Treize ans après la mort du maitre de la bande dessinée, Charles M. Schulz, qui supervisa quasiment toutes les adaptations télévisuelles de son œuvre, Snoopy et les Peanuts de Steve Martino est la dernière adaptions de Peanuts, une série qui sortit originellement strip par strip dans la presse nationale américaine et connut rapidement un succès et une renommée internationale. Ses enfants, Craig et Bryan Schulz ont longtemps réfléchi avant de donner une suite à l’œuvre de leur père, se constituant scénaristes pour en préserver l’essence et confiant la réalisation au studio Blue Sky, responsable de l’excellent L’âge de glace. Nous avons pu, ce lundi 21 décembre assister à l’avant-première du film qui sortira ce mercredi 23 décembre 2015.
Charlie Brown (Noah Schnapp) est un enfant aimé de ses camarades mais foncièrement à côté de la plaque. Son chien Snoopy (Bill Melendez), un beagle, reste son meilleur ami. L’arrivée d’une nouvelle à l’école, une petite fille rousse (Francesca Capaldi) dont il tombe littéralement amoureux va l’amener à se dépasser.
Aux premiers abords, Snoopy et les Peanuts vise un public enfantin. La plupart des effets comiques de la bande dessinée sont respectés, notamment les gags à répétition et la tendre dérision des personnages et de leurs obsessions. On retrouve donc Lucy Van Pelt (Hadley Belle Miller), une petite imbue d’elle-même, son frère Linus (Alexander Garfin), timide mais réfléchi ou encore Shroeder (Noah Johnston), un aficionado de Ludwig Von Beethoven qui ne se balade jamais sans son piano de poche. Avec cette joyeuse bande, le monde appartient aux enfants. C’est ainsi que, fidèle à l’œuvre de Schulz, le long-métrage ne laisse jamais un adulte interférer dans leur monde autrement qu’hors-champ et avec une voix inaudible symbolisée par un clairon. Ce clairon, c’est le rappel à l’ordre raté, incapable de signer la fin de la récréation. Et c’est tant mieux. Tandis que Charlie Brown se démène avec ses sentiments et tarde à prendre son courage à deux mains, son chien fidèle imagine sur sa célèbre machine à écrire, une histoire fantastique où il se rêve en héros de l’aviation française combattant Manfred Albrecht, le fameux Baron Rouge. Dans ses interludes, l’oiseau Woodstock (Bill Melendez), autre icône de la bande dessinée, l’accompagne en tant qu’assistant-mécanicien. Ces aventures sont l’occasion de batailles aériennes rocambolesques ou le rire dispute la primeur à l’imagination.
De ce monde sans adultes né une nouvelle perspective. Si les enfants y sont parfois taquins ou moqueurs, ils ont toujours bon cœur en finalité. Le côté de loser de Charlie Brown fait rire ses camarades de bon cœur, mais tous, même Lucy, pourtant une vraie peste, se félicitent lorsque la chance lui sourit et qu’il réussit enfin à faire voler son cerf-volant ou à aborder la jeune fille de ses rêves. Lorsque malgré lui, et grâce à un drôle concours de circonstance, tout le monde se met à le considérer comme un génie, c’est sans jalousie. A plusieurs reprises, Charlie Brown, s’en même s’en rendre compte, lui qui se sous-estime constamment, donne des leçons de vies qui pourraient servir à plus d’un.Lorsqu’il renonce à se produire au concours de talent pour laisser une chance à sa sœur, lorsqu’il s’aperçoit qu’il a réussi par erreur son test de capacité, lors qu’enfin, il réalise seul un devoir difficile pour aider sa camarade absente, Charlie Brown fait preuve de trois qualités fondamentales, la compassion, la droiture et la solidarité. Dans ce monde idyllique et enfantin qui n’est plus le nôtre, on nous laisse croire que ces vertus sont forcément récompensés. Et de temps en temps, cela fait du bien d’y croire. Et peut-être que si nos enfants y croient alors ils les appliqueront.
Haut en couleur, ne laissant aucun répit aux zygomatiques des petits, Snoopy et les Peanuts est à conseiller en famille. Son ton et ses sujets malgré tout assez enfantin, n’étant pas étoffé d’un second degré comme dans d’autre production animée, hormis les séances de psychiatrie bon marché de Lucy, n’en feront pas un souvenir inoubliable pour les parents, qui risquent de s’ennuyer par moment, mais s’avéreront un moment fort agréable pour les minots. D’autant plus que c’est l’occasion de faire connaître ce monument aux futures générations.
Boeringer Rémy
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