[Dissec-cinéma] Star Wars 7 – Motifs d’un retour en grâce (Sans spoils)

Par Neodandy @Mr_Esthete

Star Wars VII Le Réveil de la Force lanternait le monde du cinéma. Tout spectateur confondu, quantité à laquelle s’additionne les yeux rivés de la critique et les langues acerbes gonflées d’aspic pour mener croisade contre la « sousculture« . (En 2015, les mentalités bien-pensantes frustrées ont bien progressé.) Les plumes virtuelles et avis démontreront tour à tour leur ire, leur scepticisme, l’exultation … Des récits passionnés, chacun saura placer les mots adéquats sur des émotions personnelles. Et le fond de ce Star Wars VII dans tout cela ? En 2015 donc, il paraît moins vain de rappeler qu’avec Star Wars, le cinéma accueille un épisode façonné à nouveau par la trame d’un conte. Qu’il mâtine le mythe tout en donnant vie à un univers construit de bric et de broc.

En attendant de mettre à plat des émotions personnelles pour créer une critique équilibrée (Malgré tout, Star Wars : Le Réveil de la Force comporte des défauts.) et, en dépit de tout effort, pour la bonne raison que chaque élément de scénario devient compromettant pour découvrir Star Wars VII, l’idée d’un éditorial est née. Nuancé des points positifs et des points négatifs sur la matière proposée par Star Wars VII Le Réveil de la Force tout en conservant une subjectivité émue, ouvrir une brèche de réflexion(s) sur ce qu’apporte Star Wars VII serait un premier moyen de rendre hommage au film. En A l’aide de 5 raisons sélectionnées sans une once de scénario, chaque motif a été amené par la réflexion suivante : « Un film attendu, oui, mais avec quelles qualités recherchées ? Et comment ont-elles été assemblées ? »

1° : L’esprit et la lettre des épisodes IV – V – VI.

La nouvelle légende reprend des images clefs.

+ : Star Wars VII réussit admirablement à éclipser les déceptions des épisodes I – II – III et profite agréablement d’un changement de réalisateur. En conséquence, Star Wars VII se classe comme une suite dans la lignée des premiers films et, en un sens, dans le palmarès des épisodes les plus appréciables de la saga. J.J. Abrams se réapproprie un conte initiatique où les voyages aux confins galactiques, où les créatures inédites et curieuses pullulent, où la mythologie, l’allégorie et le fantastique bercent l’aventure. Tandis que la Prélogie narrait la chute de systèmes politiques « démocratiques« , Star Wars VII réitère le début de nouvelles péripéties galactiques épisodiques …

– : Les détracteurs de ce Star Wars VII insisteront sur le peu de nouveautés. En allant plus loin, J.J. Abrams paraît coupable d’avoir consommé la Trilogie Originale jusqu’à la lie moyennant alors des impressions de déjà-vu. En parfaite subjectivité, le VIIe long-métrage avait la nécessité de rendre hommage aux premiers épisodes créés il y a bientôt 40 ans afin de se justifier et d’attirer les publics utiles au « réveil » de la saga.

2° : Poursuivre la légende, passer le flambeau à de nouvelles personnalités.

L’équipage du Faucon Millenium endosse de nouveau le costume et donne de leur personne. Une promotion rondement menée qui saura faire son effet et aura des répercussions …

+ : Star Wars VII maintient l’attention dans le renouveau : bien plus que des lieux connus, le film accentue cette sensation dans une passation de flambeau à de nouveaux visages devenus charismatiques grâce à J.J. Abrams, le tout dans une tonalité promotionnelle et incontournable. Alors que la Prélogie faisait la part belle à des acteurs connus (Nathalie Portman, Erwan McGregor …) le curseur se place du côté de talents passionnants (Daisy Ridley, John Boyega …). Les petits nouveaux, y compris le droïde BB-8 détonnent dans un récit rendu légendaire grâce à Luke Skywalker, Léia ou le duo C3PO-R2D2. Le défi majeur de ce Star Wars VII consistait justement à donner vie à des personnalités intéressantes : le pari a été globalement bien assuré.

: Il y a avait un plaisir coupable à se passionner pour Dark Vador, cette vérité quasi générale l’est beaucoup moins pour le vilain central de Star Wars VII. Le charisme des destins maléficieux penche désormais essentiellement du côté lumineux avec des passés héroïques plus intrigants, plus émouvants que ceux de Léia ou Han Solo par le passé.

3° : La musicalité symphonique et cuivrée de Star Wars.

 + : L’identité de Star Wars ne se résume pas uniquement à ses acteurs mais aussi à son habillage sonore. John Williams compose un VIIe mouvement pour la saga Star Wars en plaçant les cuivres au premier plan et en recyclant ici et là quelques thèmes bien connus de personnages clefs. Les usages se multiplient (Idées de similitude, fluidité des émotions, correspondance volontaire aux anciens films …) pour faire sens à une motivation centrale : unifier et coordonner Star Wars : Le Réveil de la Force au reste de l’univers instauré par le Space-Opera d’autrefois.

 :  Les thèmes harmonieux tracent sans souci la continuité nette recherchée. Et l’identité des nouveaux personnages en pâtit sévèrement. Certes, advient seulement le premier épisode d’une nouvelle trilogie. Pourtant, la subtilité volontaire de personnages qui doivent se réaliser efface une part de leur caractère. Nombre de spectateurs auront peine à se rappeler des airs nouveaux et des thèmes capables d’évoquer les visages inédits. La raison est simple : la plupart n’ont pas tous eu le droit à ce traitement de faveur à commencer par Kylo Ren, vilain au coeur de ce Star Wars VII; l’héroïne incarnée par Daisy Ridley se contente d’un air réarrangé lourd de sens tandis que l’acteur John Boyega ne dispose pas non plus de musique à sa hauteur.

4° : Star Wars VII, conçu pour la 3D.

Les premières apparitions de Daisy Ridley marquent par les jeux de profondeur et des scènes désertiques superbes.

+ : Avatar était le premier à exploiter les enjeux visuels de la 3D, nombre de réalisateurs ont repris l’idée avec lividité sans réellement en apporter la dimension indispensable. Star Wars VII l’érige en point fort, il parvient à convaincre du bien-fondé de la technologie comme un outil de narration pour la bonne et simple raison que l’essentiel des scènes ont été conçues sous ce format. L’option devient obligation dans les horizons désertiques (Les plans se divisent parfaitement.) les vaisseaux modélisés acquièrent un réalisme recherché (La 3D apporte un aspect maquette convaincant.) tandis que les fulgurations des sabres-laser ou les éclats d’explosions font partie des détails réussis. Sous l’angle de la 3D, le rendu visuel équilibré utile à un rendu net.

: En dehors de quelques scènes qui remettent en cause l’illusion si bien installée (Vaisseaux en mouvement.), la 3D devient une plus-value visuelle. L’option n’est critiquable qu’à son caractère obligatoire (Du moins pour les premières séances.) ou le coût supplémentaire induit. (Un point tout à fait indépendant de la qualité du film en lui-même.)

5° : Un conte réalisé en milieux naturels au montage efficace.

+ : Star Wars VII a été finalisé, monté et ajusté visuellement dans les studios anglais de Pinewood; la réalisation a misé sur des décors naturels choisis pour leur singularité. L’Irlande, l’Islande, Abu Dhabi : loin des idéaux indépendants de George Lucas, J.J. Abrams transporte littéralement ses spectateurs … Star Wars VII se donne les moyens d’une illusion réaliste, la même  qui, dans la plupart des épisodes, mêle un univers bricolé et des éléments de science-fiction, des repères noyés dans une imagination visuellement ensorceleuse.

: Esthétiquement précis et dynamique, l’action aboutit à une fluidité prenante pendant 2h10. Les vieux souvenirs modernisés et leurs répercussions choqueront certains d’entre nous. En 2015, le costume de Chewbacca semble curieusement soyeux, ultra-brillant, comme shampouiné. Et probablement perfectionné en quelques ajustements à Pinewood.

Star Wars VII Le Réveil de la Force ne correspond pas à la définition de « perfection » : il s’inscrit dans ce que le cinéma suggère le mieux ou imagine à travers une mise en scène cohérente. Impossible de ne pas ressentir la force de la Trilogie Originale : pour mieux repartir, Star Wars VII puise facilement, réactualise astucieusement dans les épisodes les plus populaires : les premiers d’une longue lignée.

Sur le plan personnel et émotionnel, Star Wars VII divertit et conte soigneusement sans avoir honte une seule seconde d’être une super-production précise. Artistement accomplie. Agréable. Émouvante. C’étaient  les qualités d’une histoire perfectible débutée en 1977 mais mûrement réfléchie pour rester une référence populaire, 38 années plus tard.