L’affaire est donc sérieuse! Quand les perquisitions administratives –ce n’est qu’un exemple– s’affranchissent des procédures pénales, où est l’État de droit? Imaginez un tel ultrapouvoir entre certaines mains, et vous comprendrez aisément que l’engrenage est là, à nos portes. La volonté de réviser la Constitution pour y inscrire le principe d’état d’urgence permanent reviendrait à constitutionnaliser l’urgence et des lois d’exception comme règle ordinaire, comme la norme, sans jamais se doter des moyens d’y échapper. Une démocratie comme la nôtre doit-elle combattre ceux qui nient ses fondements en prenant le risque insensé d’y renoncer? S’opposer à cette logique mortifère n’est pas qu’un combat pour l’honneur. C’est l’honneur de tous les combats qui nous ont constitués. Vous connaissez la formule: après, il sera trop tard.
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 23 décembre 2015.]