L'éditeur parisien, Fernand Sorlot - créateur des Nouvelles éditions Latines, avait publié sans autorisation, dès 1934, le texte complet, en Français, se mettant ainsi hors-la-loi puisque sans l'autorisation de l'éditeur allemand et de l'auteur qui n'avaient autorisé qu'une traduction expurgée en Français - ce qui lui valu un procès, qu'il perdit. Sauf que voilà ; la traduction complète de Fernand Sorlot montre clairement que les 30 à 40 % de l'ouvrage parlent de l'aversion d'Hitler pour la France et ses traditions de démocratie républicaine laïque.
Étrange, lorsque l'on sait cela, de savoir que les mouvements d'extrême-droite français qui se revendiquent du pétainisme ou qui ont, parmi leurs créateurs, d'anciens collaborateurs des nazis, voire même un ancien SS tel que Pierre Bousquet pour le Front national - , appliquent ainsi une idéologie anti française.
Depuis 1946, le ministère des Finances de Bavière, qui en détenait les droits d'auteur, avait empêché la publication du pamphlet. Dans une Europe où s'exacerbent les crispations identitaires et la xénophobie, le dilemme est réel : Mein Kampf demeure-t-il dangereux ?
Faut-il interdire sa publication au motif d'incitation à la haine raciale, comme le voudraient certains représentants de la communauté juive, ou en diffuser une édition commentée, qui en déconstruirait l'idéologie mortifère ? À l'heure d'Internet, le texte est facilement accessible, et une interdiction pourrait avoir l'effet inverse de celui escompté.
Depuis 2012, une équipe d'historiens allemands planche sur cette réédition hautement sensible. Ce documentaire explore l'histoire de la diffusion de l'ouvrage, en Allemagne comme en France, et se penche sur son contenu encore mal connu, pour dissiper certains des mythes et des tabous qui l'entourent.