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Un peu d'histoire pour commencer. La fée Carabosse se serait-elle penchée sur le berceau de cette "fille aux yeux d'émail" dont on fit le sous-titre du ballet?
Accrochez vous, l'histoire de Coppélia vaut son pesant de cacahuètes!
Deux mois à peine après la première, en présence du couple impérial, discutable pour certains, triomphale pour d'autres, le 25 mai 1870, la guerre éclate avec la Prusse, Paris est assiégé et les théâtres fermés.
Le 2 septembre Arthur Saint Léon, le chorégraphe, meurt à l'âge de 49 ans d'une crise cardiaque, et le 23 novembre Giuseppina Bozzacchi, la jeune ballerine qui tenait le rôle principal est emportée par la variole le matin même de son dix-septième anniversaire...
Alors, porte-guigne que ce ballet cul-cul la praline au livret un tantinet fantastique qui ravit ou exaspère?
George Balanchine y voyait "la plus belle comédie du ballet"... qui nous transporte en effet dans un monde sautillant de joyeux paysans, de querelles d'amoureux et de jouets qui prennent vie. Le scénario de Nuitter et Saint-Léon, s'inspirant de "L'Homme de sable" d'Hoffmann, nous narre les amours de Frantz et Swanilda, un instant perturbées, par la belle Coppélia qui n'est en réalité qu'un automate. Lecteurs de Vogue et Closer, rassurez-vous, à la fin le mariage sera de rigueur...
Et la musique de Léo Delibes dans tout cela? Brillante, gorgée de mélodies irrésistibles (même si elles n'évitent pas la facilité), de couleurs locales entre mazurkas, czardas, friska et même un boléro et une valse des heures!
Réalisés dans les ateliers de l'Opéra de Nice Côte-d'Azur, les décors et costumes nous renvoient aux maquettes de la création délicatement caressés dans les lumières mystérieusement soyeuses ou mordorées du génial Patrick Méeüs.
Eric Vu-Han s'attaquait donc à ce pilier du répertoire. Rien à jeter dans son spectacle placé sous le signe de la jeunesse, de la couleur, de la vie. Une vision sereine, respectueuse de la tradition, dans un joli équilibre entre danse et pantomime, où les pas de caractères gardent leur relief saisissant.
Le sympathique Directeur de la danse dessine un Coppélius irrésistible de drôlerie et de pathos réunis, sorte de professeur Nimbus solaire, poétique et pitoyable à la fois, au mime très étudié qui rend compte au mieux de toutes les facettes d'un personnage complexe dans sa fragilité et son génie.
Le Frantz de Victor Escoffier a tout pour séduire le plus des atrabilaires spectateurs. Juvénile, macho sans excès, aux entrechats et brisés volés acrobatiques, il forme avec la Swanilda d'Alba Cazorla Luengo (stupéfiante dans le Pas de deux, engagée et volontaire partout ailleurs) un couple crédible en diable, équilibré.
Très jolie apparition de Cristina Venturuzzo en poupée plus vraie que nature, tandis que les amies et amis du couple de tourtereaux faisaient preuve d'un réel engagement et montre d'une belle qualité technique.
Simplicité émouvante des enfants, des ensembles, le Bourgmestre de Michel Sambo et la mère d’Anne-Élisabeth Dubois étant plus que d'intelligentes silhouettes.
Il n'est de bonne "Coppélia" sans un chef qui croit dur comme du fer à une partition dont le seul but est de recréer l'atmosphère des contes.
A la tête de l'Orchestre Philharmonique de Nice, David Galforth allie élégance, humour, ses tempis, parfois un tantinet trop rapides (pour donner encore plus de punch au plateau survolté?), trouvant dans la "Musique des Automates" ou la "Valse des heures" une poésie magistrale.