Dans mon billet intitulé Paradis, j’avais évoqué deux caractéristiques qui faisait du catholicisme un possible précurseur de l’islamisme : la première est le souci d’un prosélytisme, d’abord sous une forme meurtrière, comme par exemple au temps de l’Inquisition, puis sous la houlette de missionnaires pas toujours très bienveillants. La deuxième est un enseignement selon lequel notre existence se déroulerait dans une vallée de larmes et toujours selon lequel seul importerait l’au-delà. L’aspiration d’Islamistes à une félicité dans un autre monde n’en diffère que par la glorification du suicide meurtrier. J’ai depuis pris conscience d’un autre domaine dans lequel les catholiques avaient précédé les islamistes, celui de la culpabilité transgénérationnelle.
Il a fallu attendre le pontificat de Jean XXIII pour que l’on retire de la liturgie du vendredi saint la mention des Juifs perfides. Je ne rappellerai pas ici l’argumentation d’Edmond Fleg dans son ouvrage Jésus et Israël par lequel il réfute la thèse d’une culpabilité des Juifs dans la mort de Jésus de Nazareth. J’en retiendrai simplement une question : de qui était composée la foule qui, agitant des rameaux, acclamait Jésus lors de son entrée triomphale à Jérusalem ? Des Chrétiens ? Leur foi n’était encore née. Des Romains ? Ils étaient alors majoritairement païens. Eh bien, tout simplement par les autochtones, les Juifs, qui peuplaient alors la Palestine.
La justice humaine a connu bien des évolutions et n’est toujours pas libérée de ses imperfections. En des temps très anciens, le meurtre d’un homme était puni par l’extermination de la famille du criminel et la famille pouvait être prise dans un sens très large. Puis vint la loi du talion qui, contrairement à la vision qu’en donnent des ignorants, est une loi de modération. Dire « œil pour œil » revient à strictement limiter la réparation au dommage causé et cette réparation peut être obtenue par un dédommagement. C’est d’ailleurs ce qui prévaut de nos jours pour évaluer la responsabilité de l’auteur d’un dommage. Cela n’empêche pas que, dans certaines régions, on pratique encore la vendetta, comme avant le talion.
Mais là où la religion catholique était allée encore plus loin, c’est en inventant une notion de responsabilité collective s’étendant par-delà les générations, à travers les millénaires. Et quand des catholiques intégristes s’en tiennent encore à cette notion extravagante, ils ne diffèrent guère des djihadistes qui, après avoir abattu un avion commercial, se flattent d’avoir tué des Croisés !