Après Le fils de Saul la semaine passée, et avant de parler- d'ici la fin de l'année je l'espère- de "Nous trois ou rien sorti" le même jour, je continue avec une nouvelle chronique d'un film sorti le même jour, soit le 4 novembre. Une fois de plus, je ne suis pas en avance dans mes chroniques cinéma, même si celui ci, je ne l'ai pas vu juste après sa sortie, mais récemment dans mon cinéma de quartier qui passe les films deux trois mois après sa sortie.
Ce film, c'est "La dernière leçon" avec Marthe Villalonga et Sandrine Bonnaire, une adaptation du livre de Noelle Chatelet par la réalisatrice Pascale Pouzadoux.
Au départ il y a ce récit autobiographique émouvant sorti il y a dix ans qui livrait un témoignage extrêmement émouvant sur la mort choisie de sa propre mère et montrait à quel point on pouvait parler de la fin de vie d'un parent avec joie et optimisme .
Noelle Chatelet aborde très frontalement le sujet douloureux de la fin de vie d'un proche, et beaucoup avaient été profondément bouleversées par ce témoignage qui a ensuite ouvert la porte à nombre de films et de livres sur le délicat sujet de la fin de vie sans pour autant que la France, en retard sur ce sujet par rapport à ses voisins européens, ne prennent vraiment lea mesure de ce sujet public fondamental.
Pascale Pouzadoux, la réalisatrice des très mauvais "La croisière" et de "L’autre côté du lit" voulant adapter un roman autobiographique de Noëlle Châtelet, avec son époux le sympathique mais pas très bon Antoine Dulery, le projet pouvait faire peur un brin.
Parmi les films récents sur la question, quelques heures de printemps de Stephane Brizé est sans doute le plus émouvant et le plus digne sur le sujet. Et sans jamais attenidre- comme on pouvait largement s'y attendre- la même exigeance cinématographique, La Dernière Leçon de Pascale Pouzadoux reste plutot une bonne surprise, qui évite le coté trop larmoyant ou manichéen qu'on pouvait craindre.
Bien que le film a largement transformé les personnages ( nous ne sommes pas chez les Jospin, cela a vite été clair dans l'esprit de la réalisatrice et de Noëlle Chatelet), "La dernière lecon" conserve une bonne partie de l'intelligence du point de vue de Chatelet qui ne nous essaie de nous convaincre et qui ne prend jamais parti pour une position ou pour une autre, nous amenant à prendre du recul sur le sujet et la situation présentée, et à écouter toutes les opinions les plus diverses sur le sujet.
Et le film offre quelques jolis moments, parfois solaires, surtout dus à l'interprétation de la trop rare Sandrine Bonnaire, qui porte une bonne partie du film sur ses épaules et dont l'interprétation lumineuse et toute en finesse fait une nouvelle fois merveille.
Sa complicité avec Marthe Villagonga, dans un rôle proche de celui qu'elle tenait dans le chef d'oeuvre d'André Téchiné, ma saison préférée, est pour beaucoup au petit charme que véhicule le film.Leur duo mère fille fait montre d’une alchimie particulièrement salvatrice.
Dcelle d’une mère qui va apprendre à sa fille à faire son deuil dans la douceur, dans les derniers instants de vie partagée.
Et la dernière demi heure, et notamment la dernière journée qu'elles passent ensemble parviennent à démontrer la beauté et l’importance de ces moments rares et précieux.
Cette dernière lecon qui est aussi celle d’une mère qui va apprendre à sa fille à faire son deuil dans la douceur, dans les derniers instants de vie partagée.
Par contre, on peste un peu devant la prévisibilité de certaines scènes et surtout le coté caricatural et le manque de consistance des personnages secondaires- un mal récurrent dans le cinéma français.
A cet égard, le petit fils "branleur" au gros coeur, la femme de ménage africaine pleine de bon mots et de bon sens et surtout le pauvre Gilles Coehn- un acteur pourtant intéressant normalement en mari ne pensant qu'à l'ouverture de son resto bio sont particulièrement mal servis par cette adaptation et surtout donnent l'impression que ces personnages n'existent vraiment que pour s’opposer aux protagonistes principaux ou les aider à accepter leurs décisions.
Un bémol dommageable mais qui ne gache pas la bonne impression d'ensemble de cette dernière leçon...
Une approche souvent passionnante et originale d'une adaptation vue par l'auteur du texte original, Noëlle Châtelet ne dissimulant pas son désarroi devant l’adaptation qu'a fait Pascale Pouzadoux de son livre "une lecture , avec des instants d’intense jubilation, mais aussi des mouvements de recul face à l’étrangeté du récit où sont contées des anecdotes si éloignées de ma propre histoire que je peine à m’y retrouver".
Un livre qui éclaire d'un jour nouveau la vision du film...