Médailles pour un héros

Par Mpbernet

Une surprise pour moi : mon petit-fils Dorian, qui arrive de Singapour, m'interroge sur les médailles glanées par mon père, Jean Mens, durant la seconde guerre mondiale ...

Une occasion de ressortir de leur carton les croix qui lui furent décernées et de lui expliquer, ainsi qu'à Benjamin et Romane, ce que chacune signifie.

D'autant plus que j'ai promis de les remettre bientôt à mon neveu Stéphane, réalisant ainsi une promesse faite de son vivant par mon papa ...

Les couleurs des rubans de ces décorations sont aujourd'hui bien délavées. En revanche, c'est toujours pour moi une grande émotion que de les reprendre en main. La plus valeureuse est sans doute la médaille des évadés. En effet, alors que durant la guerre de 39-45, plus d'un million et demi d'hommes furent faits prisonniers, seulement 35000 médailles furent décernées à ce titre !

Pour y avoir droit, il fallait en effet être en mesure de prouver une évasion effective (récit circonstancié, témoignages ...), soit d'un camp gardé militairement par l'ennemi, soit d'un territoire ennemi, occupé ou contrôlé par l'ennemi avec franchissement clandestin et périlleux d'un front de guerre terrestre ou maritime - et pas seulement de la ligne de démarcation entre zone libre et zone occupée). En outre, il fallait s'être immédiatement réengagé pour particier à la lutte contre les puissances de l'axe.

Ceux qui auront pris la peine de lire l'histoire des évasions de mon père dans la colonne de droite (Affaire terminée, j'arrive !) savent que papa n'avais pas trouvé ses décorations dans une pochette-suprise. Même si à part ce récit, il ne nous en parlait jamais.

Mais je mesure aujourd'hui combien mon père était un homme résolu et qui ne se laissait pas "bourrer le mou". Il s'était décidé à continuer à combattre dès 1940 avec le général De Gaulle et rien, et surtout pas les Allemands, ne l'auraient détourné de cette résolution. Une tête de mule, en fait ! Mais tellement séduisant ...

En revanche, en farfouillant dans ses souvenirs, j'ai eu la surprise de retrouver trois épinglettes : celle des membres de la France Libre, celle des décorés de la Légion d'honneur au péril de leur vie (l'épinglette comporte une petite tête de mort) et celle, très discrète, avec une croix de Lorraine.

Les réunions de famille construisent la légende des ancêtres. Dorian, Romane et Benjamin, qui n'ont pas connu leur arrière-grand-père, étaient particulièrement intéressés par les histoires succinctes que je leur ai racontées à cette occasion.

Ainsi se forgent les souvenirs d'enfance ...