Dans cet environnement monétaire si particulier, entre resserrement progressif de la politique de la Fed outre Atlantique et davantage d’assouplissement quantitatif en Europe, les « newsflows » des banques centrales constituent le principal catalyseur des marchés. Mario Draghi, le gouverneur de la BCE, sera particulièrement attendu au premier trimestre. Après avoir dévoilé quelques options, concernant l’accélération du Quantitative Easing européen, à l’occasion de la réunion de la banque centrale au début du mois de décembre, Mario Draghi devra passer à l’acte pour tenir les promesses faites aux marchés. Pour la Fed, l’année 2016 sera celle du relèvement des taux directeurs.
Tout en douceur, conformément à la volonté de Janet Yellen. Après avoir opéré une première hausse de 0,25% à 0,50% il y a dix jours, la banque centrale américaine devra annoncer un deuxième mouvement, probablement au mois de juin. La Fed souhaiterait procéder au maximum à deux hausses de taux dans les douze prochains mois, une façon de protéger les marchés contre tout mouvement brutal des taux d’intérêt.
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Dans ce cas, en partant de si bas, une nouvelle séquence de repli des Fed funds aurait peu d’impact sur le soutien à l’économie ! A contrario, le risque pour la BCE est de devoir réviser ses intentions et donc décevoir les marchés, si l’inflation redémarrait plus fortement qu’attendue en Europe en 2016. La banque centrale devrait lever le pied sur son Quantitative Easing, et non le renforcer comme elle l’a promis récemment. Un tel scénario pénaliserait à la fois des marchés actions déçus, mais aussi les marchés obligataires qui subiraient une hausse des taux d’intérêt, synonyme de correction. La stabilisation des perspectives économiques de la Chine (grâce notamment aux effets d’une politique monétaire toujours ultra accommodante) après des craintes excessives l’été dernier, milite en faveur d’une reprise de la demande en faveur du métal, historiquement corrélé à la santé économique du pays. D’autant que le cours du métal semble avoir touché un niveau plancher. De même, nous croyons au scénario d’un possible rebond du baril de pétrole. Mais, le timing des investisseurs sera là essentiel, car le cours risque de rester très volatil avant une stabilisation pérenne.
Notre scénario est celui de fluctuations entre 30 USD et 60 USD au cours de l’année. Des séquences passagères de baisse à partir du niveau actuel (à 38 USD), sont donc à prendre en compte. Et pour parier sur ce thème en bourse, les valeurs parapétrolières (Vallourec, par exemple). Ces titres ont fortement dévissé au cours des derniers trimestres (décote d’environ -70%). Pour Vallourec, un rebond proche de 40% au premier semestre 2016 n’est pas à exclure ! Enfin, dans l’univers des taux et devises, nous ne croyons pas au consensus actuel voyant le dollar s’apprécier vigoureusement dans les mois à venir, porté par une hausse des taux d’intérêt américains.
Dans la mesure où le relèvement des Fed funds sera très progressif, le scénario d’une hausse brutale des taux obligataires a selon nous relativement peu de chance de se produire. En revanche, en Europe, le Bund est exposé à des mouvements haussiers. Nous pensons qu’une reprise de l’inflation plus tôt qu’attendue pourrait générer une tension sur le taux à 10 ans allemand. Le retour du risque politique en Europe pourrait également servir de catalyseur à la hausse des taux souverains en 2016.
A propos de l'auteur : Nicolas Chéron est stratégiste pour CMC Markets.