Sous l'occupation Allemande, en 1941, papa Grudet meurt du cancer du larynx. Fernande a 18 ans. Belle fille. Elle est une proie facile pour ceux qui veulent lui faire l'amour. Elle y prend goût. Elle sera fille-mère. Elle s'installe à Paris et se fonde un plan de vie. Il y a deux chose dans la vie pour lesquelles le gens paieraient lorsqu'en besoin: l'alimentation et le sexe. Son papa ayant peu réussi en alimentation et se considérant elle-même piètre cuisinière, elle veut monnayer ses relations sexuelles.
Elle s'installe à Paris et devient Madame Claude. Alors que des quartiers sont reconnus pour la prostitution, Madame Claude veut, au contraire faire de son entreprise, un commerce tout ce qu'il y a de plus standards. Fréquentant le monde interlope, elle a la protection des mafieux et des bandits. Ce qui inclut les gens de la classe politique. Dans les années 50, elle bâtit son empire et recrute des jeunes filles qui ont échouée comme mannequin ou comme actrice. Elle leur offre de nouvelles alternatives de vie. Souvent, elle les piège. Elle leur paie des chirurgies esthétiques, puis les force à travailler pour elle, pour la rembourser. Madame Claude offre des services de luxe, des filles habillées de grands couturiers, et règles toutes les factures. Elle devient rapidement riche.
Elle s'invente un passé bourgeois, avec trois fictifs frères et un rôle important dans la résistance pour se donner du grade. Elle n'est que maquillage. Mais un maquillage qui fait effet. À une époque où en France, fréquenter les prostituées est un rituel presque naturel lors du passage au monde adulte, Madame Claude fait fortune jusque dans les années 60-70.
Les autorités ne lui touchent jamais, car non seulement est elle protégée par plus lourde racaille, mais plusieurs clients sont de gros canons. Les confidences que lui font sur l'oreiller ses célèbres clients la mette à l'abri de toute dénonciation. On murmure que les noms du Shah D'Iran, de JFK et du Président de Fiat, Gianni Agnelli, figurent dans ses carnets. Mais Fernande invente beaucoup Madame Claude. Sa vie est mensongère.
En 1976, Valery Giscard D'Estaing n'aime pas voir cette fortune glisser sous le nez de la France. Par le biais de son ministre de l'intérieur*, il fait punir sévèrement le proxénétisme et la somme de verser 11 millions de francs en arriérés au fisc. Cachée aux États-Unis alors que ses services sont plutôt populaires dans la ville la plus pute, L.A., elle en sera expulsée et extradée en France en 1985.
Elle y servira 4 mois de prison ferme.
On démantèle son réseau, mais à sa sortie de prison, elle rebâtit les ponts. Elle est à nouveau accusée de proxénétisme aggravé.
Madame Claude révolutionne le monde de la prostitution en inventant le terme Call-girls. Au lieu de fréquenter les putes de manière "classique" dans les bordels ou les hôtels, ses filles prennent des appels et se déplacent, dans des clientèles très aisées, et souvent sans que quiconque ne sache que madame est une pute. Elle est incarcérée dans une maison d'arrêt en 1992, puis choisit de vivre en recluse à Nice afin de se faire oublier. N'ayant plus rien à prouver.
Mouammar Khadafi, Marlon Brando, le neveu du roi Farouk, le milliardaire égyptien Ibrahim ont aussi fait affaire avec Madame Claude à maintes reprises.
En 1977, Just Jaeckin, roi du film érotique français, tourne un film tiré de son histoire mettant en vedette Françoise Fabian avec des musiques de Serge Gainsbourg.
La même année que Giscard d'Estaing est à la chasse à la fortune de Madame Claude, de nouvelles disposition législatives rendent la prostitution sous toute ses formes extrêmement contraignantes. Les hôtels de passe ferment. Les maisons connues aussi, comme celle de Madame Billy, autre pourvoyeuse de plaisirs de la nuit pour
Fernande meurt à 92 ans, le 21 décembre dernier.
Comme quoi le sexe fait durer,