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Les arbres ne nous oublient pas, récit de Michèle Perret

Par Mpbernet

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Nul besoin d’écrire 800 pages pour communiquer une foule d’émotions...

J’avais beaucoup aimé le roman « Terre du vent, une ferme en Algérie» – à peine autobiographique – qui contait les découvertes de la petite Choune sur l’exploitation de son père, dans les dernières années d’une colonisation que certains croyaient heureuse.

Ce texte-ci, ramassé, dense, sincère, est le témoignage poignant du retour, plus de soixante années plus tard, de l’auteur sur cette terre d'enfance éclatante, de vent et de lumière : l’Algérie. Un regard de tendresse sur un pays de promesses non tenues, encore largement à construire …

La redécouverte du domaine des premières années, laissé à l’abandon, lacéré, défiguré mais dont l’atmosphère particulière, l’odeur, le bruit du vent dans les arbres encore dressés, demeure … « décrépitude et splendeurs ». Le livre est un hymne à l’hospitalité millénaire des Algériens.

Le pèlerinage commence avec la redécouverte d’Oran, capitale de l’ouest, trépidante, gaie, malgré la crise économique qui touche particulièrement les jeunes désœuvrés, malgré les stigmates d’un passé qui, décidément, ne passe pas comme le rappelle justement la citation de William Faulkner en exergue : « The past is never dead. It’s not even past. »

Les souvenirs remontent à la surface et éclatent comme des bulles, dit joliment l’auteure : « Des souvenirs qu’on avait jamais convoqués et qui vous sautent au cœur. »

Malgré la violence de tous bords qui a saisi ce pays béni de la nature, pendant la guerre d’indépendance puis la décennie noire, malgré la façon cruelle dont les colons – les plus modestes comme ceux qui possédaient des centaines d’hectares – furent contraints au départ sans un regard en arrière, cette chronique d’un retour tardif et désintéressé au paradis perdu de l’enfance porte en elle la joie de vivre, l’espoir d’une renaissance, la passion d’un paysage, d’un peuple, le souvenir vivant de parents exceptionnels.

Georges Perret, le grand patron de la ferme Saint-Jean, avait seulement deux ans de plus de mon père lui aussi vénéré. La maison de mon enfance aussi a été vendue, elle est toujours debout. Si elle est toujours campée en France, jamais je ne la reverrai. C’est sans doute pourquoi j’ai apprécié ce livre : bienveillance, lucidité, puissantes évocations, style impeccable … quelques heures de lecture émouvante. Un pur plaisir.

Les arbres ne nous oublient pas, récit de Michèle Perret, publié aux éditions Chèvre-feuille étoilée, 132 p. 15€- à partir du 8 janvier en librairie. Diffusion Paris : Corinne Sturz ([email protected])


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