Car la devise aurait été donnée, en 1804, par Napoléon (c'est ce que l'on trouve en utilisant le moteur de recherche de Google, mais Serge Delwasse penche pour Lacuée). Je me suis demandé ce qu'elle exprimait pour ses contemporains :
Le CNRTL dit que "patrie" signifiait initialement "Terre des ancêtres, pays natal". Il précise ensuite : "[Pendant la Révolution, considérée comme une pers., une divinité incarnant les idées nouvelles] Autel, culte de la patrie". Quant à "les Sciences", il est écrit dans le Robert : "(1787) les sciences où le calcul, l'observation ont une grande part : mathématiques, astronomie, physique, chimie, sciences naturelles".
Ces termes auraient donc été tout neufs ! Le polytechnicien comme homme nouveau, comme missionnaire d'une religion révélée ?
Finalement : "gloire". C'est un des termes les plus anciens qui soient. Hannah Arendt fait de la gloire la motivation de l'élite grecque, élite qui préside à l'avenir de la cité. La gloire, c'est marquer l'histoire de son action, c'est le désir de l'immortalité. C'est donc le refus du calcul mesquin. C'est l'anti homo oeconomicus. C'est peut-être un terme ancien, mais on demeure chez les missionnaires. Et, d'ailleurs, l'ancienne école polytechnique ressemble à un couvent.
Question : reconnaît-on le polytechnicien moderne dans cette définition ?
(Ces constatations expliquent-elles pourquoi nos grandes écoles sont si laides alors que les universités étrangères sont si belles ? L'étudiant français est un moine missionnaire du vrai savoir, il doit avoir l'humilité du génie ?)