Patrizia : Je n’ai pas faim.
Madame H. : Moi si.
Patrizia : Faites monter un plateau.
Madame H. : Non. Ce soir, on se lève. On se lave. Et surtout on s’habille. Ça fait trois jours que vous marinez dans ce T-shirt informe.
Patrizia : J’aime mon T-shirt. Il est doux. Il sent bon.
Madame H. : Je ne comprends pas
Patrizia : Qu’est-ce que vous ne comprenez pas ?
Madame H. : Votre garde-robe, vous vous souvenez ?
Patrizia : Je sais, c’est triste, vous ne pouvez plus jouer à la poupée avec moi.
Madame H. : Levez-vous.
Patrizia : Regarde le tuyau qui les relie.
Coupez le cordon.
Madame H. : Pas question.
Patrizia : Alors faites monter un plateau.
Madame H. : J’aimerais aller dîner.
Patrizia : S’il vous plaît.
Madame H. : S’il vous plaît.
Patrizia : Il me plaît pas.
Madame H. : Qu’est-ce que vous proposez ?
Patrizia : Rien. Absolument rien du tout. Nous allons rester là.
Madame H. : Deux semaines ?
Patrizia : Oui, deux semaines. Il faut que je profite de chaque instant merveilleux passé dans ce salon magnifique avant de retourner dans mes Pouilles pouilleuses. C’est décidé, je ne bouge plus d’ici.
Madame H. : Et moi, qu’est-ce que je fais ?
Patrizia : Vous attendez.
Madame H. : Joli programme.
Patrizia : Vous avez mieux à proposer ?
Madame H. : La piscine. La salle de fitness. Un peu d’exercice vous ferait du bien.
Patrizia : Un peu d’exercice…
Regarde encore le tuyau qui les relie.
Je vais couper ce cordon.
Madame H. : Ce serait dommage, juste deux semaines avant la fin de votre contrat.
Patrizia : Vous m’empoisonnez.
Madame H. : Vous délirez.
Patrizia : Vous savez bien que non. La vieille souris rajeunit. La jeune souris vieillit.