1365.- Après un premier visionnage à l'Opéra UGC le 22 décembre 2015 et une impression mitigée, je décidais d'aller revoir le 7ème épisode de la saga StarWars que j'adore depuis ma plus tendre enfance. Je me souviens de mon premier film vu au ciné c'était L'Empire Contre-Attaque à Enghien-les-Bains, je n'avais pas vu le premier épisode de 1977 La Guerre des Etoiles car j'étais trop jeune pour le voir mais j'avais lu sa transcription en bande dessinée et j'en connaissais l'histoire. De prime abord je l'ai trouvé décevant, avec beaucoup de lenteurs, des combats dans tous les sens et une histoire sans réel intérêt. Outre le plaisir de revoir nos héros qui ont bercé notre enfance, Han Solo, la Princesse Leia et Luke Skywalker, on découvre de nouveaux personnages plutôt bien décrits et attachants : Finn, Rey et le meilleur pilote de la résistance, Poe Cameron. On retrouve le thème de John Williams mais la nouvelle trilogie a sa composition originale que le musicien fétiche de Steven Spielberg a su réinventer.
La première lecture m'avait laissé dubitatif. Comme je savais que j'allais très probablement le revoir en vidéo ou sur un petit écran, je décidais d'aller le revoir une deuxième fois en 3D cette fois. Et là je suis rentré de plain pied dans l'univers créé de toute pièce par le metteur en scène qui a imaginé un habile passage de témoin entre les héros de notre jeunesse et les nouveaux personnages. Sans dénaturer le propos et l'essence de Star Wars, l'histoire est calquée sur l'Episode 4 et en reprend trait pour trait tous les codes dans un film tout en miroir et en miroir inversé : Rey est le pendant le Luke Skywalker, Kylo Ren représente le côté obscur de Dark Vador avec le Seigneur Snoke qui est Palpatine, Maz Kanata est une Yoda au féminin. L'intrigue sous-jacente avec Maz est qu'elle détient depuis des lustres le sabre laser de Luke Skywalker dont nous savons qu'il avait disparu à Bespin la station spatiale de Lando Calrissian dans l'Empire Contre-Attaque lorsque Dark Vador avait coupé sa main en lui disant les paroles qui résonneront avec une saveur particulière dans mon âme de fan de la première heure : " Je suis ton Père ". Comment diable a-t'elle réussi à récupérer cette arme symbolique des Jedi ?
BB-8 est une des réussites du film, il est un parfait descendant de R2-D2 et si bien humanisé et sympathique que l'on oublie que c'est un tas de ferraille ou une création en images de synthèse. L'image du miroir inversé est d'autant présente que le méchant de service Kylo Ren est attiré par la lumière alors qu'il se situe du côté obscur de la Force. A voir si cela va être développé dans les prochains épisodes.
La grande idée du film c'est Finn, le Stormtrooper devenu résistant un peu malgré lui parce qu'il refuse de se soumettre à la volonté du Leader Suprême. Dans les anciens épisodes, les soldats blancs et déshumanisés n'avaient pas d'âme, étaient de la chair à canons dont on se souciait peu, d'ailleurs c'était caricatural, ils étaient reproduits à l'envi par les ordinateurs et n'avaient pas de nom, on savait juste qu'ils étaient tous issus d'un clonage du chasseur de primes Jango Fett, le père de Boba Fett. FN-2187 prend conscience et se réveille et là on s'aperçoit que les Stormtroopers sont des êtres vivants et ont des sentiments : ils parlent du dernier T-27, ils haïssent Finn pour les avoir trahis, ils sont mêmes incarnés par James Bond dans l'amusante scène où Rey manipule le gardien pour qu'il la délivre, ce soldat n'étant autre que Daniel Craig qui jouait Spectre sur le plateau de tournage voisin.
En revanche j'ai du mal à éprouver de la crainte pour Kylo Ren, l'héritier de Dark Vador. Même s'il est cruel et commet l'irréparable, il ne me fait pas peur en tant que méchant de la nouvelle série comme Dark Vador était le père fouettard. Il n'est pas implacable et d'ailleurs il se fait presque battre par Finn qui n'avait quasiment jamais tenu un sabre laser auparavant.
Au début j'avais trouvé le traitement moins space opéra et grandiose que dans la prélogie, avec un côté téléfilm amélioré. En réalité j'ai préféré cette mise en scène qui fera que le film vieillira bien mieux que les Episodes I à III de la prélogie entièrement basés sur des images numériques qui paraissent déjà vieillot 15 ans après la sortie de la Menace Fantôme.
Le passage de relais est appuyé sur les nombreuses références à la première trilogie avec les vestiges des croiseurs de l'Empire enfouis dans le sable, le AT-AT couché qui sert de maison à l'héroïne, la station Starkiller qui est 5 fois plus grosse que l'Etoile Noire avec le fameux corridor qui mène à l'objectif qui fera tout péter, le jeu d'échec en hologramme et bien sûr le Faucon Millénaire qui a retrouvé de sa superbe, toujours aussi maniable et élégant à virevolter dans les méandres des couloirs techniques immenses des stations et des vaisseaux spatiaux.
J.J. Abrams fait abstraction de la prélogie, je n'ai vu aucun lien. Par ailleurs, George Lucas ayant cédé sa société Lucasfilm à Disney pour 4 milliards de dollars, il n'a pas participé de près ou de loin au projet.
Luke qui n'était qu'un fermier puis capitaine dans l'Empire Contre-Attaque est promu au rang d'icône, de mythe et son apparition est d'autant bien soignée qu'il ne prononce aucune parole.
L'actrice Daisy Ridley a un côté Keira Knightley qui ressemble elle-même à Natalie Portman. Elle est convaincante dans son rôle d'autant que l'on ne sait rien de son personnage, qui est-elle, d'où vient-elle, pourquoi elle a tant de Force en elle ?
En conclusion un examen de passage réussi pour J.J. Abrams d'autant que j'ai réellement apprécié la seconde fois alors que j'y allais sans surprise. 8/10