[Critique Ciné] Les Huit Salopards

Par Kazura

8è long-métrage de Quentin Tarantino, Les 8 Salopards (The Hateful Eight) est le nouveau bébé du réalisateur qui avait bien failli ne pas voir le jour après vu son scénario fuiter sur internet il y a deux ans.
Heureusement Quentin n'a pas lâché l'affaire et nous a gratifié un très bon casting essentiellement composé de Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Walton Goggins, Channing Tatum ou encore Jennifer Jason Leigh.
Les 8 Salopards, c'est l'histoire de deux chasseurs de primes qui doivent atteindre la ville de Red Rock afin de récupérer leur récompense, seulement l'un a ses primes en cadavres et l'autre se trimbale une prisonnière en vie. Par un temps de grand froid et ne pouvant continuer leur route, ils s'arrêtent dans une auberge où des inconnus sont reclus. Nos personnages vont alors jouer à un jeu de mensonges et de manipulations pour découvrir qui a fait quoi ...

C'est sur un scénario de huis-clos que prend forme le film. Et, s'il faut dire que j'ai particulièrement été étonné de ce choix par rapport à ce qui a été fait dans Django Unchained, le film ne laisse pas du tout indifférent. Car, comme à son habitude, Tarantino garde un style rétro bien propice aux westerns qu'on retrouvait il y a des décennies, et n'hésite pas à innover dans sa recette pour la rendre toujours plus crédible. Cela fonctionne très bien, tellement qu'on évitera de spoiler les quelques surprises.
Sur le plan du scénario, quelques retournements de situation sont bien trouvés et on ne se trouve jamais vraiment à l'abri qu'une petite discussion entre les salopards ne vire à la castagne, c'est ce qui en fait la force du scénario. Il est d'ailleurs suffisamment maîtrisé pour que les dialogues passent impeccablement durant les 3 heures de film ! Il faut en effet dire que le film est fidèle aux habitudes du réalisateur tant les personnages parlent énormément, et que les scènes d'action reposent sur des actions symboliques plutôt qu'à des scènes d'action à rallonge généreuses.

Pourtant, le fun ne manque pas dans Les 8 Salopards. Entre les nombreuses têtes explosées que l'on voit défiler et une scène d'une incroyable barbarie au centre d'un conflit racial, la violence bien propre au réalisateur est présente à tout niveau.
Ce qui est bon à signaler avec le film aussi, c'est que toute l'esthétique a été léchée au possible. Non seulement les plans sont pris avec soin, mais aussi tout a été pensé pour glacer le spectateur. Le froid régnant, la musique du film propose un thème musical cinglant et assez stressant dont la composition de Ennio Morricone sonne à merveille.

En clair, Les 8 Salopards est certainement le travail le plus abouti de Tarantino, tant il est percutant de bout en bout et tant il reprend avec justesse la force de ses précédents films, à savoir la folie furieuse de la scène finale de Inglorious Basterds, l'aspect jouissif des fusillades de Django Unchained, ou encore les dialogues bien dosés de ses premiers films.
On peut aussi saluer Samuel L. Jackson qui effectue une performance mémorable et particulièrement habile par rapport à son personnage, qui est le seul noir de tous les salopards. Ce qui va au passage servir à un engagement sur la lutte raciale qui sévissait après la guerre de Sécession.
Glaçant, malin, tendu, subversif et forcément Tarantinal, Les 8 Salopards apparaît déjà comme une référence des westerns modernes et des huis clos. Une sorte de western théâtral à ne pas manquer !