Patty et Rachel, deux sœurs très complices qui jouent dans la montagne, derrière leur maison. Voilà la première image qui surgit dans ce livre.
Enfants d'une famille éclatée, elles sont filles d'un père policier qui aime beaucoup les femmes et d'une mère lectrice boulimique et dépressive. Mais ce n'est pas vraiment sur la famille de Rachel qu'est centré le roman, c'est plutôt sur un événement qui défie la chronique d'un lieu calme et sans histoires. Un meurtre a été commis dans la montagne où les filles aiment à jouer. Un meurtre, puis un autre. Et d'une jeune fille à chaque fois. Les deux sœurs se voient donc interdire leur terrain de jeu favori tandis que leur père est chargé de l'enquête. Mais ces meurtres, sans les viser directement, attaquent la routine des sœurs : Rachel devient une fille à la mode, que tout le monde fréquente pour avoir les potins sur le meurtre tandis que Patty reste isolée, bizarre. Puis la popularité de Rachel croit à mesure que les crimes augmentent transformant le meurtrier en tueur en série... impossible à capturer. D'autre part, le père de Rachel et Patty, initialement au centre de l'attention bienveillante de toutes les mères de famille, est bientôt dépassé par les événements.
Plus qu'une histoire de crime et de tueur en série, on a ici à faire à une histoire de l'adolescence et de ses changements. Rachel incarne l'ado hypersensible, qui a des rêves, des visions et ce sentiment de puissance et d'impunité propre à la jeune fille, tout comme une timidité et une discrétion de fillette. C'est sur ce moment de transformation du corps et de l'âme que Joyce Maynard a aussi centré son roman. Et ça marche très bien !