Titre original : The Final Girls
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Todd Strauss-Schulson
Distribution : Taissa Farmiga, Nina Dobrev, Malin Ackerman, Alexander Ludwig, Alia Shawkat, Adam DeVine, Thomas Middleditch, Chloe Bridges…
Genre : Horreur/Épouvante/Comédie
Date de sortie : 18 novembre 2015 (VOD)
Le Pitch :
Max, une jeune femme, se rend à la projection anniversaire d’un classique du cinéma d’horreur. Un film pas comme les autres, vu qu’il s’agit de celui qui a jadis rendu sa mère célèbre, depuis disparue. C’est alors qu’un incendie dans le cinéma provoque un phénomène qui projette inexplicablement Max et ses amis en plein cœur du film, où ils vont devoir affronter un terrible serial killer, mais où Max va également côtoyer le personnage interprété par sa mère…
La Critique :
Le postulat de The Final Girls (Scream Girl en français, bien joué les gars) est très efficace mais pas vraiment original, en cela que plusieurs films avant lui ont déjà organisé l’intrusion d’un spectateur au centre d’un long-métrage. On peut par exemple citer La Rose Pourpre du Caire, de Woody Allen, dans lequel une femme tombait amoureuse du héros d’un film noir, ou encore le fameux Last Action Hero, de John McTiernan dans lequel un gamin combattait le crime aux côtés d’Arnold Schwarzenegger. Néanmoins, le concept n’avait jamais été appliqué au slasher, ce qui fait donc de Scream Girl une honorable tentative.
Dès le départ, le long-métrage de Todd Strauss-Schulson annonce la couleur. Avec le chuchotement caractéristique de Jason, le tueur au masque de hockey de la saga Vendredi 13, il fait clairement de l’œil aux classiques. Tout aussi rapidement malheureusement, il commet une grosse faute de goût, inhérente au look du psycho killer, dont le masque lui confère des airs vraiment ridicules et in fine par super effrayants. Mais bon, après tout, il semblerait qu’ici, ce soit l’aspect comique qui prime. Un constat lisible tout du long tant le spectacle ne brille pas par ses scènes gores, mais davantage par ses gags. La première séquence, une fois que les personnages ont été aspirés dans le film (Camp Bloodbath), est par exemple très réussie. Complètement paumés, après avoir échappé à un incendie dans la salle de cinéma dans laquelle ils assistaient à la projection et qui, sans qu’ils ne le sachent, a provoqué le phénomène surnaturel qui a fait d’eux des héros du film qu’ils regardaient, les protagonistes tournent en rond, avant de s’apercevoir que leur salut implique de prendre part à l’intrigue. Autre bonne idée : avoir clairement défini l’identité visuelle de la réalité et celle du film. Quand ils sont dans les bois, à la merci du tueur, Taissa Farmiga et ses amis évoluent dans un univers aux couleurs chatoyantes. Visuellement d’ailleurs, Scream Girl est une réussite plutôt audacieuse, même si le risque est justement de s’éloigner du côté « épouvante » pour, encore une fois privilégier le comique de situation.
À l’instar du gamin de Last Action Hero, les personnages du long-métrage connaissent parfaitement les codes qui régissent la fiction dans laquelle ils vivent désormais. Ils savent également ce qu’il va se passer à l’avance et en toute logique, tentent de changer la donne.
C’est précisément là que Scream Girl gagne ses galons. Surtout qu’en l’occurrence, le scénario exploite plutôt correctement l’aspect dramatique de son intrigue. L’arc narratif de Max, le personnage interprété avec une belle justesse par Taissa Farmiga, qui a perdu sa mère, est en cela très émouvant. Car la mère en question était actrice et s’est principalement fait connaître grâce au film dans lequel Max se retrouve. C’est un peu compliqué vu comme cela, mais à l’écran, ça fonctionne. Essentiellement grâce au talent de Taissa Farmiga et de Malin Ackerman, qui tirent sans aucun doute le spectacle vers le haut, en le hissant bien au-delà de la simple parodie.
Pas effrayant mais drôle, Scream Girl jouit par exemple de la verve et du charisme de Thomas Middleditch (le héros de la série Silicon Valley). Dommage alors, vu qu’il s’agit de l’un des personnages les plus intéressants du lot, qu’il soit écarté assez vite. Les autres comédiens s’en sortent bien, mais peinent à trouver leur place dans une histoire inégale, qui ne privilégie que deux de ses protagonistes.
Animé d’une belle énergie, très respectueux envers le genre auquel il rend un hommage sincère mais bancal, ce film plaisant mais pas révolutionnaire revisite à sa façon, sans trop forcer et en ratant à plusieurs reprises des occasions de vraiment y aller franchement, l’un des schémas les plus fameux du cinéma d’horreur. Du début à la fin, au rythme de plusieurs sorties de route et de quelques morceaux de bravoure (modestes), il fait le job, mais laisse un petit goût d’inachevé. Au final, en jouant sur des clichés éculés, et en retenant trop la bride, il se laisse prendre à son propre jeu et surprise, ne sauve vraiment la mise, que grâce à l’émotion qu’il distille.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Groundswell Productions