Le contraste était saisissant entre la clarté lumineuse du soleil, des fleurs et ces vestiges du passé. Ces tombes d’un monde englouti noir et sombre. Tempus fugit comme on dit, on se serait cru devant un tableau des vanités, comment la beauté pouvait cohabiter avec la mort, l’horreur? Ce fragile balancier entre rire et peine comme cette année écoulée. Passer du bonheur, du bien être à un sentiment de malaise, de tristesse si grand. Penser que son cœur va se rompre et pourtant il repart.
Bonheur de la condition humaine, d’être capable d’oublier, s’émerveiller, avancer. De prendre du plaisir à regarder un lever de soleil, les ombres avant la fin du jour ou la pleine lune. De prendre le temps de refaire le monde, de rire autour d’un café, d’un bon verre de vin. De déguster des tonnes de gâteaux à la crème ou au chocolat. De déplier les pages d’un monde fictif assis dans son lit ou sur le quai d’une gare rer. D’échanger avec d’autres personnes passionnées, bienveillantes qui vous donnent envie de croire encore en l’humanité. Voir ses rêves fous se réaliser, retrouver peu à peu l’envie de se battre et d’exister.
Etre au pied du mur à réfléchir à des valeurs qu’on croyait acquise, liberté, fraternité, mettre les mots à l’épreuve des maux et être confrontée au choix ? la peur ou l’ouverture, le repli ou la vie qui continue son chemin.Année étrange d’oscillation dangereuse, dont on a l’impression que même le temps se joue de nous et essaye de nous faire oublier notre peine, à travers ce soleil d’hiver.
Choisir de ne garder que le meilleur, les sourires, les victoires, les petits riens, les rencontres qui ont jalonné ce petit moment de vie. Oublier la peine, les maladies, les accidents, la peur, la douleur, le malaise pour avancer vers de nouveaux défis.
Voilà une année de plus qui s’achève comme pour ces ruines en face de moi qui sont toujours là, se ressourcer en regardant ce paysage. Il faudra encore mobiliser ses forces, faire face à de nouvelles embûches, espérer être à nouveau là l’année prochaine. Continuer à prendre un jour après l’autre, lâcher prise sur les petites piques de la vie, aller à l’essentiel, oublier l’ordinaire et faire de chaque instant de répit : de l’extraordinaire. Et continuer de parler, vivre, danser, écrire, lire, espérer, pour grandir. Encore se tromper, s’ennerver, se blesser mais se relever.
Et garder en mémoire comme un mantra : la vie est belle.