Ah Slipknot ! Ça se passe de commentaires. Un des live les plus marquants de ma vie de fan de rock et de métal. Une énergie sans égal et des morceaux dévastateurs. Une œuvre fondatrice et gravée en lettre de plomb dans le cœur de ses fans. Et pourtant le groupe vient de traverser une période difficile, depuis le décès du bassiste et membre original Paul Gray. Ce chapitre, dur à avaler et dur à vivre aura marqué véritablement le groupe. THE GRAY CHAPTER lui est dédicacé.
Dernier album de Slipknot, ce GRAY CHAPTER est de ce genre d’albums symptomatiques des groupes qui viennent de perdre un membre estimé et important pour le groupe. Que faire lors du départ d’un membre original ? Continuer ? S’arrêter là ? Est-ce qu’on est capable de continuer notre travail dans la même direction ? Et est-ce qu’il faut explorer d’autres couleurs, une occasion de se renouveler, ou de tenter des nouvelles choses ? Les énormes dieux du métal incarné que sont Slipknot semblent vouloir répondre à toutes ces questions en même temps, alors que la douleur semble enfin se dissiper, il est temps d’aller de l’avant et se retrouver avec ce GRAY CHAPTER. Album dédicacé à leur ami bassiste et membre original Paul Gray. Ce chapitre, qui les a ébranlé jusque dans leurs plus profondes entrailles dégouline de remise en questions sur la direction du groupe. Le résultat est une variation de morceaux qui s’adresseront tantôt aux fans de la première heure, comme une confirmation que l’amas de metalleux aux masques cultes emmenés par Corey Taylor sait toujours faire du métal aussi agressif et destructeur que sur les premiers albums SLIPKNOT et IOWA. Les autres morceaux virent à l’expérience et parlent peut être plus à un autre nouveau publique, une sorte de mélange entre des passages plus mélodiques et progressifs, et d’autres idées musicales pas très bien identifiées pour le moment je pense… peut être un terreau fertile pour la suite de leur travail. Puis ce cocktail à particules métalliques est saupoudré avec une intro et des outros qui laissent perplexe. Au moins à la première écoute.
Je me souviens de mes poils hérissés et de l’énorme frisson qui m’a parcouru à la découverte de cette intro toute en rage et en larmes retenues sur des paroles vraiment troublante. On y entend dans une rémanence lointaine « This song is not for the living, this song is for the dead » dès les premières secondes. Puis viens le message poignant de Corey Taylor, qui s’emporte sur un refrain qui vous restera longtemps en tête. XIX … Ça c’est de l’intro ! Encore en état de choc, le titre se fond dans le début du suivant : SCARTASTROPHE. Il est désormais temps de rappeler ses larmes, et de serrer les dents, Slipknot est bien là, et ils nous envoient un morceaux brut, brutale, puissant comme on l’aime. Le ton est donné, et ce 2eme titre est une véritable réussite. On enchaine avec AOV, un autre morceau puissant et rapide, remplis de percussions tranchantes et de double pédale dévastatrice. AOV est aussi un morceau qui introduit ce genre de passages mélodiques – moins Slipknot – à mon gout. Et qui contiens même un pont très calme typé metal progressif… Une déception à la première écoute, mais on s’y fait. On comprend surtout que le groupe a besoin d’avancer et de casser ses propres conventions.
La suite de l’album est dans le même compromis. Je me suis d’abord demandé si Corey Taylor n’avais pas commencé à confondre Stone Sour et Slipknot. J’ai finalement compris que c’était véritablement un besoin de renouveau de la partdu groupe entier. Une recherche véritablement Artistique. Comme ce « Chapitre pour Gray », qui se devais d’être un passage à la croisée des routes du métal et de leurs créations. L’album enchaine avec des morceaux qui se développent donc sur ce concept, THE DEVIL IN I est un grand moment de métal avec une intro plutôt douce. KILL POP fait également partie de ces morceaux qui me laissent sur ma faim Slipknotienne. De vrais bouts de pur Slipknot, des riffs de fou, sur des percussions violentes, pourtant au service d’un morceau qui va alterner ses parties plus profondes et mélodiques. « Profondes et mélodique » … putain si on m’avait dit que je dirais ça en parlant d’un album des gars de Des Moines. Et pourtant, une partie des grands morceaux de l’album sont de ce genre profond et mélodique. GOODBYE qui ne cache pas son message, est une ballade triste, noyée dans la mélancolie. On y comprend bien le respect et les blessures encore vives que souhaitent exprimer le groupe, sur une structure tirée des plus grands titres d’ A Perfect Circle. Le titre NOMADIC finira dans une explosion de métal hurlant comme on l’aime, doublé de quelques samples bien industriels qui ont fait la saveur du premier album. THE ONE THAT KILLS THE LEAST reprends le flambeau d’un Slipknot dangereux qui défonce tout ce qui bouge ! Ça m’en rappellerai presque SPIT IT OUT ! Super morceau pourtant cassé dans son inertie par l’intro suivante CUSTER, un clin d’œil à l’intro puis un titre dans la lignée de cet album … méta-mélodique… Il est quand même bon de noter que ces deux derniers titres contiennent des superbes solos de guitares de Mick Thomson. THE NEGATIVE ONE, dernier titre du CD est un diamant brut de métal que je vous laisse le soin de découvrir vous-même.
THE GRAY CHAPTER se termine sur 2 outros … bizarres … qui trouveraient tout à fait leurs places dans l’œuvre de Slipknot. Mais pourtant, après tout cet album hommage, ces changements de directions, et retours en arrière. Je ne trouve pas ces 2 pistes finales pertinentes pour ce Gray Chapter. Le résultat final est donc en demi-teinte pour un album de Slipknot qui ne devais pas exister. Ça m’arrache presque le cœur d’avoir à faire ce genre de constat pour un groupe qui m’a offert une de mes plus grandes expériences de live. Avec un Correy Taylor au bord des larmes devant les 80 000 personnes entrains de Mosh pitter sur SPIT IT OUT déjà ce soir-là, joué en dédicace à Gray !