L’année tire sur sa fin, pourquoi ne pas le reconnaître ?
Il serait injuste de ne pas le dire, elle a été mauvaise, mais elle tire sur sa fin.
Les joyeux hommes de la fin de l’année s’apprêtent à l’enterrer la nuit de la Saint-Sylvestre en chantant mille chansons bachiques et en mangeant dans d’immenses restaurants toutes sortes de viandes en sauce, de fruits de la mer, de jambon blanc, de jambon de Bayonne, de Parme et même des Pyrénées. De grandes roues de Coulommiers. Des camemberts épais. Des hures de sanglier hirsutes ; des têtes de veau qui baissent les yeux modestement.
A l’aube ils voient l’année nouvelle s’élever à travers une vapeur.
A l’aurore ils jonchent les trottoirs.
Beaucoup plus tard, comme M. Pickwick, ils se réveillent au bord d’un fleuve, dans une brouette ; ou dans leur lit ; en disant « Vin blanc » ; au milieu d’une famille inquiète armée de tisanes et de cuvettes émaillées, de brocs d’eau chaude et de récipients en plastique bleu.
(...)
Car tout finit, même les calamités. Elles sont remplacées par de pire.
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On entre dans le signe du capricorne. (...) Le capricorne descend de la chèvre Amalthée. (...)
Jupiter fut élevé en secret,nourri par la chèvre Amalthée, il battit son père (Chronos) et le détrôna. Celui.ci se retira en Italie où il fit régner une grande abondance. Ce fut l'age d'or qui dora pour jamais le mémoire de l'humanité. La récession ne vint que par la suite.
Cette histoire prouve que quand les choses vont mal, il faut se retirer en Italie et y faire régner une grande abondance.
Et c'est ainsi qu'Allah est grand.
(Chronique du capricorne – La Montagne – 31 décembre 1963)