Juste avant de s'éteindre, mon parrain m'a dicté son testament. Son nom ne vous dira rien parce que vous ne lisez pas les grands noms d'autrefois, mais en revanche son sermon, va probablement vous dire quelque chose... vous mettre dans tous vos états, comme un attentat à la pudeur.
"Je commençais à croire que mon destin serait court et tragique... (Une sorte de Christ sans croix) Quand je descendais dans la rue, je sentais en mon corps une puissance étrange. J'avais sur moi mon revolver, cette chose qui éclate et qui fait du bruit. Mais ce n'était plus de lui que je tirais mon assurance, c'était de moi : j'étais un être de l'espèce des revolvers, des pétards et des bombes. Moi aussi, un jour, au terme de ma sombre vie, j'exploserais et j’illuminerais le monde d'une flamme violente et brève comme un éclair de magnésium.
Il m'arriva, vers cette époque de le faire plusieurs nuits, le même rêve : j'étais un anarchiste
Vous serez curieux de savoir, je suppose, ce que peut être un homme qui n'aime pas les hommes. Eh bien, c’est moi, et je les aime si peu que je vais tout à l'heure en tuer une demi-douzaine ; peut-être vous demanderez-vous : pourquoi seulement une demi-douzaine ? Parce que mon revolver n'a que six cartouches. Voilà une monstruosité, n'est-ce pas ?
Et de plus, un acte proprement impolitique (ou politiquement impropre).
Cet homme qui s'apprête à nous faire sauter la cervelle, ce n'est pas quelqu'un, c'est Personne.
Il ne réclame pas quelque chose, il ne réclame rien.
Vous hésitez, n'est-ce pas entre anarchiste et terroriste ? Entre deux démons qui mettent en pièces notre vision angélique de l'homme...
À bas toutes les valeurs humanistes, parce que dans ce bas monde, il n'y a rien à retenir... ou plutôt si : que l'homme est un monstre...
Vous êtes, nous sommes des monstres.