, en charge des médias publics (radio, télévision, agence de presse).
Malgré une certaine hostilité, pour ne pas dire une hostilité certaine aux pratiques et même aux personnes du gouvernement précédent (2), le nouveau ministre a parlé clair et on attend bien entendu qu'il traduise ses propos en actes de gestion qui implanteront dans les faits l'ouverture et le pluralisme dont il sait très bien parler. Quoi qu'il en soit, il a le mérité d'expliquer les enjeux économiques qui sous-tendent la politique générale de ce gouvernement qui veut obtenir la démission des hauts responsables nommés par Cristina de Kirchner et qui n'acceptent pas de se mettre au service du nouveau Président, pourtant démocratiquement élu, qui pensent qu'ils ont légitimité à conserver leur ligne d'action, sous prétexte qu'ils ont été nommés pour un mandat qui court toujours, alors qu'un changement global de politique a été enclenché par un vote du peuple souverain (3).
-¿Están sentados en lo que fue el ministerio del Relato? [la entrevista se realiza en la oficina que ocupó en Tecnópolis, Javier Grosman]
-(Lombardi) Fue no sólo el ministerio del relato sino en muchos aspectos fue un aparato propagandístico muy fuerte, concentrado y unilateral que se montó durante 12 años. Y esto desde nuestro punto de vista ha sido muy pernicioso para la Argentina y también, desde mi punto de vista, para el anterior gobierno que terminó creyéndose ese propio relato y se fue alejando cada vez más de la realidad. Fue un relato muy pobre intelectualmente y en valores.
- Vous êtes assis dans ce qui fut le ministère du Récit ? (4) [L'interview se tient dans le bureau que Javier Grosman a occupé à Tecnópolis]
(Lombardi) - Cela n'a pas été que le ministère du récit. Sur de nombreux aspects, ça a été un appareil de propagande très costaud, concentré et unilatéral qu'on a monté pendant douze ans. Et ceci de notre point de vue a été très pernicieux pour l'Argentine et aussi, de mon point de vue, pour l' ancien gouvernement qui a fini par croire à son propre récit et a de plus en plus perdu le contact avec la réalité (5). Cela a été un récit très pauvre sur le plan intellectuel et en terme de valeurs (6).
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
Nuestra misión es aportar a una fuerte ampliación de la ciudadanía, donde cada argentino sea un ciudadano libre, respetuoso, con espíritu crítico, incentivado para el conocimiento y la vida en sociedad. Esto es muy distinto a construir un pensamiento único alternativo al pensamiento único dominante. Esto es que se exprese la enorme diversidad regional y de los orígenes. Nosotros debemos respetar simultáneamente el aporte de las culturas precolombinas y también el aporte de las corrientes inmigratorias. No somos lo uno o lo otro, somos lo uno y lo otro. Debemos reconocer el pensamiento de las grandes ciudades pero también el de las regiones y de los pequeños pueblos. Reconstruir un sentido auténticamente federal.
Notre mission est de contribuer à élargir [l'accès de tout] Il faut que s'exprime l'énorme diversité régionale et celle des origines. Nous devons respecter simultanément la contribution des cultures précolombiennes et aussi celle des courants d'immigration (8). Nous ne sommes pas l'un ou l'autre, nous sommes l'un et l'autre. Nous devons reconnaître la pensée des grandes villes mais aussi celle des régions (9) et des petits villages. Reconstruire un sens du fédéralisme authentique. (10) à nos concitoyens, pour que chaque Argentin soit un citoyen libre, respectueux, doté d'un esprit critique, encouragé à connaître et à vivre en société. Et ceci est très différent de construire une pensée unique alternative à la pensée unique dominante (7).
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
En cada una de las áreas la palabra federalismo está atravesando todo. Pluralismo, tolerancia, diversidad y que todas las opiniones se puedan expresar. Y otro eje va a ser la fuerte impronta de futuro. Pararnos en nuestra historia pero enamorarnos del futuro, ese es el concepto con el cual vamos a desmontar este ministerio de la propaganda. Vamos a hacer un aporte a la sociedad plural de los argentinos.
Para nosotros esto es esencial. Cada cosa concreta que hagamos va a estar impregnada de estos valores.
- (Sigal) Nosotros no solamente respetamos la diversidad porque es un derecho de las personas sino que decimos que sale de allí las cosas nuevas, de los diferentes pensamientos salen las mejores cosas.
- (Lombardi) No es sólo un concepto ético, es un concepto arquitectónico.
Dans chacun des secteurs, le mot fédéralisme touche à tout. Pluralisme, tolérance, diversité et que toutes les opinions puissent s'exprimer. Et un autre axe sera la forte empreinte du futur. Nous arrêter sur notre histoire, oui mais aussi tomber amoureux de notre futur, ça, c'est l'idée avec laquelle nous allons démonter ce ministère de la propagande. Nous allons réaliser une contribution à la société plurielle des Argentins.
Pour nous, ça, c'est essentiel. Chaque chose concrète que nous allons faire va être imprégnée de ces valeurs-ci.
(Sigal) - Nous, nous n'allons pas respecter la diversité uniquement parce que c'est un droit de la personne. Non, nous disons que c'est de là que sortent les idées nouvelles. Des modes de pensée différents, c'est le meilleur qui sort.
(Lombardi) - Ce n'est pas qu'une idée éthique, c'est une idée architectonique.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
-¿Qué va a pasar con Tecnópolis?
-(Ricardes) Tecnópolis es un parque de arte, ciencia y tecnología, que va a continuar con sus muestras como estaba previsto. En líneas generales, las muestras empezaban en julio y terminaban en noviembre. Se va a empezar a trabajar ahora con los socios que tiene el parque, los ministerios de Ciencia, Educación y Cultura en las nuevas muestras. Vamos a trabajar en un parque que no sea un organismo de propaganda de entes gubernamentales sino que tienda a mostrar el enorme potencial, la creatividad y la innovación de los argentinos. También vamos a buscar asociaciones estratégicas con otros parques similares en el mundo. Y además esperamos darle una itinerancia en el interior del país con asociaciones con diferentes provincias, que puedan articular también con actores locales.
-(Lombardi) El concepto de modernidad. Este va a ser un lugar donde se pueda exhibir el futuro. Este año en particular va a estar dedicado a la celebración del bicentenario. Tanto el CCK como Tecnópolis tendrán una enorme interrelación con los medios audiovisuales, va a ser un polo de creación de contenidos.
- Que va-t-il se passer à Tecnópolis ?
(Ricardes) - Tecnópolis est un parc à thème autour de l'art, de la science et de la technologie qui va continuer avec ses expositions comme c'était prévu. En ligne générale, les expositions commençaient en juillet et se terminaient en novembre. On va travailler avec les partenaires du parc, les ministère des Sciences, de l'Education et de la Culture sur les nouvelles expositions. Nous allons travailler sur un parc qui ne soit pas un organisme de propagande d'institutions gouvernementales mais qui tendent à montrer l'énorme potentiel, la créativité et l'innovation des Argentins. Nous allons aussi chercher des associations stratégiques avec d'autres parcs similaires dans le monde (11). Et en plus, nous espérons le rendre itinérant dans l'intérieur du pays en partenariat avec différentes provinces, des partenariats qui puissent aussi s'articuler avec des acteurs locaux.
(Lombardi) - L'idée de modernité. Ce parc va devenir un lieu où on pourra exposer le futur. Cette année en particulier va être consacrée à la célébration du bicentenaire (12). Tant le CCK que Tecnópolis auront une énorme interaction avec les médias audiovisuels. Ce sera un pôle de création de contenus.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
-¿Los presupuestos que cada uno de estos entes se van a mantener?
-(Lombardi) Son los que están votados en la ley de presupuesto. En todos los casos hay un sistema laberíntico donde hay recursos que provienen de distintos ministerios. Eso no es solamente mucha desorganización sino también muy poca transparencia. Hay que hacer un trabajo de orfebre para rescatar y ordenar todas las partidas. En los últimos 15 días estuvimos trabajando en ese ordenamiento.
- Les budgets de chacune de ces entités vont être maintenus ?
(Lombardi) - Ce sont ceux qui ont été votés dans la loi du budget. Dans tous les cas, il y a un système labyrinthique où les ressources proviennent de différents ministères. Tout ça, ce n'est pas seulement beaucoup de désorganisation mais aussi une bien faible transparence. Il y a un travail d'orfèvre à faire pour préserver et ordonner toutes les participations. Au cours des quinze derniers jours, nous n'avons pas cessé de travailler sur cette mise en ordre.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
-Con no menos de 5000 trabajadores en todos los medios y áreas, el personal es otro gran capítulo para el nuevo ministerio
-(Lombardi) Obviamente, el de los recursos humanos es un gran capítulo que atraviesa todo. Sobre todo en el sistema de medios, vamos a rescatar a gente muy profesional, muy valiosa que tiene muchos años de trabajo, que ha convivido con una politización extrema que se generó en los últimos años y casi te diría en los últimos meses. Nada de eso va a tener lugar dentro del sistema. Todo el que trabaja tiene que estar muy tranquilo, que se va a respetar su trabajo. Y todo el que no trabaja, tendrá que estar bien intranquilo porque no se va a respetar su condición de ñoqui.
- Avec pas moins de 5000 salariés dans tous les médias et les secteurs, le personnel est l'autre grand poste pour le nouveau ministère.
(Lombardi) - C'est clair. Le poste ressources humaines est un poste important qui touche à tout. Surtout dans l'organisation des médias, nous allons préserver des gens très professionnels, très précieux, qui ont derrière eux beaucoup d'années de travail qui ont cohabité avec l'extrême politisation de ces dernières années et même, serais-je tenté de dire, des derniers mois. Rien de tout cela ne se produira dans ce groupe. Tous ceux qui travaillent doivent être tranquilles, on va respecter leur travail. Et tous ceux qui ne travaillent pas, ils ont du souci à se faire parce qu'on ne va pas respecter leur qualité de tire-au-flanc.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
-¿Qué va a pasar con el CCK?
-(Ricardes) Es una situación diferente de la de Tecnópolis porque es un organismo que, digamos, nació prematuramente y en el que convivían los ministerios de Planificación y Cultura. Tiene estructuras paralelas, áreas que no se articulan y todo eso se ve reflejado en una artística que para nuestra manera de ver no está a la altura de un centro cultural que tiene que ser un faro para América latina. Además, todo se financia a través de las universidades. No hay estructura, no hay organigrama, no hay director ni gente de carrera. Hay que crear toda esta estructura para empezar a pensar. Barajar y dar de nuevo. Así como funciona no lo hace bien, hay mucho dinero público que se invirtió en esto y amerita una nueva mirada. No hay un concepto de programación ni curatorial ni de muestras. Los espacios conviven programados caóticamente, de diferentes áreas, artes y personas.
-(Lombardi) El CCK no tuvo hasta ahora director. Que un organismo cultural no tenga director es muy sintomático del desorden porque es quien debe impregnar con su visión el organismo.
-(Ricardes) Por otro lado, es un espacio que mucha gente no conoce y más allá de la anécdota del nombre creo que eso se debe a que no se trabajó para desarrollar una política de contenidos y cultural, sino que se tomó más que nada como un bastión de la cultura militante que resulta muy expulsiva para una enorme cantidad de ciudadanos. Creemos que esto se debe revertir, que es un centro cultural maravilloso y que hay que empezar a trabajar en el diálogo que no tuvo en su nacimiento. Eso va a ser un enorme trabajo.
- Que va-t-il se passer au CCK ?
(Ricardes) - C'est une situation très différente de celle de Tecnópolis parce que c'est un organisme qui, si je puis dire, est né prématuré et dans lequel cohabitaient les ministères de la Planification (13) et de la Culture. Il a des structures parallèles, des secteurs qui ne s'articulent pas entre eux et tout ça se reflète dans une politique artistique qui, selon notre façon de voir les choses, n'est pas à la hauteur d'un centre culturel qui doit être un phare pour l'Amérique latine. Qui plus est, tout est financé à travers les universités. Il n'y a pas de structure, il n'y a pas d'organigramme, il n'y ni directeur ni personnel professionnel. Il faut créer toute cette structure pour commencer à penser. Mélanger les cartes et les redistribuer. Tel que ça fonctionne en ce moment, ce n'est pas bon. Beaucoup d'argent public a été investi et ça mérite qu'on y regarde de plus près. Il n'y a pas d'idée générale de programmation, ni de conservation ni de commissariat pour les expositions. Les espaces font cohabiter des programmes chaotiques, de secteurs différents, d'arts et de personnes.
(Lombardi) - Le CCK n'a encore jamais eu un directeur. Qu'un organisme culturel n'ait pas de directeur est très symptomatique d'un désordre parce qu'il faut bien quelqu'un pour imprégner le lieu de sa vision des choses.
(Ricardes) - D'un autre côté, c'est un espace que beaucoup de gens ne connaissent pas et au-delà de l'anecdote du nom [qui lui a été donné, celui de Néstor Kirchner, NdT], je crois que cela est dû au fait qu'aucun travail n'a été fait pour développer une politique culturelle et de contenus, mais que [le centre] a été pris surtout comme un bastion de la culture militante qui se révèle très excluante pour une énorme quantité de nos concitoyens. Nous croyons qu'il faut retourner la situation, que c'est un centre culturel merveilleux et qu'il faut commencer à travailler dans le dialogue qui n'a pas eu lieu à sa naissance. Cela va être un travail énorme.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
Dans le paragraphe suivant, sur une suggestion du journaliste, qui ne brille pas par sa pugnacité, reconnaissons-le, mais flirte plutôt avec la flagornerie, Hernán Lombardi donne un exemple de réussite qui n'aurait pas coûté aussi cher que l'exorbitant CCK : le travail qu'il a lui-même réalisé à La Boca, avec la Usina del Arte, quand il était ministre de la culture du Gouvernement portègne, et qui aurait pu être dupliqué dans toutes les provinces pour le prix investi dans les travaux du CCK. Ce manque d'humilité dévalorise passablement son propos pourtant intéressant...
-¿Estuvo tomado el edificio del CCK por los trabajadores?
(Ricardes) No, hicieron un abrazo por una defensa de la gratuidad, que aprovechamos para aclarar que no está en juego, y del nombre. Son dos temas que no están en la agenda: el nombre es un tema del Congreso y la gratuidad se va a mantener. Tuvimos una charla con los trabajadores y no hay demasiados problemas. Sí hay incertidumbre por la modalidad de contratación. Contratos que nosotros revisaremos en función del proyecto que el centro cultural va a tener. Entendemos que están contratados de manera precaria
(Lombardi) El 95% no tiene más de cinco o seis meses de contrato. Esos contratos vencen el 31 de diciembre.
- Le bâtiment du CCK a-t-il été occupé par son personnel ?
(Ricardes) - Non, il a manifesté pour défendre la gratuité [des activités publiques], ce dont nous avons profité pour expliquer que ce n'était pas remis en question, et pour défendre la dénomination. Ce sont deux points qui ne sont pas à l'ordre du jour : la dénomination dépend du Congrès et la gratuité, on va la maintenir. Nous avons eu une discussion avec les salariés et il n'y a pas trop de problèmes. Ce qu'il y a, c'est de l'incertitude à cause de la modalité de recrutement. Des contrats de travail que nous allons revoir en fonction du projet qui sera celui du Centre culturel. Nous avons compris que les gens avaient été embauchés sur des bases précaires.
(Lombardi) - 95% d'entre eux ont un contrat qui ne dépasse pas les 5 ou 6 mois. Ces contrats prennent fin le 31 décembre.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
- ¿Qué pasará con Encuentro, Paka Paka y DeporTV?
(Ricardes) Educar es un ente que compartimos con el Ministerio de Educación. Ese ministerio va a seguir ocupándose del contenido específico para estudiantes, padres y educadores. Y los canales de televisión son de nuestra responsabilidad. Vamos a continuar con los tres canales, vamos a revisar las grillas de contenidos, vamos a rescatar los ciclos que nos parezcan interesantes y vamos a aportar otras miradas.
(Lombardi) La semana que viene presentaremos al equipo que encabezará estos canales. Seguramente circularán contenidos de estos y otros medios dentro del sistema. Nosotros tenemos una visión positiva de Encuentro, más allá de cierto sesgo que tiñó todo en los últimos meses.
- Que se passera-t-il avec Canal Encuentro, Paka Paka et DeporTV ? (14)
(Ricardes) - Educar est une structure que nous partageons avec le Ministère de l'Education. Ce ministère va continuer à s'occuper du contenu spécifique pour les étudiants, les parents et les éducateurs. Et les chaînes de télévision relèvent de notre responsabilité. Nous allons continuer avec les trois chaînes, nous allons revoir les grilles de programmation, nous allons conserver les émissions qui nous paraissent intéressantes et nous allons apporter d'autres contributions, avec un autre regard.
(Lombardi) - La semaine qui vient, nous présenterons l'équipe qui sera à la tête de ces chaînes. Ce qui est sûr, c'est que leurs contenus et ceux d'autres médias circulerons à l'intérieur du système. Nous avons une vision positive de Canal Encuentro, au-delà d'une certaine distorsion qui a tout déformé ces derniers mois.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
-¿Cómo se va a resolver la cuestión del directorio de Radio y Televisión Argentina (RTA), que se rige por la ley de medios?
(Lombardi) Estamos hablando de Canal 7, Radio Nacional sus FM y las 50 emisoras que la integran en todo el país. En la ley de medios audiovisuales está claro qué es RTA, sus objetivos y cómo se compone su directorio, que tiene siete miembros. Dos son designados por el Poder Ejecutivo, tres por el Congreso, uno por las universidades y otro por los trabajadores (estos últimos son a su vez designados por el Consejo Federal de Comunicación Audiovisual). Fueron designados hace dos años con un mandato de cuatro años. ¿Con qué filosofía encaramos esta transformación? Nosotros estamos convencidos de que hay que darle al sistema la combinación de mantenimiento de las cosas buenas que se hicieron y corrección de las malas. Esto significa un recambio institucional dentro de la misma organización. Aspiramos a que todo el mundo reflexione y permita este cambio, que dará continuidad a RTA.
El Ejecutivo tiene sólo dos directores. Uno ya renunció, que es Tristán Bauer. Falta el ingeniero Alberto Cantero, con quien me voy a reunir mañana y al que ya le hemos pedido un paso al costado. Lo que estamos pidiendo que nos dejen designar a los dos directores del Ejecutivo para darle continuidad a las cosas buenas que se hicieron.
- Comment va se résoudre le problème de la direction de Radio et Télévison Argentines (RTA) qui est régi par la loi des médias ? (15)
(Lombardi) - Nous parlons là de Canal 7, Radio Nacional, ses modulations de fréquence et ses 50 antennes locales dans tout le pays. Dans la loi sur les médias audiovisuels, ce que sont RTA, ses objectifs et la manière dont se compose son comité directeur, de sept membres, c'est très clair. Deux sont désignés par le pouvoir exécutif, trois par le Congrès, un par les universités et un autre par les [représentants des] salariés (lesquels sont désignés de leur côté par le Conseil fédéral de communication audiovisuel). Ils ont été désignés il y a deux ans pour un mandat de quatre ans. Quelle est notre philosophie pour envisager cette transformation ? Nous sommes convaincus qu'il faut donner au système une combinaison entre le maintien des bonnes choses qui ont été faites et la correction des mauvaises. Cela entraîne un changement institutionnel profond à l'intérieur de l'organisation elle-même. Nous souhaitons que tout le monde réfléchisse et permette ce changement qui fera que RTA continue.
L'Exécutif n'a que deux directeurs. L'un a déjà démissionné, c'est Tristán Bauer. Pas l'ingénieur Alberto Cantero (16), avec lequel je vais avoir une entrevue demain et à qui nous avons demandé de se retirer. Ce que nous demandons, c'est qu'ils nous laissent désigner les deux directeurs de l'Exécutif pour continuer les bonnes choses qu'ils ont faites.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
-Pero si Cantero no renuncia, ¿Podrían intervenir RTA como se hizo con la Afsca y la Aftic?
(Lombardi) Hay varios mecanismos legales, uno de esos es ese. Nosotros instamos a todo el mundo a que sea razonable. Esto es central para los pasos posteriores, para la designación de las autoridades en Canal 7 y Radio Nacional. Creo que son importantes los hechos se dieron estos días, aún antes de asumir: la renuncia de Bauer, de la directora de Radio Nacional, María Seoane, y los gerentes del noticiero en Canal 7, Carlos Figueroa -que había sido jefe de campaña de Mariano Recalde- y Víctor Taricco. También se fue el presidente de Telam, Fabián Rodríguez. Y a todo esto se suma que el grupo Indalo decidió retirar 6,7,8, que era un programa suyo.
Con esto ya se empieza a sentir el recambio institucional, con lo cual además estamos ahorrando cuantiosas indemnizaciones y costos al Estado. Hay que tener mucho cuidado con esto. Con firmeza y paciencia hemos venido logrando estos objetivos.
- Mais si Cantero ne démissionne pas, pourriez-vous prendre le contrôle direct de RTA comme cela s'est fait à la AFSCA et la AFTIC ?
(Lombardi) - Il y a plusieurs mécanismes légaux, dont celui-là. Nous demandons instamment à tout le monde de se montrer raisonnable. C'est crucial pour les démarches postérieures, pour la désignation des dirigeants à Canal 7 et Radio Nacional. Je crois que les faits qui ont eu lieu ces jours derniers, avant même l'investiture du gouvernement, sont importants : la démission de Bauer, de la directrice de Radio Nacional, María Seoane, et les directeurs de service du journal télévisé de Canal 7, Carlos Figueroa, qui avait été directeur de campagne de Mariano Recalde- (17) et Víctor Taricco. Le président de Télam, Fabián Rodríguez, est parti lui aussi. Et à tout ça, il faut ajouter que le groupe Indalo s'est décidé à retirer 6,7,8, qui était l'un de ses programmes (18).
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
-Pero hay quienes siguen resistiendo...
-(Lombardi) Todas estas patrullas perdidas se engloban en un concepto muy equivocado y de baja comprensión del tiempo que estamos viviendo. Detrás de todo esto está la idea de resistencia. La resistencia peronista se hizo del 55 al 73 considerando que Perón estuvo proscripto y luego al régimen dictatorial del 76 al 83. Entendemos el concepto de resistencia pero es anacrónico y ética y políticamente bajísimo hacerle resistencia al gobierno constitucional de los argentinos, que asumió hace dos semanas. ¿De qué resistencia están hablando? ¿Resistencia a la voluntad popular, a la democracia, a la república? Es intolerable. No pueden existir estas patrullas perdidas. Es una cosa escandalosa que hemos naturalizado.
- Mais il y en a qui continuent à résister...
(Lombardi) - Tous ces combats pour des causes perdues se retrouvent dans une conception très erronée, dans une très mauvaise compréhension de l'époque que nous sommes en train de vivre. Derrière tout ça, il y a l'idée de résistance. La résistance péroniste a existé de 1955 à 1973 puisque Perón était proscrit et ensuite contre le régime dictatorial de 1976 à 1983. Nous comprenons l'idée de résistance mais elle est anachronique et sur le plan éthique et politique, ça n'est vraiment pas très relevé de faire de la résistance contre le gouvernement constitutionnel des Argentins, qui est entré en fonction il y a deux semaines. De quelle résistance parlent-ils ? Résistance à la volonté populaire, à la démocratie, à la république ? C'est intolérable. Ces combats pour des causes perdues, ça ne doit pas exister. C'est une chose scandaleuse à laquelle nous nous sommes faits.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
-(Sigal) Nosotros reclamamos como actitud para gobernar la posibilidad de cambiar las cosas porque no estamos de acuerdo con muchas de las que se hicieron. Por eso la ciudadanía decidió cambiar la administración del Estado. En el área que me toca a mi estamos frente a lugares que se han distorsionado. La Radio Nacional, el canal oficial y la agencia Télam no son lugares para irradiar propaganda partidaria. Allí tienen que estar representada la sociedad argentina. En los medios públicos no hubo debate. Debatir no es bajar línea, es escuchar, responder y llegar a una síntesis.
Inevitablemente, para montar algo nuevo hay que desmontar cosas viejas. Ahí tenemos un trabajo fuerte, yo soy muy consciente de lo que significa este anquilosamiento y retraso que ha habido en los medios del Estado.
-(Ricardes) Escuchamos periodismo, cultura y ciencia militante, como si todo eso bien hecho no fuera militante por sí mismo. ¿Cómo no creer en el poder revolucionario del arte y la cultura cuando está bien ejercida?
-(Sigal) Una sociedad plural existe si vos respetás todas las voces. La homogeneidad no es democrática. Son cosas muy elementales pero se han convertido en extrañas. Nosotros no venimos a construir un contrarrelato, que sería absurdo.
(Sigal) - Pour gouverner nous revendiquons la possibilité de changer les choses parce que nous ne sommes pas d'accord avec beaucoup de celles qui se sont faites. C'est pour cette raison que nos concitoyens ont décidé de changer la politique à la tête de l'Etat. Dans le secteur qui me concerne, nous sommes face à des institutions qui ont été distordues. Radio Nacional, la chaîne publique et l'agence Télam ne sont pas des institutions destinées à diffuser de la propagande de parti. C'est là que la société argentine doit se voir représentée. Dans les médias publics, il n'y a pas eu de débat. Débattre, ce n'est pas mettre son drapeau dans la poche, c'est écouter, répliquer et parvenir à une synthèse.
Inévitablement, pour monter quelque chose de nouveau, il faut démonter des choses anciennes. Et là-dessus, nous avons beaucoup de travail, je suis très conscient de ce que signifie cette ankylose et de retard qu'il y a eu dans les médias de l'Etat.
(Ricardes) - Nous écoutons les journalistes, les hommes de culture et les scientifiques qui militent, comme si tout cela, quand c'est bien fait, ce n'était pas du militantisme en soi. Comme ne pas croire au pouvoir révolutionnaire de l'art et de la culture quand elle est bien exercée ? (19)
(Sigal) - Une société plurielle existe si tu respectes toutes les voix. L'homogénéité n'est pas démocratique. Ce sont des choses très élémentaires mais elles se sont transformées en bizarreries. Nous, nous ne venons pas construire un contre-récit, ça serait absurde.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
-¿Cuáles son los modelos a seguir en la radio y televisión públicas?
-(Lombardi) Nosotros aprendemos de todos. Podemos aprender de la TV francesa, la BBC o la TV Nacional de Chile, que son modelos distintos entre sí, pero que se pueden adaptar a la realidad y la idiosincrasia argentinas. Nosotros tenemos que operar sobre la realidad argentina, que es distinta de la francesa, la británica o la chilena. Una cosa que sí vamos a hacer es un manual de estilo de los medios públicos, cuya redacción vamos a encargar a un consejo de intelectuales.
-(Sigal) Necesitamos recuperar el objetivo de los medios públicos que estuvo adormecido detrás de la propaganda. La propaganda te convierte en un sujeto pasivo. La idea del periodismo militante subestimó al periodista, al que deja sin la capacidad de pensar por cuenta propia. Eso es una aberración. Es la idea que se instaló la ex presidenta, la idea de que el periodista es alguien comprable por unos pesitos.
- Quels sont les modèles que la radio et la télévision publiques devraient suivre ?
(Lombardi) - Nous, nous apprenons de tout le monde. Nous pouvons apprendre de la télé française, de la BBC ou de la télé nationale du Chili, qui sont des modèles différents l'un de l'autre, mais qui peuvent être adaptés à la réalité et aux particularités argentines. Nous devons opérer sur la réalité argentine, qui est différente de la réalité française, britannique ou chilienne. Une chose que nous allons faire, là c'est clair, c'est un manuel avec des règles de conduite des médias publics dont nous allons confier la rédaction à un conseil d'intellectuels.
(Sigal) - Nous avons besoin de maîtriser la raison d'être des médias publics qui s'est endormie derrière son rideau de propagande. La propagande te transforme en un sujet passif. L'idée du journalisme militant sous-estime le journaliste, qu'il prive de sa capacité à penser par lui-même. Et ça, c'est une aberration. C'est l'idée dans laquelle s'est installée l'ex-présidente, l'idée que le journaliste c'est quelqu'un qu'on peut acheter avec quelques sous. (20)
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
-¿Es posible hacer periodismo desde el Estado?
-(Lombardi) Es una pregunta filosófica. Nosotros creemos que sí, es posible desde lo público no desde lo gubernamental.
-(Ricardes) Es otra también la misión, la difusión de otra información o de realidades locales que los medios privados no cubren.
- Est-il possible de faire du journalisme dans des organismes d'Etat ? (21)
(Lombardi) - C'est une question philosophique. Nous, nous croyons que oui, c'est possible dans un système public, pas au sein d'un gouvernement.
(Ricardes) - C'est aussi que la mission est différente, il s'agit de diffuser une autre information, parler de réalités locales que les médias privés ne couvrent pas.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
lire l'article de La Nación sur l'analyse du ministre de l'Intérieur sur la situation à l'AFSCA, la haute autorité fédérale de l'audiovisuelle reprise en main directement par le Gouvernement obligé de révoquer un directeur qui entendait faire de la résistance depuis ses fonctions
lire l'éditorial de lundi, signé par Horacio González . L 'ex-directeur de la Bibliothèque nationale, qui ne mentionne même plus cette fonction alors que son remplaçant, Alberto Manguel , n'arrive qu'en juillet, y répond indirectement à Hernán Lombardi. Cet article s'avère très pénible à lire à cause d'une langue de bois très épaisse dont abuse ce sociologue, qui savait pourtant être clair et intéressant avant l'alternance. Il en découle une argumentation incompréhensible, où il peine à justifier l'emploi du concept de "résistance" dans le contexte pleinement démocratique qui est aujourd'hui celui de l'Argentine.
Vous pouvez lire aussi l'article d'aujourd'hui, dans La Nación, sur les contrats 2016 de quelques vedettes kirchneristes de Radio Nacional. C'est tristement édifiant sur la manière dont certaines personnes ont abusé (mais les mêmes injustices se produisent aussi par chez nous pour les vedettes du micro qui absorbent l'immense part de la masse salariale au détriment des travailleurs plus modestes mais néanmoins indispensables à la bonne marche de l'ensemble).
(1) Ce rattachement est un peu étrange. Certes ce sont deux institutions qui ont été fondés par le gouvernement précédent et ont servi d'écrin à une certaine propagande kirchneriste pendant que les activités similaires dans l'opposition servait à la communication inverse. Mais il y en a d'autres, comme la Casa del Bicentenario para exemple et elle a elle aussi servi de support à beaucoup de propos typiquement kirchneristes. Alors pourquoi ces deux-là alors que tout le reste est resté dans l'escarcelle du ministre de la justice. Pour moi, jusqu'à présent, c'est mystère et boule de gomme !
(2) Il a en particulier employé des expressions très méprisantes en parlant de traque aux ñoquis (pour désigner des employés payés à ne rien faire, dans ce qui s'apparente à des accusations d'emplois fictifs) et, sur suggestion du journaliste, qui se montre assez complaisant avec ses interlocuteurs, il s'est livré à des généralisations vexatoires, en suggérant qu'il y aurait eu des malversations partout dans les différents organismes dont il a maintenant la charge tout en avouant qu'en fait, il n'en sait rien. Il a répondu en trois phrases, la première aurait été suffisante. Jugez-en plutôt :
-¿Podría haber hechos de corrupción?
(Lombardi) Si hubieran conductas penales, serán derivadas a la Justicia inmediatamente. En todos estos lugares las podría haber. No nos gusta prejuzgar, pero damos la certeza que si las hubiera irán a la Justicia. (La Nación).
Tandis qu'avec ces trois phrases, il a tendu une perche merveilleuse à Horacio González qui s'est empressé de répondre sur Página/12 aujourd'hui.
(3) Il y a ici une très mauvaise interprétation de la hiérarchie des actes politiques de la part de certains membres de l'ancienne majorité. En démocratie, dans un Etat de droit, l'acte politique souverain par excellence, c'est celui du corps électoral et non pas celui d'un mandataire passé qui ne peut pas prolonger son action au-delà de la durée de son mandat par nomination interposée (cette dernière solution relève de l'Ancien Régime, sous lequel la souveraineté revient non pas à la Nation, qui s'exprime à travers le corps électoral, mais au Prince, qui n'est responsable devant personne, sauf devant Dieu lorsqu'il s'agit d'une monarchie de droit divin). On a ici un nouvel exemple de cette confusion si fréquente en Argentine entre Etat et Gouvernement, une confusion que Hernán Lombardi a le mérite de dénoncer depuis le premier jour et sans varier dans la clarté des concepts qu'il manie.
(4) Le récit en question, c'est la version de l'histoire du pays proposée par Cristina de Kirchner, une vision marquée au sceau de l'idéologie, donc qui tord la réalité dans un sens précis, et qui a été et reste partagée par une bonne partie de l'opinion publique. Depuis les élections primaires d'août, ce récit s'est d'ailleurs radicalisé en accentuant les divisions entre les Argentins au point que des gens jusqu'alors plutôt favorable à Cristina de Kirchner ont fini par s'en détacher et il semble que ses aspects les plus caricaturaux ont été révélés par la modération de la nouvelle majorité après le second tour. Ce récité épouse bien souvent les thèses de ce qu'on appelle en Argentine le revisionismo, courant idéologique qui a son propre institut national, fondé par Pacho O'Donnell, qui l'a abandonné il y a quelques mois parce qu'il lui semblait que la ligne politique tournait un peu trop au consensus. Au long des trois mandats kirchneristes, Pacho O'Donnell a plutôt durci ses positions, au point d'avoir aujourd'hui une mentalité qui frise la guerre civile. Ce n'est pas bon signe à l'issue d'une période politique qui se vante d'avoir renforcé la démocratie.
(6) Très pauvre, c'est peut-être exagéré. C'est moins riche qu'un vrai pluralisme, c'est sûr, mais ça a indéniablement de la tenue et de la cohérence. Voilà un jugement de valeur qu'il aurait mieux valu ne pas prononcer, il ne fait que raidir l'opposition en la méprisant.
(7) Or c'est précisément de cette manière que s'envisage le revisionismo par exemple, comme une alternative à l'histoire mitriste (de Bartolomé Mitre, 1821-1906). Comme si l'évolution de l'histoire aujourd'hui devait se construire comme une alternative à une conception des choses qui remonte à 1860... Et c'est aussi cette substitution d'une pensée unique par une autre pensée unique que l'opposition continue de craindre avec ce changement de majorité. Avec les nominations extrêmement brillantes qui ont été faites dans le secteur culturel, ce risque me paraît s'éloigner à grands pas. D'autant qu'est sans doute arrivée l'époque où l'Argentine peut s'élever au rang d'une démocratie mûre quand elle a un Pape qui jette sur elle la lumière depuis Rome. Et un tel projecteur sur soi, ce n'est pas n'importe quoi pour un pays qui a une aussi haute opinion de lui-même que l'Argentine. Il faut être à la hauteur. Visiblement, Macri en a conscience et on se souvient de ce que la même situation avait provoqué en Pologne jusqu'au dernier souffle de Jean-Paul II (même si maintenant, dix ans après sa mort, ce bel élan retombe...)
(8) Allusion essentiellement à la grande vague migratoire des années 1880-1930 mais il y a eu aussi de l'immigration tout au long de l'histoire argentine, depuis les années 1520 jusqu'à aujourd'hui. L'un des pères de l'Argentine indépendance, Manuel Belgrano (1770-1820), était le fils d'un Italien.
(9) En dehors de la mégalopole qu'est le Gran Buenos Aires avec ses 11 millions d'habitants, l'Argentine se compose de cinq grandes régions géo-culturelles que j'ai personnellement voulu respecter dans mon recueil, Contes animaliers d'Argentine, paru en juin 2015 ( Editions du Jasmin) : le nord-ouest (autour de Tucumán, Salta et Jujuy, premier noyau de présence chrétienne dans l'actuelle Argentine), le nord-est appelé aussi Litoral ou Mesopotamia entre les fleuves Paraná et Uruguay, marqué par les républiques agraires et largement métissées des Missions jésuites (Entre Ríos, Corrientes et Misiones), le Centre ou les Pampas avec les Provinces actuelles de Santa Fe, Buenos Aires, La Pampa et Córdoba, Cuyo autour de Mendoza, San Juan et San Luis et l'immense Patagonie qui va jusqu'au cercle polaire avec la Tierra de Fuego. A chacune de ces régions correspondent des musiques spécifiques, bien reconnaissables, des spécialités gastronomiques, des événements historiques marquants, des productions agricoles qui dépendent du paysage et du climat, donc des modes et des rythmes de vie différents...
(10) Cela semble être déjà la réalité au moins sous des aspects non directement culturels. Je n'ai pas souvenir d'avoir vu Cristina aller visiter des provinces sinistrées s'il ne s'agissait pas de provinces qui lui étaient proches, par des liens personnels ou des liens politiques. Je ne me souviens pas de l'avoir vu visiter une province dont le Gouverneur ne soit pas dans son alliance ou son parti. En quinze jours depuis son investiture, Mauricio Macri s'est rendu dans trois provinces affectées par des catastrophes sociales ou naturelles sans s'arrêter à des considérations partisanes. C'est une rupture avec la pratique précédente.
(11) Si cela se fait, ce sera une véritable et profonde rupture. L'Argentine officielle sous les Kirchner était très autarcique dans ces domaines comme en d'autres. Ce qui est très péroniste. A ceci près que Perón a gouverné en pleine guerre froide et au tout début de l'existence de l'ONU, ce qui est un contexte très différent de celui qui prévaut aujourd'hui.
(12) 2016 sera la dernière année des six au cours desquelles l'Argentine aura célébré sa révolution et son indépendance. Le 9 juillet 2016, ce sera le bicentenaire de la Déclaration d'indépendance (votée à Tucumán). Le 15 janvier 2017, on fêtera sans doute celui du départ de la plus grande épopée de cette période fondatrice, le départ de l'Armée des Andes, sous la conduite de José de San Martín. Il va falloir voir comment l'Argentine va célébrer le bicentenaire de la victoire de Chacabuco, le 12 février 2017. La bataille s'est produite sur le sol chilien, à quarante kilomètres environ au nord de Santiago. En tout cas, pour la nouvelle majorité, c'est une occasion qu'elle n'espérait même pas avoir de mettre sa marque sur ces célébrations à si haute valeur symbolique pour un jeune pays.
(13) Ce ministère n'existe plus dans l'actuel organigramme gouvernemental.
(14) Canal Encuentro est la chaîne de télévision culturelle généraliste. Paka Paka une chaîne culturelle et éducative pour les enfants. DeporTV est la chaîne de télévision consacrée au sport.
(15) Ley de medios : une des lois les plus emblématiques du gouvernement précédent, qui s'efforce de limiter la constitution de groupes hégémoniques dans le monde des médias et des fournisseurs d'accès Internet. Le Président Macri a d'ores et déjà annoncé qu'il voulait lui apporter des modifications profondes, voire la rendre tout à fait inefficace et revenir à la situation antérieure. C'est en tout cas ce que le Groupe Clarín, encore et toujours hégémonique, attend de lui pour prix du soutien à sa campagne électorale.
(16) En Argentine, on donne toujours leur titre universitaire aux gens. Ingeniero est ici l'un de ces titres. Mauricio Macri porte lui-même ce titre.
(17) Mariano Recalde a été le candidat au Gouvernement portègne. Jusqu'au 10 décembre 2015, il était aussi le PDG d'Aérolineas Argentinas. Vous voyez un peu le cumul des fonctions ! Qu'on ne nous dise pas après ça que Radio Nacional était un bastion du pluralisme en Argentine, comme osait le prétendre María Seoane dans une note de service que j'ai lue il y a deux ans et demi, après des élections de mi-mandat, pendant que j'attendais un journaliste dans un couloir : elle y félicitait le personnel d'avoir su rendre compte des résultats en respectant l'indispensable pluralisme. Je n'en croyais pas mes yeux.
(18) 6,7, 8 était un programme de débat tous les soirs en semaine mais un débat entre des participants tous d'accord sur le fond pour soutenir la politique de Cristina Kirchner et ridiculiser l'opposition. C'était censé être une émission de réflexion sur la manière dont les médias rendaient compte de l'actualité. Parmi les participants réguliers, il y avait la journaliste de Página/12, Sandra Russo, qui a écrit l'une des biographies de Cristina de Kirchner, il y a quatre ans. J'ai regardé une ou deux fois l'émission : c'était vif et plein d'esprit (d'esprit méchant) et il est sûr qu'à la longue, tous les soirs du lundi au vendredi, et encore plus si vous étiez du bord opposé, cela ne pouvait que devenir très vite absolument insupportable. L'émission a été diffusée à l'antenne pour la dernière fois mercredi dernier et dimanche, les animateurs vedettes se sont retrouvés dans un parc de Buenos Aires en plein air pour faire une nouvelle émission, non diffusée, mais qui a rassemblé une foule de militants kirchneristes. La page Facebook de l'émission est d'ailleurs toujours alimentée et conserve son ton querelleur et clivant.
(19) Cela peut faire sourire de voir des gens classés à droite dire cela mais c'était l'analyse que faisait déjà Georges Pompidou, grand connaisseur de l'art contemporain, lorsqu'il était président de la République, installé dans un conservatisme tranquille sans une once de pensée de gauche...
(20) Quel mépris ! Il y a pourtant beaucoup de journalistes kirchneristes ou péronistes ou plus globalement de gauche ou anti-libéraux qui le sont non pas parce qu'ils ont été achetés mais parce que ce sont leurs convictions. C'est très grave de dire que les autres expriment une pensée adverse parce qu'on les a achetés. Or c'est une théorie qui était déjà celle de l'opposition avant les élections. Sur ce point, ils n'ont pas changé.
(21) C'est intéressant qu'un journaliste de La Nación pose la question. Comme si les journalistes qui travaillent dans les grands médias publics en Europe par exemple étaient contraints de travailler à la soviétique ou à la chinoise. Il a beau de se réclamer de l'ouverture, ce bonhomme n'a même pas pris la peine d'étudier la manière dont ses confrères étrangers excercent leur métier. Ce n'est pourtant pas difficile de s'informer. Il lui suffirait de s'informer auprès des correspondants à l'étranger de la rédaction (Elisabetta Picqué, à Rome, pour ne citer qu'un nom) et d'étudier un tout petit peu les sites Internet de RTVE (sans sortir de l'espagnol), de la RAI (l'italien, ce n'est pas bien difficile pour un Argentin) ou d'aller regarder du coté de la BBC ou des radio-télévisions irlandaise, belge, française, autrichienne, etc. Il est aussi recroquevillé derrière les frontières nationales que les kirchneristes qu'il déchire à belles dents et avec tant de gourmandise malsaine.