Progressivement, les banques ont commencé à faciliter l'accès aux comptes sur mobile, en proposant la consultation des soldes sans authentification. Bientôt, Moven compte généraliser cette simplification à toutes les opérations qui ne présentent pas de risque majeur, afin d'inciter ses clients à utiliser son application plus souvent.
L'approche adoptée est à la fois pragmatique et pleine de bon sens : les options mises à disposition par la banque sont réparties en trois grandes catégories de sensibilité. Au plus bas niveau, Moven range l'affichage des dernières opérations enregistrées, le suivi de la santé financière… mais également les virements internes. Un cran plus haut, on retrouve l'ouverture de nouveaux comptes ou le recours à un conseiller. Enfin, les transferts externes, la gestion des données personnelles… sont considérés critiques.
Pour ses demandes les plus anodines, le mobinaute n'aura à confirmer son identification que lors de la toute première utilisation. Par la suite, il pourra consulter l'état de son compte sans aucune authentification de sa part, dans la mesure où son appareil est reconnu par la banque. Les transactions du niveau intermédiaire requerront une authentification simple (par empreinte digitale, peut-être ?), tandis que les plus risquées mettront en œuvre une procédure plus élaborée (via un mot de passe, voire une double validation par un code à usage unique).
De la sorte, Moven rend 80% des fonctions de son application mobile disponibles instantanément, sans frictions. Parmi celles-ci, figurent, évidemment, les plus utilisées et, surtout, celles qui sont particulièrement mise en avant dans la mission que se donne la startup d'aider les consommateurs à mieux gérer leurs comportements financiers. Dans cette optique, il est logique de chercher à réduire les freins à l'adoption. Permettre un accès en 5 à 10 secondes – au lieu de 30 secondes ou plus – peut faire la différence.
En effet, quelle est la logique des solutions qui veulent convaincre les consommateurs de surveiller leurs dépenses en temps réel ou d'épargner sur une impulsion quand il faut jusqu'à une minute pour ouvrir un tableau de bord ? Si l'accélération des procédures ne suffit pas à vaincre le désintérêt généralisé pour ces tentatives, elle peut au moins contribuer à l'enrayer. Et l'extension sur une montre (ou autre gadget portable) – pour des opérations encore plus rapides – donnera une impulsion supplémentaire…
Naturellement, il se trouvera toujours quelques grincheux pour s'inquiéter de la sécurité d'une application qui ouvre les comptes de l'utilisateur au premier venu, malgré la faible sensibilité des informations potentiellement exposées. Il n'existe pas de réponse définitive à ces craintes, mais il faut aussi avoir confiance dans les mécanismes de contrôle internes de la banque (dans un autre registre, Brett King, PDG de Moven, aime à souligner que la vérification automatique d'authenticité des pièces d'identité est désormais plus fiable que le contrôle humain).
En tout état de cause, la décision reviendra finalement au client. S'il a suffisamment confiance dans sa banque et s'il se sent à l'aise avec les conditions qui lui sont proposées, il profitera des avantages promis (dans le cas contraire, il changera d'établissement). Or, je soupçonne que les responsables de Moven ne s'aventurent pas à la légère et que la population à laquelle ils s'adressent – principalement parmi les « digital natives » – va adorer l'accès instantané à la banque, comme elle en a déjà pris l'habitude avec tous les services de son quotidien « digital »…