On m'a dit de publier mon "Petit traité de manipulation". Je n'ai pas obtenpéré, mais je le poursuis, grâce à un ami. Il m'a parlé de l'escroc. L'escroc ? C'est celui qui vous invite à prendre le café, sans vous faire payer !
Très subtile. L'escroc joue sur nos faiblesses, pour nous voler. Cette faiblesse est peut-être notre pingrerie. Peut-être aussi notre solitude, mal de l'époque, et notre besoin d'un peu de chaleur humaine. Ou notre paresse. Ou peut-être encore notre lâcheté : il laisse entendre qu'il va faire pour nous ce qui nous paralyse, par exemple nous trouver des clients. Et il extirpe de nous une valeur que nous ne pensions pas y être : il nous prend notre temps, nos idées, il utilise notre réputation, il nous fait faire ce qu'il ne sait pas faire...
Il est vraisemblable, comme le dit le psychologue Trivers, que l'escroc n'est pas conscient d'être un escroc. C'est le secret de sa réussite. Poussé par son intérêt, qu'il confond avec le bien, il exploite nos faiblesses ? Quand on lui montre son comportement, il devient fou-furieux, prêt à tuer : on piétine son honneur ? comme Tartuffe ?
La liberté, c'est le vol
L'escroc nous pose un défi existentiel ! Il nous révèle nos turpitudes. Madoff va nous le démontrer. Les gens qu'il a escroqués auraient été conscients de participer à une escroquerie. Ils n'avaient pas compris qu'ils en étaient les victimes. Nous sommes tous des petits escrocs, le maître escroc nous révèle notre nature. Et il fait de nous des criminels. Plus possible de lui échapper. Autre raison pour laquelle Montesquieu a écrit que le principe de la démocratie était la "vertu" ? En liberté, si l'homme n'est pas vertueux, il sombre dans l'abjection ? Impossible d'avoir la plus petite fissure ?
Alors, si nous ne voulons pas périr de nos fissures, il faut vite les connaître ? Ou reconstituer un rien de lien social sain ? En attendant, payons nos cafés ?