Bonjour à tous,
Gros coup de gueule en cette fin d'année. Bien que l'ambiance soit à la détente (on en a bien besoin) en ces fêtes de fin d'année, la pause politique après les régionales nous réserve toutefois des surprises bien mal dissimulées mais qui passent relativement inaperçues dans les médias télévisés.
A savoir le bidouillage scandaleux qui se prépare sur la parole politique dans les médias en temps d'élection. Alors que les sondages rythment toujours plus la vie politique et manipulent l'opinion, ayant une influence non négligeable sur le sort de chaque élection ; alors que nos gouvernants ont déjà porté atteinte à l'information sur les programmes de chaque candidat en prévoyant la suppression de l'envoi des professions de foi, voilà qu'une proposition de loi à l'initiative de deux députés socialistes (Bruno Le Roux et Jean-Jacques Urvoas) prévoit de réduire encore plus l'égalité de temps de parole, déjà bien insuffisante dans notre système, qui mérite de moins en moins le nom de démocratie.
Alors même que l'abstention grimpe et que le vote Front National monte en puissance, ces deux députés montrent une nouvelle fois que de nombreux hommes politiques n'ont pas vraiment "compris le message" ni "écouté les français" comme ils le scandent toujours en choeur après chaque "réplique sismique" du Front National. En effet, leur proposition sur la "modernisation des règles applicables à l'élection présidentielle" est une véritable attaque contre la démocratie. Tout d'abord, les élus souhaitant parrainer de futurs candidats devront l'envoyer directement au Conseil Constitutionnel alors qu'auparavant, les prétendants devaient les récolter eux-mêmes. De plus, la liste de tous les parrains devra être publiée, et non pas seulement 500, ce qui pourrait pénaliser les "petits candidats". Ces deux décisions veulent certes mettre fin au "harcèlement des maires" mais la pression viendra désormais des gros partis qui pourraient empêcher les élus de donner librement leur signature à un candidat d'un autre parti que le leur. De plus, l'égalité (un des trois principes présents sur le fronton de nos mairies, faut-il le rappeler... ?) sera clairement sacrifiée. L'égalité de temps de parole était auparavant appliquée (et contrôlée par le CSA) pendant les 5 semaines précédant les élections présidentielles. Cela ne paraissait déjà pas énorme quand on sait que notre système politique est censé être démocratique en permanence et pas seulement tous les 5 ans. Non seulement la loi ne pallie pas à cette insuffisance, mais elle l'aggraverait en portant ce temps d'égalité à 2 semaines. Autant dire que c'est réduit à peau de chagrin, l'équité du début de campagne ne permettant pas à tous d'être suffisamment entendu pour présenter son programme et convaincre les électeurs. Pour soutenir sa proposition, Jean-Jacques Urvoas a ironisé sur la représentativité de candidats comme Jacques Cheminade qui avait réuni 0,25 pour cent des suffrages aux élections de 2012. Est-ce à dire qu'il serait normal qu'un candidat non présent en 2012 n'ait aucun droit de parole s'il se présentait en 2017 ? Les élections sont-elles des échéances où l'on doit se soumettre à la dictature des sondages et de l'arrogance des "grands partis" pourtant si responsables de la situation actuelles de notre pays ?
Le scandale révolte bien sûr les "petits candidats", souvent en difficulté pour récolter leurs parrainages ou passer dans les médias. Alors que le paysage politique fait de moins en moins l'unanimité, les responsables actuels veulent se protéger et imposer un carcan tripartite en dehors duquel il sera de plus en plus de s'exprimer. Le Parti Socialiste parle souvent d'égalité des chances et plus que jamais de diversité, tant d'incantations creuses prononcées "quand ça arrange". Pourtant, plus que jamais, on s'éloigne d'une démocratie où la pluralité des opinions et le débat permettent un choix raisonné lors des élections. Il est donc important de montrer à ces gens que cette loi scélérate ne doit pas passer.
Vin DEX
Le Figaro